Tuesday, June 27, 2006

LA PENSEE d'ARISTOTE

LA PENSEE D'ARISTOTE

1° La LOGIQUE

Aristote est un des premiers philosophes à étudier la forme du raisonnement indépendamment de son contenu ; Cette logique deviendra le pilier de la logique traditionnelle ;Ce système analytique s'impose face à la dialectique sophistique qui utilisaient souvent des raisonnements incorrects ; la mise au point de lois précise de la pensée rend alors possible une réfutation de fond ;Aristote s'oppose en ce sens à certains raisonnements platoniciens qui n'usent pas de la même rigueur ;La logique est érigée en science préalable à tout débat philosophique ( PROPEDEUTIQUE ) Cette pensée préliminaire est exposée dans une série de traités ( catégories, de l'interprétation, Analytiques etc ) regroupés sous le nom de ORGANON ( instrument en grec) ;

2° Les fondements de la logique d'ARISTOTE

Les postulats :

La logique est basée sur 3 postulats :

- Le principe d'identité « tout ce qui est est » Z est Z ; ce qui est mauvais est mauvais

- Le principe de contradiction : « Z n'est pas NON-Z » on ne peut à la fois être et ne pas être ; ce qui est vrai n'est pas faux

- Le principe du tiers exclu il n'y a pas d'intermédiaire entre z et non-Z ; toute proposition est soit bonne , soit mauvaise.

La pensée s'exprime sous la forme de proposition déclarative S-P ; Les propositions associent ( certains chiens sont mal éduqués )
- un sujet S: chiens
- un prédicat P : ce qui est attribué au sujet : mal éduqués
- une quantité : quantificateur de la proposition certains
- une qualité : affirmative ou négative ( sont ou ne sont pas )

La quantité peut avoir une extension à une classe d'objet auquel le sujet appartient ; Le chien peut designer spécifiquement milou ou rintintin, les caniches, les chiens de tel éleveur ;

Il existe 4 types de proposition catégoriques

- A : L'universelle affirmative : tout chien est mortel TOUT X est Y- E
- E : L'universelle négative : aucun chien n'est mortel AUCUN X n'est Y- I
- I : la particulière affirmative : quelques chiens sont mortels Quelque X est Y- O
- O : La particulière négative : quelques chiens ne sont pas mortels Quelque X n'est pas Y


Le SYLLOGISME


Sun : avec
Logos : discours ou raison

C'est un raisonnement qui contient 3 propositions :
Une proposition majeure : proposition catégorique prémisse S-P
Une proposition mineure : proposition catégorique prémisse S-P
La conclusion déduite de la majeure à partir de la mineure S-P

SUJET PREDICAT

MAJEURE Tous les hommes Sont mortels
MINEURE Socrate Est un homme
CONCLUSION Socrate Est mortel

La construction repose sur 3 propositions de type A : AAA
- Tout X est Y
- Or tout Y est Z
- Donc tout x est Z

On distingue 4 syllogismes de base : syllogismes parfaits
- AAA
- EAE
- AII
- EIO

Exemples

AEE
- tout X est Y or aucun Z n'est Y donc aucun Z n'est X
EAE
- Aucun Y n'est Z or tout X est Y donc aucun X n'est Z
EIO
Aucun X n'est Y, quelques Z sont Y donc quelques Z ne sont pas Y En dehors des syllogismes de base il existe 15 syllogismes valides qui se ramènent aux syllogisme de base par conversion au total il existe 43 = 64 modes possibles

LE SYMBOLISME : LA LOGIQUE FORMELLE

Aristote attache une grande importance à la forme ; La logique formelle porte sur la « forme » du raisonnement, en non sur son « contenu » Les termes du raisonnement sont conceptualisés sous une forme mathématique ; Tout X est Y et Y est Z donc X est Z
Cette structure permet une formalisation de la logique.

LA LOGIQUE CATEGORIQUE


La pensée est relative à des catégories ; ces catégories répondent aux questions élémentaires :
- QUI ? la substance
- QUOI ? la qualité
- COMMENT ? la position
- COMBIEN ? la quantité
- AVEC QUOI ? l'action- OÙ ? le lieu
- QUAND ? le temps
- DE QUELLE MANIERE ?
- DE QUOI ? relation
- PAR QUOI ?

Les 10 catégories sont pour Aristote :
- la substance : le sujet
- la quantité
- la qualité le chien est sage
- la relation : Aristote est le fils de NICOMAQUE
- le lieu : Aristote est né à Stagire
- le temps
- la position ; Aristote est mal à l'aise à Athènes
- la possession : ce chien est à moi
- l'action : le chien joue avec son os
- la passion : le chat est agressé par le chienCette distinction revient à une analyse grammaticale ;


DEMONSTRATION DEDUCTIVE DEMONSTRATION INDUCTIVE


Une démonstration est un enchaînement de propositions ;Une démonstration est déductive c'est-à-dire qu'elle va de l'universel vers le particulierPar une succession de propositionInversement la pensée inductive ou induction est la pensée qui va de l'individuel vers l'universel ;Aristote s'oppose à Platon en ce sens où l'expérience acquise peut déboucher vers un savoir universel par induction ; la connaissance scientifique peut se tirer de l'inductionLe PRINCIPE :C'est une proposition qui est antérieure à toute chose ; cette proposition est dite « immédiate » ; Pour prouver qu'une proposition est vraie, il faut démontrer la preuve des prémisses puis la preuve de la preuve, puis une preuve de la preuve de la preuve et ainsi de suite à l'infini : C'est l'idée de régression à l'infini. La notion de principe met fin à cette régression à l'infini.

2° - La METAPHYSIQUE D'ARISTOTE

Le mot META PHYSIQUE :


Le mot méta veut dire après ; la métaphysique est ce qui vient après la physique ;Andronicos de Rhodes, qui classa 3 siècles après la mort d'Aristote, les 14 écrits traitant des principes universels, ne trouva pas de titre approprié ; et rangea ces écrits après le traité relatif à la physique ; De la notion d'après sur le plan spatial, on est arrivé à la notion d'au-delà ; Ces 14 textes constituent la philosophie première ;

Définition : la métaphysique est l'étude de l'être en tant qu'être

C'est la conception dont se fait une personne de la vie et du monde. Le but de la métaphysique est de découvrir le principe premier de toute chose.

- La métaphysique d'Aristote à 2 axes :
- L'ontologie : le « discours de l'être en tant qu'être » ; l'étude de ce qui fait qu'un être est ce qu'il est
- La théologie : étude du premier principe à l'origine de toute chose : Dieu

- Aristote s'oppose à PlatonIl réfute la dualité entre les Idées et le sensible ; car il faudrait une 3° notion qui ferait le lien entre les 2 notions précédentes ; ( régression à l'infini )

- Aristote définit un concept de SUBSTANCE ou OUSIA ; c'est l'individu pris dans son essence ;C'est l'être qui se suffit à lui- même ; et s'oppose à l'ACCIDENT ( c'est tout ce qui ne fait pas partie de l'essence d'une chose ) ; tels traits morphologiques d'individus sont des accidents puisque propre à certains individus ;
- Aristote introduit une nouvelle dualité : la matière et la forme ; la matière est ce en qoi les choses sont faites ; une matière n'existe que par la forme qu'elle prend ; on ne peut imaginer une matière sans forme ;
- Une seule exception : DIEU : Dieu est le seul être sans matière il existe à l'état PUR


LE FINALISME D'ARISTOTE (TELEOLOGIE )

- La téléologie ( telos : but ) c'est la science des fins humaines
- Contrairement à Anaxagore qui pensait que l'homme pense parce qu'il a une main, Aristote pense que l'homme a une main parce qu'il pense.
- Des moyens sont asservis à une fin qui à son tour se transforme en moyens pour une nouvelle fin ; la finalité du quadrupède est de devenir bipède ; et la finalité de l'homme est l'élévation divine, l'accession à une forme pure pour l'éternité.
- L'OUSIA progresse inexorablement jusqu'à l'accomplissement de sa fin : « entéléchie »

- 4 Causes au développement de toute chose en prenant comme exemple une sculpture en marbre :

- La cause matérielle : le marbre

- La cause efficiente : le moteur de la transformation le sculpteur

- La cause formelle : la forme de l'objet : la configuration de la statue

- La cause finale : c'est la vocation de l'objet ;

rien n'arrive sans but

au niveau de l'homme

- la cause matérielle : le os, la peau , les tissus

- la cause efficiente : un autre homme
- la cause formelle : forme d'homme
- la cause finale : perpétuer l'espèce, s'élever vers Dieu


LE MONDE D'ARISTOTE


- inspirée de la conception des sphères du mathématicien EUDOXE
- au centre de l'univers se trouve la terre, immobile : c'est le domaine « sublunaire » marqué par le changement, la mort
- la sphère des fixes : le domaine « supralunaire » : c'est tout le domaine astronomique occupé par les étoiles fixés sur la sphère céleste transparente ;
- La rotation du premier ciel c'est-à-dire de la sphère la plus extérieure qui entraine progressivement la rotation des autres. ; cette rotation de ce premier ciel est attribué à une substance ( acte pur )
Les corps tendent à rejoindre leur lieu naturel :
- les objets lourds : les graves tendent à tomber vers le bas
- les objets légers comme la fumée remonte vers la sphère des fixes


Dieu :

Aristote se dégage du mythe antique de Dionysos ou Apollon ; Il tend presque à se rapprocher du monothéisme juif ; En effet Dieu est unique, moteur du monde ; il est le principe de toute chose ; Dieu n'est pas un corps mais une pensée ; Toutefois il s'en distingue car :
- dieu est indifférent à l'égard du monde et n'exerce aucune influence sur lui
- dieu n'a aucune dimension morale
- pas de pouvoir créateur mais constitue la première cause
- pas de notion de révélation

Le 5° élément :

Aux 4 éléments d'empédocle (terre, air, eau, feu) , Aristote ajoute un 5° : l'ETHER ou « premier corps » qui est la substance de l'être ; cette notion prendra le nom avec les scolastiques de « quintessence »


3° - LA PHYSIQUE


Définition : La physique vient du mot grec « phusis » qui signifie nature et provient du verbe signifiant pousser ; C'est l'étude philosophique de la nature vivante ; l'analyse de cette énergie qui conduit les êtres vivants vers leur destination finale ; cette notion s'oppose à la physique actuelle qui porte sur toute la matière vivante ou non et n'a aucun support mathématique ; La physique concerne les aspects qualitatifs et explicatifs de la nature ;

2 principes vus précédemment :
- tous les êtres ont 4 causes ;
- tous les êtres ont une finalité

Une théorie du mouvement : La propriété fondamentale de la nature est le mouvement ; la nature est en perpétuel changement (la croissance d'une plante, le jaunissement d'une feuille ) ;Ce mouvement s'oppose à l'inertie de l'art (le produit de l'artisanat ) qui n'a pas d'activité propre.

Une philosophie de l'âme :

Tous les êtres vivants (animaux et végétaux) ont une âme
- une âme nutritive qui assure le maintien de la vie (alimentation, reproduction)
- une âme sensitive ou sensation- une âme locomotrice ( déplacement )
- une âme rationnelle pour l'être humain seulement
- L'âme n'est pas une entité séparée du corps ; l'âme et le corps constituent une seule entité ou substance L'âme constitue l'essence de l'homme ; la mort qui est la fin de la vie est peut-être aussi la fin de l'âme au moins en partie ; la partie supérieure de l'âme, apte à percevoir la nature intelligible, peut probablement survivre après la mort.

4° LA CONNAISSANCE ENCYCLOPEDIQUE

- cette connaissance née de l'observation scientifique
- Aristote consacre près du 1/3 de ses écrits à la biologie ( on lui attribue près de 400 traités)
- Son institut Le LYCEE est conçu comme une véritable unité INSERM
- Les thèmes les plus vastes sont traités : les végétaux, l'ornithologie, la biologie marine, la science des couleurs
- Le travail est surtout descriptif ; sa classification des animauxest restée une référence jusqu'à BUFFON

5° - ETHIQUE ET POLITIQUE

L'ETHIQUE :

- une morale EUDEMONIQUE ( c'est-à-dire qu'elle recherche le Bonheur )
- tous les hommes veulent être heureux sans être d'accord sur sa définition ou sur les moyens d'y parvenir
- Le bonheur est la fin suprême de la vie
- Ce bonheur ne repose ni sur la recherche des plaisirs ni sur l'obtention de richesse ou d'honneur ; mais sur l'exercice de la raison et de la vertu spécifique de l'espèce humaine
- une morale du juste milieu
- une action est vertueuse lorsqu'elle adopte une position intermédiaire entre 2 excès opposés ; ni trop ni pas assez ;
- la vertu est consensuelle : est vertueux un acte qui est unanimement reconnu comme vertueux ;
- 2 vertus ont une place importante :
- la justice qui repose sur l'égalité
- l'amitié est la fonction qui permet le passage de l'individu au collectif.


- VOLONTE et RESPONSABILITE


o Les notions d'éthiques sont rapportées dans le livre « l'éthique de NICOMAQUE »

o Aristote définit l'acte volontaire responsable ou non responsable :

 L'acte volontaire non responsable est lié à un acte volontaire déterminé par une cause extérieure auquel il est impossible de se soustraire

 L'ignorance peut aussi être une cause d'irresponsabilité ; la mauvaise action est commise sans intention de la commettre ; le mal est fait par une mauvaise appréciation de la situation tant sur les circonstances que sur la définition de la conduite adéquate à tenir.

 Inversement la responsabilité est incontestable quand l'action est guidée par la recherche du plaisir ou l'égoïsme ;

LA POLITIQUE



- Le réalisme politique : Contrairement à Platon qui bâtit une utopie politique, Aristote préfère un idéal simplement possible ; Aristote est pragmatique

- La notion de bon citoyen et d'honnête homme n'est pas identiqueLe citoyen est celui qui a « le droit de suffrage dans les assemblées et le droit de participer à l'exercice de la puissance publique de son pays » ; Et le bon citoyen est celui qui contribue à la conservation de l'état sans référence au bien ; l'important est l'objectif quelque soit les moyens développés ;
- La définition du citoyen n'est pas celle que l'on entend aujourd'hui Il s'agit, pour Aristote, des hommes de guerre et des hommes de loi ; il exclut de la citoyenneté l'essentiel du peuple actif : les artisans, les paysans, les commerçants pour qui il n'a aucun respect « jamais un état bien policé ne fera d'un artisan un citoyen. S'il le devient, au moins ne faut-il pas attendre de lui le civisme ; cette vertu suppose un homme non seulement libre mais dont l'existence soit débarrassée du besoin de se vouer aux œuvres serviles. »
- « L'homme est un animal politique » ; un animal civique ; La tendance naturelle de l'homme est de vivre en communauté ; l'homme est fait pour vivre en société parce qu'il aspire à bien vivre; et cette société suppose des lois et une discussion de ces lois ;
- Aristote justifie l'esclavage dans sa forme la plus despotique : « L'usage des esclaves et des bêtes est à peu près le même et l'on en tire les mêmes services pour les besoins de la vie »

compte tenu de l'inégalité naturelle, l'esclavage n'est pas politiquement incorrect ; l'esclave n'est qu' « un instrument animé » Il est utile à l'esclave de rester esclave du fait de son incapacité à la liberté
- L'éducation des citoyens Aristote suggère
Rien apprendre aux enfants de moins de 5 ans
Gymnastique qu'à partir de la puberté
Musique uniquement comme moyen de détente à près un travail pénible

Un tel programme conduirait aujourd'hui à son exclusion du ministère de l'Education Nationale.

- La séparation de la vie intellectuelle ( vie contemplative ) et de la vie politique (vie active) ;

Les intellectuels n'ont pas de place dans la direction des affaires ; Les politiques sont donc démunis du conseil des sages ou de la science
- l'état doit avoir comme objectif est l'épanouissement de la vertu des citoyens
La priorité est l'intérêt commun et la qualité d'un gouvernement se juge sur la vertu de ses dirigeants. Aristote distingue 3 formes de régime politique aboutissant dans tous les cas à une corruption :

- la monarchie souveraineté exercée par un seul et aboutissant à la tyrannie
- l'aristocratie pouvoir exercée par plusieurs et aboutissant à l'oligarchie
- la république pouvoir exercée par une multitude et aboutissant à la démocratie ;
la démocratie, étant le pouvoir du peuple, est un régime péjoratif car il n'existe pas en pratique de peuple vertueux.

- le choix d'Aristote est la POLITEIA ( démocratie modérée ) la meilleure forme politique est celle qui convient au pays et aux besoins de ses citoyens. Aristote prône un régime synthèse de 2 régimes dégénérés : l'Oligarchie essentiellement et la démocratie ; seuls les riches sont aptes à commander mais il faut faire un peu de démagogie pour éviter la révolte du peuple.


CONCLUSION

ARISTOTE est le fondateur de la logique formelle, ( la logique du syllogisme ) ; Il a définit le raisonnement correct ; Cette idée que l'homme s'élève au divin en contemplant la nature le ciel a été reprise par la pensée juive ( Maimonide ), musulmane (AVEROES ) et chrétien ( Thomas d'Aquin ). Ce sont les arabes qui ont fait connaître les philosophes grecs à l'Europe. Certaines idées d'Aristote paraissent réactionnaires voire complètement erronées :
- les idées politiques sur l'esclavage
- la cosmologie qui place la terre au centre de l'univers va dominer l'Europe pendant des siècles ; elle ne sera remise en question qu'au 16° siècle par Copernic et Newton.

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