Tuesday, June 27, 2006

L'HOMME UN ANIMAL PAR NATURE 1

L'homme un animal politique par nature

1° DEFINITIONS

Politique : politique vient du mot grec politicos « de la cité » c'est ce qui concerne la vie collective ou le gouvernement de la cité ;

o nom féminin : c'est l'art de gouverner la cité ou l'Etat

o nom masculin :

 au singulier :

désigne l'ensemble des institutions, l'organisation de l'état ; la forme de gouvernement

 au pluriel : désigne l'ensemble des personnes qui gouvernent

o Adjectif :

désigne ce qui est relatif aux affaires publiques, à l'état


Animal :Du latin « animal ; animalis » « être animé » ;

Désigne un être vivant doué de sensibilité et de mobilité ;

En ce sens l'homme est un animal raisonnable

Cette notion s'oppose au règne végétal et minéral ; Le concept d'animal peut dans certains cas exclure l'homme et définir plutôt l'ensemble des bêtes c'est-à-dire l'ensemble des êtres ne possédant pas les caractéristiques de l'espèce humaine : le langage articulé, les fonctions symboliques, le libre arbitre ; L'homme serait donc un animal raisonnable apte à vivre en société.


2° - L'Homme animal politique dans la conception Aristotélicienne


Aristote a développé cette notion dans le traité : La République et dans l'Ethique de Nicomaque

L'ANIMALITE POLITIQUE

L'homme est « un animal politique » par nature « Zoon politikon ».Le mot zoon désigne en grec « un vivant » mais Aristote se réfère plutôt aux animaux en général :
La notion d'animalité désigne les êtres vivants capables de mobilité et d'une faculté de sensation et de perception ; à ce titre , nous l'avons vu, l'homme est bien un animal ;
Mais l'homme a une faculté spécifique, il est « de tous les animaux, le seul à posséder le langage » le LOGOS ; et cette faculté à été donnée à l'homme, comme par finalité, précisément pour participer à la vie politique ; L'expression vocale et physique sert à l'homme à communiquer avec les humains cependant il existe d'autres modes de communication chez les autres animaux ; Le propre de l'homme est l'expression symbolique et éthique ; le langage va exprimer l'utile et le nuisible, le juste et l'injuste, le bien et le mal « avoir de telles notions en commun, c'est ce qui fait une famille, une communauté, une cité » ( polis).
L'éthique politique avec tous ses principes retenus par le groupe va permettre de définir une famille, une communauté ou une cité.Chacun des humains naît dans une structure collective qui a ses propres codes ; mais le rôle de l'homme ne se borne pas à assimiler passivement les valeurs qui sont celle de la communauté. Il se distingue des animaux qui vivent en bandes ou en bans et que l'on appelle « grégaires » car ces animaux sont prédéterminés dans leur comportement par un patrimoine génétique, héritage ancestral de l'espèce ;
L'homme peut être défini comme un animal éthique, un animal sociable ; Du fait de sa capacité de raisonner, de communiquer, l'homme est capable d'interférer dans la vie du groupe ; d'indiquer ce qu'il trouve bon ou juste ; de participer à l'élaboration de l'œuvre commune ; La finalité de cette œuvre est le BONHEUR de chacun ( vision eudemonique ) ; Ce bonheur s'épanouit dans un concept : l'AMITIE : « choix réfléchi de vivre ensemble » en harmonie ; Donc la politique va être une œuvre inachevée, bâtie de génération par la confrontation des avis des uns et des autres et dont l'objectif est le plus grand bien de la majorité. Dans certains cas l'homme peut être apolitique (apolis) , pour Aristote, de manière simpliste, il est ou monstre ou divin ; soit surhomme quasi divin car l'autarcie renvoie au divin, soit bestial, incapable de vivre en communauté ;

LES BASES de la SOCIABILITE

Pour une véritable intégration communautaire de l'homme, il existe des pré-requis :

1° - une communauté humaine correctement définie
La communauté doit être bâtie sur un particularisme spécifique dans lequel tous les citoyens se reconnaissent : c'est l'identité communautaire ; Cette identité se façonne au travers une langue, une histoire, un destin commun

2° - des limites géographiques précises

la communauté doit être circonscrite par des limites, des frontières à l'intérieur desquelles l'accès est limité ; Le territoire ne doit pas être trop vaste car il ferait perdre la conscience d'appartenir à une même communauté

3° - L' unité ethnique

Bien qu'elle pourrait renforcer la sociabilité, l'unité ethnique n'est pas pour Aristote une condition sine qua non ; ( lui-même était un émigré à Athènes ) la RACE non plus n'est pas apte à définir la citoyenneté ;La naturalisation était un moyen, à Athènes, d'accès à la citoyenneté mais l'afflux d'étranger formaté par d'autres lois peut déformer une bonne législation.

4° La LOI

C'est l'élément fondamental ;L'identité d'un groupe politique est défini par sa constitution. La constitution n'a pas pour objectif un ordre du commerce, un ordre militaire destiné à protéger les concitoyens ou un ordre juridique au service des intérêts privés ;La constitution est un ensemble de règles librement consenties en vue du bien vivre collectif ;Sa finalité est donc bien le bonheur de chacun de ses administrés ;

Et le lien est l'AMITIE
C'est un concept valorisé par Aristote :
« L'amitié est le choix réfléchi de vivre ensemble ; la fin d'un cité, c'est donc la vie heureuse, alors que les relations en question sont en vue de cette fin. »
Cette amitié peut s'exprimer par le lien vertueux entre époux ou la sincère camaraderie entre frères. Donc l'homme est un être qui se distingue de l'animal par son état naturel de bien être au sein d'une communauté humaine et par sa capacité à participer à la vie de la cité grâce à ses fonctions d'élocution et de raisonnement ; l'être apolitique est perçu comme un marginal, démon ou divin, dont l'occurrence est sporadique ou accidentelle.



L’Homme animal politique par nature


Dans la réflexion d’Aristote, on retrouve cette première notion qu’il existe une nature humaine ; un état initial de l’homme acquis à sa naissance ou peut-être à l’origine de l’humanité et un état vers lequel il tend par nature ; une évolution spontanée qui conduit inexorablement l’homme vers une position de bien être ; un peu comme la position réciproque des électrons autour d’un noyau atomique ; le fruit des forces réciproques d’attraction et de répulsion ;
Cette tendance suppose un finalisme de l’évolution humaine, une conception téléologique des fins humaines avec la cause finale : la vie en harmonie dans le bonheur ;
Quel est donc ce bonheur défini comme l’objectif naturel de l’homme ?
Le mot bonheur est composé du mot « bon » et de « heur » dérivé de augurium qui signifie augure, chance ; c’est un état de joie ou de plénitude de l’âme où rien ne manque ; c’est donc un état de l’âme où ayant obtenu un bien être final, plus rien d’autre ne peut être ne peut être désirable ;
Cette notion de bonheur est un concept vague, utopique qui se rapproche du bien-être originel éprouvé au JARDIN d’EDEN où Dieu assumait tous les désirs de l’homme sauf un : le désir du désir ; le désir du manque ; le désir de la frustration.
Ce bonheur implique une double notion : la complétude ( harmonie totale ) la pérennité ( cet état doit être durable ) et cet état concerne à la fois les relations vis-à-vis de soi-même, vis-à-vis des autres et vis-à-vis du monde en général ;
Cette notion se retrouve souvent dans le vocabulaire religieux sous le terme de BEATITUDE avec en plus des éléments vus précédemment, totalité et pérennité, s’ajoute un accomplissement d’ordre spirituel dans la contemplation divine ;
Donc cet aspiration est plutôt romantique ou utopique, mais peut-on dire que l’homme tend à se rapprocher asymptotiquement de cet état en définissant les choix de la vie individuelle ou collective par des normes ou une éthique ;



L’homme animal politique

L’animalité politique de l’homme peut s’analyser dans 3 directions :

1° L’aspiration au bonheur de l’homme dans la société : l’homme animal social ou civique
2° L’aspiration au bonheur de l’homme dans son opposition aux autres humains individuellement ou collectivement
3° L’aspiration au bonheur dans la confrontation à soi-même et à ses frustrations

LA PENSEE d'ARISTOTE

LA PENSEE D'ARISTOTE

1° La LOGIQUE

Aristote est un des premiers philosophes à étudier la forme du raisonnement indépendamment de son contenu ; Cette logique deviendra le pilier de la logique traditionnelle ;Ce système analytique s'impose face à la dialectique sophistique qui utilisaient souvent des raisonnements incorrects ; la mise au point de lois précise de la pensée rend alors possible une réfutation de fond ;Aristote s'oppose en ce sens à certains raisonnements platoniciens qui n'usent pas de la même rigueur ;La logique est érigée en science préalable à tout débat philosophique ( PROPEDEUTIQUE ) Cette pensée préliminaire est exposée dans une série de traités ( catégories, de l'interprétation, Analytiques etc ) regroupés sous le nom de ORGANON ( instrument en grec) ;

2° Les fondements de la logique d'ARISTOTE

Les postulats :

La logique est basée sur 3 postulats :

- Le principe d'identité « tout ce qui est est » Z est Z ; ce qui est mauvais est mauvais

- Le principe de contradiction : « Z n'est pas NON-Z » on ne peut à la fois être et ne pas être ; ce qui est vrai n'est pas faux

- Le principe du tiers exclu il n'y a pas d'intermédiaire entre z et non-Z ; toute proposition est soit bonne , soit mauvaise.

La pensée s'exprime sous la forme de proposition déclarative S-P ; Les propositions associent ( certains chiens sont mal éduqués )
- un sujet S: chiens
- un prédicat P : ce qui est attribué au sujet : mal éduqués
- une quantité : quantificateur de la proposition certains
- une qualité : affirmative ou négative ( sont ou ne sont pas )

La quantité peut avoir une extension à une classe d'objet auquel le sujet appartient ; Le chien peut designer spécifiquement milou ou rintintin, les caniches, les chiens de tel éleveur ;

Il existe 4 types de proposition catégoriques

- A : L'universelle affirmative : tout chien est mortel TOUT X est Y- E
- E : L'universelle négative : aucun chien n'est mortel AUCUN X n'est Y- I
- I : la particulière affirmative : quelques chiens sont mortels Quelque X est Y- O
- O : La particulière négative : quelques chiens ne sont pas mortels Quelque X n'est pas Y


Le SYLLOGISME


Sun : avec
Logos : discours ou raison

C'est un raisonnement qui contient 3 propositions :
Une proposition majeure : proposition catégorique prémisse S-P
Une proposition mineure : proposition catégorique prémisse S-P
La conclusion déduite de la majeure à partir de la mineure S-P

SUJET PREDICAT

MAJEURE Tous les hommes Sont mortels
MINEURE Socrate Est un homme
CONCLUSION Socrate Est mortel

La construction repose sur 3 propositions de type A : AAA
- Tout X est Y
- Or tout Y est Z
- Donc tout x est Z

On distingue 4 syllogismes de base : syllogismes parfaits
- AAA
- EAE
- AII
- EIO

Exemples

AEE
- tout X est Y or aucun Z n'est Y donc aucun Z n'est X
EAE
- Aucun Y n'est Z or tout X est Y donc aucun X n'est Z
EIO
Aucun X n'est Y, quelques Z sont Y donc quelques Z ne sont pas Y En dehors des syllogismes de base il existe 15 syllogismes valides qui se ramènent aux syllogisme de base par conversion au total il existe 43 = 64 modes possibles

LE SYMBOLISME : LA LOGIQUE FORMELLE

Aristote attache une grande importance à la forme ; La logique formelle porte sur la « forme » du raisonnement, en non sur son « contenu » Les termes du raisonnement sont conceptualisés sous une forme mathématique ; Tout X est Y et Y est Z donc X est Z
Cette structure permet une formalisation de la logique.

LA LOGIQUE CATEGORIQUE


La pensée est relative à des catégories ; ces catégories répondent aux questions élémentaires :
- QUI ? la substance
- QUOI ? la qualité
- COMMENT ? la position
- COMBIEN ? la quantité
- AVEC QUOI ? l'action- OÙ ? le lieu
- QUAND ? le temps
- DE QUELLE MANIERE ?
- DE QUOI ? relation
- PAR QUOI ?

Les 10 catégories sont pour Aristote :
- la substance : le sujet
- la quantité
- la qualité le chien est sage
- la relation : Aristote est le fils de NICOMAQUE
- le lieu : Aristote est né à Stagire
- le temps
- la position ; Aristote est mal à l'aise à Athènes
- la possession : ce chien est à moi
- l'action : le chien joue avec son os
- la passion : le chat est agressé par le chienCette distinction revient à une analyse grammaticale ;


DEMONSTRATION DEDUCTIVE DEMONSTRATION INDUCTIVE


Une démonstration est un enchaînement de propositions ;Une démonstration est déductive c'est-à-dire qu'elle va de l'universel vers le particulierPar une succession de propositionInversement la pensée inductive ou induction est la pensée qui va de l'individuel vers l'universel ;Aristote s'oppose à Platon en ce sens où l'expérience acquise peut déboucher vers un savoir universel par induction ; la connaissance scientifique peut se tirer de l'inductionLe PRINCIPE :C'est une proposition qui est antérieure à toute chose ; cette proposition est dite « immédiate » ; Pour prouver qu'une proposition est vraie, il faut démontrer la preuve des prémisses puis la preuve de la preuve, puis une preuve de la preuve de la preuve et ainsi de suite à l'infini : C'est l'idée de régression à l'infini. La notion de principe met fin à cette régression à l'infini.

2° - La METAPHYSIQUE D'ARISTOTE

Le mot META PHYSIQUE :


Le mot méta veut dire après ; la métaphysique est ce qui vient après la physique ;Andronicos de Rhodes, qui classa 3 siècles après la mort d'Aristote, les 14 écrits traitant des principes universels, ne trouva pas de titre approprié ; et rangea ces écrits après le traité relatif à la physique ; De la notion d'après sur le plan spatial, on est arrivé à la notion d'au-delà ; Ces 14 textes constituent la philosophie première ;

Définition : la métaphysique est l'étude de l'être en tant qu'être

C'est la conception dont se fait une personne de la vie et du monde. Le but de la métaphysique est de découvrir le principe premier de toute chose.

- La métaphysique d'Aristote à 2 axes :
- L'ontologie : le « discours de l'être en tant qu'être » ; l'étude de ce qui fait qu'un être est ce qu'il est
- La théologie : étude du premier principe à l'origine de toute chose : Dieu

- Aristote s'oppose à PlatonIl réfute la dualité entre les Idées et le sensible ; car il faudrait une 3° notion qui ferait le lien entre les 2 notions précédentes ; ( régression à l'infini )

- Aristote définit un concept de SUBSTANCE ou OUSIA ; c'est l'individu pris dans son essence ;C'est l'être qui se suffit à lui- même ; et s'oppose à l'ACCIDENT ( c'est tout ce qui ne fait pas partie de l'essence d'une chose ) ; tels traits morphologiques d'individus sont des accidents puisque propre à certains individus ;
- Aristote introduit une nouvelle dualité : la matière et la forme ; la matière est ce en qoi les choses sont faites ; une matière n'existe que par la forme qu'elle prend ; on ne peut imaginer une matière sans forme ;
- Une seule exception : DIEU : Dieu est le seul être sans matière il existe à l'état PUR


LE FINALISME D'ARISTOTE (TELEOLOGIE )

- La téléologie ( telos : but ) c'est la science des fins humaines
- Contrairement à Anaxagore qui pensait que l'homme pense parce qu'il a une main, Aristote pense que l'homme a une main parce qu'il pense.
- Des moyens sont asservis à une fin qui à son tour se transforme en moyens pour une nouvelle fin ; la finalité du quadrupède est de devenir bipède ; et la finalité de l'homme est l'élévation divine, l'accession à une forme pure pour l'éternité.
- L'OUSIA progresse inexorablement jusqu'à l'accomplissement de sa fin : « entéléchie »

- 4 Causes au développement de toute chose en prenant comme exemple une sculpture en marbre :

- La cause matérielle : le marbre

- La cause efficiente : le moteur de la transformation le sculpteur

- La cause formelle : la forme de l'objet : la configuration de la statue

- La cause finale : c'est la vocation de l'objet ;

rien n'arrive sans but

au niveau de l'homme

- la cause matérielle : le os, la peau , les tissus

- la cause efficiente : un autre homme
- la cause formelle : forme d'homme
- la cause finale : perpétuer l'espèce, s'élever vers Dieu


LE MONDE D'ARISTOTE


- inspirée de la conception des sphères du mathématicien EUDOXE
- au centre de l'univers se trouve la terre, immobile : c'est le domaine « sublunaire » marqué par le changement, la mort
- la sphère des fixes : le domaine « supralunaire » : c'est tout le domaine astronomique occupé par les étoiles fixés sur la sphère céleste transparente ;
- La rotation du premier ciel c'est-à-dire de la sphère la plus extérieure qui entraine progressivement la rotation des autres. ; cette rotation de ce premier ciel est attribué à une substance ( acte pur )
Les corps tendent à rejoindre leur lieu naturel :
- les objets lourds : les graves tendent à tomber vers le bas
- les objets légers comme la fumée remonte vers la sphère des fixes


Dieu :

Aristote se dégage du mythe antique de Dionysos ou Apollon ; Il tend presque à se rapprocher du monothéisme juif ; En effet Dieu est unique, moteur du monde ; il est le principe de toute chose ; Dieu n'est pas un corps mais une pensée ; Toutefois il s'en distingue car :
- dieu est indifférent à l'égard du monde et n'exerce aucune influence sur lui
- dieu n'a aucune dimension morale
- pas de pouvoir créateur mais constitue la première cause
- pas de notion de révélation

Le 5° élément :

Aux 4 éléments d'empédocle (terre, air, eau, feu) , Aristote ajoute un 5° : l'ETHER ou « premier corps » qui est la substance de l'être ; cette notion prendra le nom avec les scolastiques de « quintessence »


3° - LA PHYSIQUE


Définition : La physique vient du mot grec « phusis » qui signifie nature et provient du verbe signifiant pousser ; C'est l'étude philosophique de la nature vivante ; l'analyse de cette énergie qui conduit les êtres vivants vers leur destination finale ; cette notion s'oppose à la physique actuelle qui porte sur toute la matière vivante ou non et n'a aucun support mathématique ; La physique concerne les aspects qualitatifs et explicatifs de la nature ;

2 principes vus précédemment :
- tous les êtres ont 4 causes ;
- tous les êtres ont une finalité

Une théorie du mouvement : La propriété fondamentale de la nature est le mouvement ; la nature est en perpétuel changement (la croissance d'une plante, le jaunissement d'une feuille ) ;Ce mouvement s'oppose à l'inertie de l'art (le produit de l'artisanat ) qui n'a pas d'activité propre.

Une philosophie de l'âme :

Tous les êtres vivants (animaux et végétaux) ont une âme
- une âme nutritive qui assure le maintien de la vie (alimentation, reproduction)
- une âme sensitive ou sensation- une âme locomotrice ( déplacement )
- une âme rationnelle pour l'être humain seulement
- L'âme n'est pas une entité séparée du corps ; l'âme et le corps constituent une seule entité ou substance L'âme constitue l'essence de l'homme ; la mort qui est la fin de la vie est peut-être aussi la fin de l'âme au moins en partie ; la partie supérieure de l'âme, apte à percevoir la nature intelligible, peut probablement survivre après la mort.

4° LA CONNAISSANCE ENCYCLOPEDIQUE

- cette connaissance née de l'observation scientifique
- Aristote consacre près du 1/3 de ses écrits à la biologie ( on lui attribue près de 400 traités)
- Son institut Le LYCEE est conçu comme une véritable unité INSERM
- Les thèmes les plus vastes sont traités : les végétaux, l'ornithologie, la biologie marine, la science des couleurs
- Le travail est surtout descriptif ; sa classification des animauxest restée une référence jusqu'à BUFFON

5° - ETHIQUE ET POLITIQUE

L'ETHIQUE :

- une morale EUDEMONIQUE ( c'est-à-dire qu'elle recherche le Bonheur )
- tous les hommes veulent être heureux sans être d'accord sur sa définition ou sur les moyens d'y parvenir
- Le bonheur est la fin suprême de la vie
- Ce bonheur ne repose ni sur la recherche des plaisirs ni sur l'obtention de richesse ou d'honneur ; mais sur l'exercice de la raison et de la vertu spécifique de l'espèce humaine
- une morale du juste milieu
- une action est vertueuse lorsqu'elle adopte une position intermédiaire entre 2 excès opposés ; ni trop ni pas assez ;
- la vertu est consensuelle : est vertueux un acte qui est unanimement reconnu comme vertueux ;
- 2 vertus ont une place importante :
- la justice qui repose sur l'égalité
- l'amitié est la fonction qui permet le passage de l'individu au collectif.


- VOLONTE et RESPONSABILITE


o Les notions d'éthiques sont rapportées dans le livre « l'éthique de NICOMAQUE »

o Aristote définit l'acte volontaire responsable ou non responsable :

 L'acte volontaire non responsable est lié à un acte volontaire déterminé par une cause extérieure auquel il est impossible de se soustraire

 L'ignorance peut aussi être une cause d'irresponsabilité ; la mauvaise action est commise sans intention de la commettre ; le mal est fait par une mauvaise appréciation de la situation tant sur les circonstances que sur la définition de la conduite adéquate à tenir.

 Inversement la responsabilité est incontestable quand l'action est guidée par la recherche du plaisir ou l'égoïsme ;

LA POLITIQUE



- Le réalisme politique : Contrairement à Platon qui bâtit une utopie politique, Aristote préfère un idéal simplement possible ; Aristote est pragmatique

- La notion de bon citoyen et d'honnête homme n'est pas identiqueLe citoyen est celui qui a « le droit de suffrage dans les assemblées et le droit de participer à l'exercice de la puissance publique de son pays » ; Et le bon citoyen est celui qui contribue à la conservation de l'état sans référence au bien ; l'important est l'objectif quelque soit les moyens développés ;
- La définition du citoyen n'est pas celle que l'on entend aujourd'hui Il s'agit, pour Aristote, des hommes de guerre et des hommes de loi ; il exclut de la citoyenneté l'essentiel du peuple actif : les artisans, les paysans, les commerçants pour qui il n'a aucun respect « jamais un état bien policé ne fera d'un artisan un citoyen. S'il le devient, au moins ne faut-il pas attendre de lui le civisme ; cette vertu suppose un homme non seulement libre mais dont l'existence soit débarrassée du besoin de se vouer aux œuvres serviles. »
- « L'homme est un animal politique » ; un animal civique ; La tendance naturelle de l'homme est de vivre en communauté ; l'homme est fait pour vivre en société parce qu'il aspire à bien vivre; et cette société suppose des lois et une discussion de ces lois ;
- Aristote justifie l'esclavage dans sa forme la plus despotique : « L'usage des esclaves et des bêtes est à peu près le même et l'on en tire les mêmes services pour les besoins de la vie »

compte tenu de l'inégalité naturelle, l'esclavage n'est pas politiquement incorrect ; l'esclave n'est qu' « un instrument animé » Il est utile à l'esclave de rester esclave du fait de son incapacité à la liberté
- L'éducation des citoyens Aristote suggère
Rien apprendre aux enfants de moins de 5 ans
Gymnastique qu'à partir de la puberté
Musique uniquement comme moyen de détente à près un travail pénible

Un tel programme conduirait aujourd'hui à son exclusion du ministère de l'Education Nationale.

- La séparation de la vie intellectuelle ( vie contemplative ) et de la vie politique (vie active) ;

Les intellectuels n'ont pas de place dans la direction des affaires ; Les politiques sont donc démunis du conseil des sages ou de la science
- l'état doit avoir comme objectif est l'épanouissement de la vertu des citoyens
La priorité est l'intérêt commun et la qualité d'un gouvernement se juge sur la vertu de ses dirigeants. Aristote distingue 3 formes de régime politique aboutissant dans tous les cas à une corruption :

- la monarchie souveraineté exercée par un seul et aboutissant à la tyrannie
- l'aristocratie pouvoir exercée par plusieurs et aboutissant à l'oligarchie
- la république pouvoir exercée par une multitude et aboutissant à la démocratie ;
la démocratie, étant le pouvoir du peuple, est un régime péjoratif car il n'existe pas en pratique de peuple vertueux.

- le choix d'Aristote est la POLITEIA ( démocratie modérée ) la meilleure forme politique est celle qui convient au pays et aux besoins de ses citoyens. Aristote prône un régime synthèse de 2 régimes dégénérés : l'Oligarchie essentiellement et la démocratie ; seuls les riches sont aptes à commander mais il faut faire un peu de démagogie pour éviter la révolte du peuple.


CONCLUSION

ARISTOTE est le fondateur de la logique formelle, ( la logique du syllogisme ) ; Il a définit le raisonnement correct ; Cette idée que l'homme s'élève au divin en contemplant la nature le ciel a été reprise par la pensée juive ( Maimonide ), musulmane (AVEROES ) et chrétien ( Thomas d'Aquin ). Ce sont les arabes qui ont fait connaître les philosophes grecs à l'Europe. Certaines idées d'Aristote paraissent réactionnaires voire complètement erronées :
- les idées politiques sur l'esclavage
- la cosmologie qui place la terre au centre de l'univers va dominer l'Europe pendant des siècles ; elle ne sera remise en question qu'au 16° siècle par Copernic et Newton.

ARISTOTE BIOGRAPHIE

ARISTOTE

Aristote est né en 384 avt JC à STAGIRE ( aujourd'hui Stavros ) en Macédoine (sur les bords de la mer Egée) ; issue d'un famille illustre :
le père NICOMAQUE était médecin au service du Roi de Macédoine, la mère PHAETIS originaire d'une grande famille de Chalcis en Eubée ;
La puissance politique de la Macédoine est grandissante et sa suprématie politique , militaire et culturelle tend à s'imposer sur Athènes ; Lui-même est en relation étroite avec le Philippe, le fils du roi Amyntas III, grand père d'Alexandre le Grand ; Dés l'âge de 10 ans, Aristote est orphelin et est alors pris en charge par un tuteur qui lui enseigne un savoir très éclectique ;A 18 ans ( en 366 avt JC ) il tente de poursuivre sa formation dans le berceau de la connaissance : Athènes ;
Il quitte l'école d'ISOCRATE ( par rejet de la rhétorique comme fin en soi) Et entre dans l'ACADÉMIE de PLATON dirigé à ce moment par le Mathématicien et Astronome EUDOXE ( Platon étant alors en Sicile ).Aristote se distingue par sa logique, et l'étendue d ses connaissances et Platon le surnommera « le lecteur » ou « l'intelligence ». L'élève dépasse le maître dans la discipline de la logique.A l'académie il est responsable de l'enseignement de la rhétorique ;Aristote fournit alors de nombreux écrits sur la justice, l'éducation, l'amitié ;Cependant Aristote est peu populaire compte tenu de ses origines macédoniennes et provinciales ; A la mort de Platon, malgré les talents d'Aristote, la direction de l'académie est confiée au neveu de Platon : SPEUSIPPE ; Le fort courant anti-macédonien ( le roi de Macédoine avait massacré les Habitants D'Olynthe amie d'Athènes ) et l'antipathie pour SPEUSIPPE conduit Aristote à s'installer à LESBOS en Ionie Il monte une école où on enseigne la philosophie et les sciences naturelles ; il est aidé par ses anciens élèves comme Théophraste ;Il rédige alors le recueil Histoire des animauxAristote est alors choisi en Macédoine ( Pella ) pour être le précepteur d'Alexandre le Grand ; cette mission dure 3 ans jusqu'à l'accession à la régence du royaume d'Alexandre, Aristote retourne dans sa terre natale : Stagire où il obtient la permission de la reconstruction de la ville après sa destruction par les Macédoniens ;De retour à Athènes, il fonde une école rivale de l'Académie : Le LYCEE
Le Lycée est un gymnase dans lequel Socrate avait déjà enseigné, il est appelé ainsi car il se situait à proximité du temple d'Apollon Lycien ; Le lycée ou PERIPATETOS sera dirigé par Théophraste ; les élèves prennent le nom de péripatéticiens , « les promeneurs » car l'enseignement était dispensé en marchant le long des allées ( péripatetos ; se promener ) ; L'enseignement est pluridisciplinaire ( la rhétorique, la politique, la philosophie, les sciences naturelles , la physique, les mathématiques ou la musique. Il est le précurseur de la méthode scientifique basée sur l'observation, l'analyse, la dissection animale ; Une tension va progressivement se développer entre Aristote et Alexandre ; aristote réprouvait les méthodes d'assimilation des perses menée par Alexandre ; La mort d'Alexandre met fin à cette periode de travail intensif ; une forte réaction anti-macédonienne se produit à Athènes, obligeant Aristote à se réfugier avec sa famille dans sa maison maternelle à CHALCIS ;
Malade, Il meurt à l'âge de 62 ans en laissant Théophraste à la tête du Lycée

PERCEPTION ET ILLUSION

PERCEPTION et ILLUSION


La perception ne découvre-t-elle pas qu'un monde illusoire ? Peut-on dire que la perception est une connaissance ?


Introduction


La transition avec la pensée de Platon est naturelle ; Le mythe de la caverne de Platon pose le problème de l'opposition du réel et du sensible ; de la vérité et de l'illusion ; cette opposition tient à ce que la perception du monde extérieur n'est accessible à notre entendement que par des organes peu fiables que sont nos sens ; Platon oppose 2 mondes : Le monde intelligible domaine des idées immuables et universelles ; la vérité par excellence si on admet qu'elle existe ;Le monde sensoriel accessible par notre perception ; vague représentation de la réalité ; de simples ombres chinoises sur un mur ; ce monde n'offre que des illusions vides de sens si elle résumait notre savoir.Les hommes ne peuvent extraire le vrai que par un travail de détricotage de la maille ; d'extraction de l'être du non-être ;
la dialectique ( art des distinctions ) s'efforce démêler les fils de cette trame en usant de la raison ou mieux de l'intuition.Dans l'allégorie de la caverne, les hommes sont des victimes car limités par leurs sens et enchaînés ils ne perçoivent que ce qui se présente à leur regard ; ils sont victimes complaisantes car, malgré des tentatives de les éclairer sur leur erreur (symbole du prisonnier libéré et trucidé) ils persévèrent dans leur erreur ; c'est dire la difficulté de perdre ses illusions ; les hommes sont doublement prisonniers à la fois de leurs chaînes et de leur attachement à leurs illusions ;

La PERCEPTION

Du latin Percipere, per : a 2 sens : d'abord à travers ( percutanée veut dire à travers la peau ) mais aussi de part en part en introduisant une notion d'intensité, d'excès ; per veut alors dire complètement, parfaitementCapere : prendrePercevoir signifie recueillir, comprendre par les sens ; C'est une opération l'esprit, en organisant les données sensorielles, se forme une représentation des objets extérieurs et prend connaissance du réel ( trésor de la langue française ). Dans cette définition, la notion de perception représente un mode de pensée concret par opposition à un mode de pensée abstrait conceptuel ; La perception d'un phénomène externe perçu par un de mes sens : le toucher, la vue, le goût, l'odeur, l'ouie, le vestibule ; la perception est une simple donnée transmise à mon esprit sous la forme d'une sensation ( le simple effet physique d'une chose sur un de nos sens ) ; La perception se distingue de la sensation en ce sens où elle implique un jugement par rapport à ce phénomène ; ce jugement conduit à une reconnaissance de ce phénomène ; l'esprit va construire une représentation intelligible ou émotionnelle qui va se traduire par un sentiment ; cette représentation va faire intervenir l'entendement, la mémoire l'imagination ;Mais l'effort mental ne conduit pas nécessairement à une perception de la réalité ; toute tentative de perception comporte toujours une part de subjectivité ;
Une promenade à travers une forêt va déclencher après confrontation avec l'objet plusieurs types de perception en fonction du personnage soums à cet objet :
- l'ingénieur forestier va penser à la manière de protéger la forêt ; il va prévoir les coupes et les plantations à effectuer
- Le garde champêtre va extraire de son champ de vision toutes les causes de feu de forêt ; il va noter les actes de vandalismes ou d'insalubrité afin de les réprimer
- Le poète sera plus sensible au parfum, à la luminosité, aux couleurs
- Le chasseur sera attentif aux empruntes du gibier sur le solEn fonction de leur formation chacun de ces personnages percevra des éléments très variables propres à leur champ de perception.

L'ILLUSION

Définition : Le mot illusion : moquerie , est issu du latin ludere qui signifie jouer ; C'est une perception erronée dans la mesure où elle ne correspond pas à la réalité considérée comme objectiveC'est aussi une croyance ou une opinion fausse envahissant la conscience par son caractère séduisant ; ce caractère séduisant étant corrélé sur le plan psychanalytique à la réalisation d'un désir

ILLUSION, ERREUR

L'erreur est un énoncé contredisant la vérité
L'illusion est une croyance contredisant la réalité. La réalité est constituée par ce qui est objectif. Objectif s'oppose à subjectif .La réalité est indiscutable. Lorsqu'elle est discutable, nous parlons d'une illusion La vérité est une certitude universelle, indubitable et objective ;
La certitude s'oppose à la vérité par son caractère est singulier et subjectif ( connaissance indubitable que chacun a pour lui-même )
L'erreur consiste à se tromper alors que l'illusion est le fait d'être trompé L'erreur : est une entorse à la logique
La faute : est une entorse à la moraleLe péché est une entorse à la religion
La ténacité de l'illusion L'illusion est très souvent indéracinable ; il impossible de dissiper une illusion alors que l'erreur disparaît dès qu'elle est connue ;
Dans l'allégorie de la caverne, les prisonniers tuent celui qui les informe de la vérité ; De manière générale, il n'est pas d'argument qui puisse ébranler la foi du croyant ; l'illusion relève de l'irrationnelle ; La désillusion a une portée parfois passionnelle car elle porte atteinte au désir ( thème de Freud dans l'avenir de l'illusion ) ;

4 Types d'illusions :

1° L'ILLUSION PERCEPTIVE

Exemple d'illusion sensorielle : Il est possible de pratiquer un vol on top au-dessus de la couche nuageuse. Et si le plan des nuages est incliné latéralement, le pilote, à l'horizontal , aura l'impression de virer latéralement ; le pilote aura tendance à annuler son inclinaison alors qu'en réalité il va tourner aboutissant à une perte de contrôle de l'appareil ; Il aura de grandes difficultés à croire à ses instruments ( horizon artificiel ) qui lui donneront une indication en désaccord avec ses perceptions pour lui irréfutables ; seule une préparation intensive au vol sans visibilité ou on top donnera au pilote la possibilité de croire uniquement à ses instruments plutôt qu'à ses sens ; Il semble qu'un pilote non qualifié IFR perd le contrôle de son appareil en 2 mn 30 en moyenne.Ceci est le type même de l'illusion vestibulaire ;

le vestibule est un organe logé dans l'oreille interne qui nous informe de la position statique et dynamique de notre tête dans l'espace.
Un autre exemple de l'illusion est Le Membre Fantôme : Certaines personnes amputées peuvent ressentir une douleur sur ce membre disparu ( membre fantôme ) ou avoir simplement l'impression que le membre fantôme est encore présent ;La raison peut mettre en évidence ce décalage avec la réalité, mais la perception de la sensation persiste malgré cette prise de conscience ; le schéma corporel inscrit dans le cerveau garderait comme une image-mémoire du membre absent ;L'illusion est donc indépendante de la raison dans la mesure ou elle persiste malgré son identification comme illusion ; Le fonctionnement neuro-physiologique a des limites qui travestiraient la perception objective de la réalité ;Ces anomalies de la perception ont comme support un dérèglement du circuit neurologique de la mémoire ; certaines altérations de ce circuit de la mémoire (système limbique ; amygdale, hippocampe ) comme dans l'alcoolisme chronique ou certaines lésions cérébrales , conduit à des illusions telles les paramnésies ( sensation de déjà vu ) ou ecmnésies ( sensation de déjà vécu ), ou encore les fausses reconnaissances ; ces anomalies peuvent se rencontrer de façon banale chez les enfants ou les adolescents ;


2° L'ILLUSION AFFECTIVE

Est tout simplement le fait de prendre ses désirs pour des réalités ; L' inconscient enrichit l'illusion ; les désirs, issus de cet inconscient, vont amplifier ce processus de l'illusion ; La passion est l'archétype de l'illusion ; il paraît très difficile de développer une passion sans illusion ; comme l'illusion, la passion est un quelque chose que l'on subit, ou dont on pâtit ( origine grecque pathos ) ; la passion aliène la raison ; même face au principe de réalité, on persévère dans l'erreur ; la volonté ne permet pas de corriger l'erreur même si l'objet de la passion est en décalage avec la perception ; la passion, comme l'illusion, envahit la conscience et déconnecte de la réalité ; La passion se nourrit de l'illusion ; l'objet de la passion va incarner l'idéal des attentes ; et donnera l'illusion d'être l'image en miroir de cet amour imaginaire ; l'incarnation de cet amour sublimé et tant attendu ;Cette illusion est dynamique puisque le passionné va rapprocher le plus possible cette impression de la réalité ; le passionné se complait dans ce monde imaginaire, s'enivre par un envoûtement volontaire dans un paradis artificiel dont il redoute le retour.La psychanalyse explique l'illusion affective par le triomphe du plaisir de la libido sur le principe de réalité ; l'illusion est un paradis, un moyen formidable de protection contre une réalité trop frustrante ;

3° L'ILLUSION COLLECTIVE - L'ILLUSION IDEOLOGIQUE

L'illusion est là conforté par la concordance des témoignages collectifs ; ce qui est tenu pour vrai est la convergence de tous les témoins d'une même illusion ; L'illusion devient une vérité si on obtient une adhésion d'une collectivité ( l'opinion publique ) soumise à une même illusion ; et ce d'autant que les témoins font autorité ; Cette autorité a été en fonction des temps le prêtre, le professeur, l'expert journaliste, l'expert scientifique, la communauté des savants ; L'illusionniste est apte à produire une illusion collective, mais là le public n'est pas trompé ;L'illusionnisme est l'art de créer l'illusion en tant qu'illusion ; le public prévenu, tentera de dompter ce phénomène par un autre art : celui de l'observation .Le charlatan, en se servant de l'illusion, va abuser de la crédulité de son public à des fins personnelles ;
Rappelons nous le personnage URI GELLER qui a suscité la controverse jusqu'en 1987 par ses exploits comme la torsion des cuillers et la reproduction de dessins par télépathie ; Ces pouvoirs paranormaux, relayés par les média ( Michel Polac ), ont suscité le débat jusqu'à ce que l'illusion soit déjoué par un illusionniste Gérard Majax.
C'est l'illustration par excellence du rôle des médias, des pseudo scientifiques qui ont conforté cette illusion à des fins de spectacle ;Les mêmes mécanismes d'illusion ont été utilisé pour les OVNIS , le monstre du LOCH NESS ;

L'illusion religieuse :

Les conséquences de l'illusion sont beaucoup plus sérieuses ; au nom d'une illusion, et d'une foi indéfectible en cette illusion, les hommes se sont combattus, entretués ;Le fanatisme religieux, plus que jamais au 21° siècle, va engendrer une attitude sectaire et conquérante ; comme le passionné, le fanatique va se laisser porté dans le monde imaginaire de sa foi et attirer l'adhésion de ses congénères par le prosélytisme ou la cœrcition ;

L'Illusion Idéologique

Dans des domaines différents l'idéologie marxiste et l'idéologie nazie ont suscité les passions populaires ; L'illusion et la manipulation ont permis à de tristes personnages d'illustrer nos livres d'histoire ( Staline , Hitler ) ;Mais dans ces situations l'illusion ne suffit pas isolément ; elle va là encore au devant d'une attente collective de plus de justice, de moins de souffrance, d'un idéal de société utopique où l'homme serait plus heureux ; mais le populisme, incarné souvent par un homme providentiel charismatique, va faire appel à l'émotion ( la colère, l'agressivité ), Par une logique simpliste de comptoir , elle tente de dégager les frustrations populaires, en identifiant par amalgame la responsabilité des maux populaires à une catégorie ethnique ou dirigeante.Comme pour l'illusion passionnelle, le populisme va aller au devant des attentes les plus inavouables, fantasmatique, puis les mettre en exergue et procéder à une séduction passionnelle ; et ce n'est qu'après l' expression éjaculatoire de cette émotion primaire, que l'illusion se démasque et s'enfouit jusqu'à sa prochaine expression.

4° L'ILLUSION ARTISTIQUE

L'artiste utilise l'illusion afin de donner à sa création un effet visuel particulier propre à transmettre une émotion ;L'illusion n'est donc pas une erreur d'interprétation mais un effet artistique propre à produire un effet ; Le domaine du trompe l'œil ne concerne pas que les tableaux, mais porte aussi sur la peinture murale ou l'architecture ;Elle fait appel à L'illusion de perspective, l'impossibilité de perspective ou l'ambiguïté figure-fond.L'art permet une représentation fantasmatique voire onirique ; un monde irréel, illusoire bâti sur le désir ; l'image transmise par un tableau, le discours romanesque, ou la musique produite par un concert ont la vertu d'être l'échappatoire vers un monde imaginaire, déconnecté de la réalité ; Par l'illusion sensorielle qu'il produit, l'art produit une compensation de la médiocrité du réel vers l'imaginaire ;Le tableau n'est donc pas une simple illusion de la perspective, il est la représentation d'une réalité au travers le prisme de l'artiste ; et cette représentation est réinterprétée par l'observateur en fonction de sa propre perception ; il est donc une double dénaturation subjective de la réalité.

Conclusion


Ce thème de la perception, inspiré des théories platoniciennes, montre à quel point une tentative d'accéder à une vérité est illusoire ;Ce sont les septiques qui ont affirmé dans l'antiquité grecque, que toute vérité est inaccessible ; la pensée humaine ne peut parvenir à aucune certitude ; Pyrrhon reste le fondateur de cette philosophie ; Les 2 arguments essentiels sont
- la régression à l'infini : toute démonstration rationnelle impose des preuves puis la preuve de la preuve ;
- L'insuffisance des sens : nos sens sont à l'origine d'illusion ; donc toutes nos connaissances sont douteuses ; il existe une contradiction entre la perception, moteur de la connaissance, dont on sait la subjectivité et la vérité qui se doit d'être universelle.
Cependant on connaît le paradoxe du scepticisme : en affirmant que rien n'est vrai, le scepticisme se détruit lui même puisqu'il n'est pas vrai à son tour. Spinoza nous aide à dépasser ces contradictions :
- certaines évidences peuvent être portées et interrompre cette régression à l'infini « L'homme pense » est une vérité première ; et ce type de vérités simples peut servir de bases solides au savoir
- une idée devient vraie quand elle est adéquate : « une idée adéquate est une idée qui, considérée en soi et sans regard avec son objet, a toutes les propriétés d'une idée vraie » ; les idées adéquates forment un système de connaissances autosuffisant ; Un corps est soit en mouvement soit au repos est une idée adéquate car il n'y a pas d'autres façons de concevoir l'état d'un corps, l'affirmation est à la fois nécessaire et suffisante en conformité avec la réalité.La psychanalyse contribue également à nous dégager de l'illusion par une meilleure connaissance de notre inconscient ; L'illusion est le triomphe du principe de plaisir sur le principe de réalité ;Par une meilleure connaissance de nos frustrations, elle identifie l'illusion comme une simple erreur involontaire dissimulée dans notre inconscient; La psychanalyse met en évidence la propriété régressive de cette illusion ; la tendance archaïque de ce refuge dans un imaginaire fantasmatique ; grandir c'est accepter la réalité avec toutes ses exigences ; Cependant l'illusion est la porte d'entrée vers le rêve, la représentation d'un monde utopique conforme à nos attentes, un monde rassurant, remède contre le pessimisme et l'évidence de la finitude humaine.

PLATON

BIOGRAPHIE

- né en 427 avant JC- issue d'une famille Aristocratique

- vit l'écrasement d'Athènes durant la guerre du Péloponnèse opposant Athènes à Spartes

- en 407, rencontre avec Socrate dont il est l'élève pendant 8 ans

- Révolté par la mort de son maître condamné injustement par les athéniens, Platon quitte Athènes et se réfugie à Mégare- Voyage en Egypte puis en Italie du sud

- A 3 reprises, il tente d'établir en Sicile des réformes politiques et un gouvernement juste

- L'affaire se termine mal, Platon se fait traîtreusement embarquer sur un navire spartiate puis vendu comme esclave ; racheté puis libéré

- Platon rentre à Athènes en 387, où il fonde à 40 ans l'ACADÉMIE ( parce qu'elle se trouvait dans le jardin d'ACADEMUS ) : première école de philosophie organisée comme université ; en effet on y enseigne pas que la philosophie mais aussi les mathématiques ou la gymnastique. L'objectif était de former les futurs dirigeants ;Une grande part est accordée au dialogue ;

- C'est dans cette académie que Platon compose la plus grande partie de son œuvre- Le Macédonien ARISTOTE fut un de ses plus brillants disciples ; celui-ci va être à l'origine du LYCEE (L'origine de ce mot tient au portique consacré à Apollon Lycien qui se trouvait là.)

- Cette université, reprise non par Aristote mais par son neveu,continuera son activité jusqu'au VI ° siècle après JC ; Elle sera fermée par l'empereur chrétien Justinien

- Platon retournera par 2 fois en Sicile pour influencer DENYS le JEUNE pour la pratique de réformes politiques ; ces voyages tournent mal de nouveau ;

- Platon ne retrouve sa liberté que grâce à l'intervention de son ami ARCHYTAS de Tarente

- Platon meurt à Athènes à l'âge de 80 ans ( 347 avt JC ) sans avoir réalisé son idéal politique mais en laissant une production littéraire considérable.

LES ŒUVRES DE PLATON


On peut les classer en 3 grands groupes :

1° - Les dialogues de jeunesse ( 399 à 390 )

Ce sont des écrits de la période qui a suivi la mort de Socrate :

- HIPPIAS MAJEUR
- LE LACHES- LE LYSIS
- LE CHARMIDE
- APOLOGIE DE SOCRATE
- LE PROTAGORAS
- LE GORGIAS

2° - Les dialogues de la maturité

- PHEDON
- LE BANQUET
- CRATYLE
- PHEDRE
- LA REPUBLIQUE

3° - Les Dialogues de la vieillesse

- PHILEBE
- TIMEE
- CRITIAS
- LES LOIS



4° - A part des dialogues de métaphysiques

- PARMENIDE
- THEETETE
- LE SOPHISTE
- LE POLITIQUE


LA PENSEE DE PLATON



1 ° La théorie des idées et la dialectique

Platon essaie de concilier 2 enseignements : celui d'Héraclite et de Socrate :

- Héraclite qui pense que rien ne peut subsister définitivement « tout change, rien ne reste ».C'est-à-dire le savoir reste une notion mobile, sensible, fluctuante.

- Socrate qui est pour une notion universelle, conceptuelle du savoir ;
une connaissance déconnectée de la passion, de l'univers des sens ( colère, plaisir immédiat )

THEORIE DES IDEES ou IDEALISME OBJECTIF

Platon définit un principe antérieur et supérieur en perfection aux choses ou aux êtres vivants qui en dérivent ; c'est le principe du modèle de l'ARCHETYPE

Le monde sensible, en perpétuel changement est subordonné à ce monde idéal et stable d'IDEES ou d'ESSENCE
Les Idées existent de manière objective indépendamment de notre aptitude à les connaître
Les idées seraient les archétypes de la réalité perceptible du monde visible.
D'où la théorie des 2 mondes
● Le monde SENSIBLE : le monde dans lequel nous vivons ; très variable, fuyant, fugitif
● Le monde INTELLIGIBLE : le monde des idées immuables et universelles

Le monde peut être divisé en 2 mondes :
♦ Le monde visible :
- perceptible directement : tous les objets ou les êtres vivants
- perceptible indirectement : le jeu des ombres , image transmise par le miroir
♦ Le monde accessible qu'à l'esprit
- le domaine de la science dont le champ est universel ( mathématiques )
- le domaine des idées qui n'est accessible qu'à la raison

LES IDEES TISSENT LA REALITE

Les Idées tricotent le monde réel ; la vérité est un entremêlement de réalités qui sont que des ressemblances des idées ; l'ÊTRE et le NON-ETRE s'entrelacent comme si ils étaient tissés ensembles, la dialectique consiste à démêler les fils de cette trame en séparant l'être et le non-être ; elle s'efforce de distinguer les vrais ressemblances conduisant à l'essence des faux semblants ; ( la chose belle est un tissage de la beauté avec la non-beauté. )

La DIALECTIQUE : c'est l'art des distinctions qui découpent l'être selon des articulations naturelles ; le principe de démêler les fils intelligibles ( les idées ou l'essence ) qui tissent le réel sensible. Cependant aucun homme, n'est capable dans l'absolu de distinguer les essences en dehors de celui qui a tissé l'univers ; il existe une saisie plus directe des intelligibles par l'INTUITION qui se place au dessus de la dialectique.


2° - L'IMMORTALITE DE L'AME et la REMINISCENCE

Le corps tombeau et l'immortalité de l'âmeCompte tenu de l'existence de ces 2 mondes : le monde sensible et le monde intelligible, le problème est de savoir comment accéder à ce monde intelligible dans ce monde sensible ? D'où la notion de l'âme qui a existé avant le corps, liée provisoirement au corps en guise de châtiment, elle migrera par la suite dans des corps différents à des fins de pénitence et de purification successive.Cette théorie de l'immortalité de l'âme est issue de l'école pythagoricienne ; la vraie existence n'existe que dans le monde intelligible et les êtres sensibles ne peuvent en percevoir que des reflets provisoires et trompeurs.Il y a donc une opposition entre les corps soumis à ses besoins et ses désirs et cette âme tombée dans le monde sensible, prisonnière du corps ( SEMA SOMA : le corps tombeau ) et dans les valeurs sont la justice et la vérité enfouie dans l'être véritable. Si le corps est un tombeau, il faut le domestiquer comme un cheval sauvage, voire s'en détacher pour en extraire l'âme.Cette théorie, qui place le corps attiré par les désirs ( alcool, sexe...) en ennemi ou carcan, va se développer par la suite avec l'avènement du christianisme qui va promouvoir l'abstinence.

La REMINISCENCE

L'âme a pu contempler les idées dans une vie antérieure , l'entrée dans le corps a provoqué un oubli, la réminiscence ; le souvenir des idées est à la base de tout apprentissage et de toute connaissance.

LA PHILOSOPHIE ET LA MORT

Pour socrate « philosopher c'est apprendre à mourir » ; on craint la mort parce qu'elle représente quelque chose d'inconnu. Le philosophe attend la mort comme une délivrance puisqu'elle permet la délivrance de l'âme immortelle de ce corps prison.Donc Philosopher, c'est se préparer à ma mort, à cette évasion de l'âme.On retrouve cette influence asiatique du CARMA ; l'âme subit un cycle en nombre limité de réincarnations successives.Le jugement des âmes se produirait après la mort ; certaines âmes seraient châtiées avant de se réincarner ; auparavant l'ingestion d'une eau magique les frapperait d'amnésie de tout ce qui s'est passé dans l'au-delà.( dixit le récit d'ER le Pamphylien revenu du royaume des morts et dispensé de cette boisson de l'oubli )

LA DIVISION DE L'AME

L'âme comporte 3 parties :

- l'EPITHYMIA : constituée des désirs sensibles comme l'appétit, la soif, la sexualité

- Le NOUS la partie raisonnante de l'âme ; située dans la tête ; apte à tempérer l'épithymia

- Le TYMOS solidaire de l'épithymia ; c'est le coté irascible, colérique de la personnalité ; le tymos siège dans la poitrine.

Ces 3 parties forment un attelage ailé ( PHEDRE ) avec
- Le cocher : le NOUS
- un cheval blanc : le tymos
- un cheval noir : l'épithymia

3° – L'AMOUR

Cette notion est évoquée par le livre le banquet ; PLATON décrit l'ASCENSION qui conduit l'amoureux de l'amour physique à la beauté de l'âme, de nature surnaturelle, divine, mystique. EROS : c'est le désir de quelque chose qu'on n'a pas et auquel on aspire ;L'amour, quand il est maitrisé, aboutit à la beauté pure ; Platon valorise cet amour pour l'âme plutôt que pour le corps même si cette attraction parait naturelle ( Platon n'est pas pour l'amour platonique )

LE MYTHE DE L'AMOUR
Raconté par aristophane dans le Banquet, l'homme et la femme aurait constitué auparavant une unité, une espèce de boule ; mais Zeus , jaloux de cette fusion, eut l'idée de les séparer en 2 humains de sexe opposé ; par l'acte d'amour ( fusion charnelle ) les humains reconstituent leur nature primitive.L'amour serait cette recherche de l'âme sœur prédestinée, la seconde moitié.

LE DESIR ET LA PASSION

Platon oppose

- le désir sensible ou démesure
- la raison ou la mesure· le désir sensible : est illimité appétit insatiable et l'objet de ce désir est très changeant« aucune possession sensible ne saurait satisfaire le désir humain » ; il est comparable à un tonneau percé ( mythe infernal des Danaïdes )·

La raison ou la mesure

La raison ou philosophie permet de canaliser le désir ; elle associe le refus de la recherche de la satisfaction du désir ( plaisir sensible ) et l'élan vers le bien essentiel.Le mythe de la caverne : - la caverne symbolise le bien sensible et superficiel- l'éducation, l'instruction permet de détourner le regard de l'obscurité vers la lumière ;L'anabase : symbole de l'ascension de l'âme vers le bien ; l'éducation consiste, non à donner la vue à un non voyant, mais à tourner le regard vers la bonne direction.

4° – Les VERTUS HUMAINES

Le principe socratique est que « nul n'est mauvais volontairement » ; chacun agit en pensant faire le bien ; on pense toujours bien agirLa sagesse morale est un savoir que l'on peut acquérir par l'enseignement ; mieux connaître c'est mieux agir.La faute morale est une maladie de l'âme infligée par le corps.On retrouve toujours cette dualité entre la fonction rationnelle et l'énergie passionnelle.L'équilibre, la tempérance, est la gestion des besoins et les désirs du corps par la raison.

5° – LA CITE IDEALE

Les philosophes au pouvoir

L'état idéal est une monarchie où le pouvoir est légitimé par la sagesse ; les gouvernants doivent gouverner en fonction d'un savoir.Le savoir absolu, accessible par les philosophes, autorise le pouvoir absolu.La pensée platonicienne est d'un conservatisme absolu profondément antidémocratique.Le peuple n'est qu' « un gros animal » ignorant au service des ambitions d'une classe ambitieuse et guerrière. Ce sentiment est né de la mort de Socrate votée par une assemblée élue. La cité idéale comporte 3 classes :
- Les dirigeants
- Les gardiens
- Les travailleurs

1 – Les dirigeants Ce sont des philosophes ; seuls les sages sont aptes à chercher la manière la plus juste dont les citoyens doivent conduire leur vie

2 – Les gardienssont les détenteurs de la forceveillent à la défense de l'état à l'intérieur ou à l'extérieurIls vivent en communauté sans posséder aucun bien propreIls ne possèdent ni femmes ni enfants afin qu'ils n'aient pas d'attachementL'état élève seul les enfantsPour les familles autorisées à vivre en famille, l'état organise des mariage de manière à améliorer la qualité de la race.

3 – Les travailleurs artisans commerçants et paysans doivent assurer l'approvisionnement de la communauté ; Dans cette société hiérarchique et autoritaire, les classes, qui sont de véritables races, sont complètement séparées. Cette utopie a étonnamment reprise par des états totalitaires.Platon préfère le régime militarisé de Sparte à a démocratie athénienneIl a essayé de mettre à exécution son projet en conseillant le Tyran de Syracuse SENYS ; il a échoué à plusieurs reprises.


6° - L'ALLEGORIE DE LA CAVERNE


Apparaît dans le Dialogue de Phédon
Þ Platon nous décrit une caverne ; au fond de cette caverne, des prisonniers sont enchaînés,

Þ Un feu allumé à une certaine distance en haut et derrière eux apporte une certaine lumière ;

Þ Entre ce feu et les captifs s'élève un chemin escarpé sur lequel défilent des hommes allant et venant, porteurs de statuettes.

Þ Les prisonniers qui ne peuvent tourner la tête et n'ont jamais vu le vrai jour, donnent aux ombres projetées sur les parois de la caverne une réalité qu'ils n'ont pas.

Þ L'un des prisonniers est délivré de ses liens, se retourne, regarde le feu qui brille La clarté au bout du chemin l'attire, le tournant le dos à l'entrée ouverte à la lumière.prisonnier gravit ce chemin et découvre la lumière du jour à l'air libre puis la forme reconnaissable de tous les objets ; enfin il perçoit le soleil. Le prisonnier va rejoindre ses camarades pour leur annoncer la bonne nouvelle. Mais ceux-ci trouvent que ces révélations sont insupportables et le tuent.

- la caverne symbolise le monde sensible alors que la lumière du jour symbolise le monde intelligible

- les prisonniers représentent les hommes prisonniers de l'opinion ( apparence de l'idée)

- Le prisonnier libéré est le philosophe assassiné précisément à cause de sa sagesse (SOCRATE )
- L'ascension hors de la caverne est le cheminement de l'âme qui quitte le monde des apparences vers le monde réel ; chacun doit purifier son esprit jusqu'à ce qu'il soit capable de voir es idées et le bien
- Les images et le ombres de la caverne représentent les apparences trompeuses du monde sensible
- Le monde du jour représente les idées ; le soleil représente l'idée du bien

Monday, June 26, 2006

AMOUR DESIR PASSION ET LIBERTE

PASSION :

Le terme passion vient étymologiquement du grec « pathos » qui définit ce que l'on subit par opposition à l'action, « tout ce que le corps fait subir à l'âme » ; c'est une émotion intense qui vous envahit et dont on « pâtit » ; une mise sous dépendance par un agent extérieur et rendant inapte à user de sa volonté ou de sa raison pour décider rationnellement de sa conduite.
Passion a aussi une racine latine : PASSIO qui signifie un état de souffrance physique, une maladie que l'on supporte. Ce mot est introduit par la pensée chrétienne, il désigne les Souffrances de JÉSUS- CHRIST, souffrance très violente acceptée jusqu'à la mort pour atteindre l'extase rédemptrice. Derrière cette notion il existe une idée de passivité volontaire ; une souffrance subie mais ardemment désirée afin d'atteindre une jouissance extrême ; Derrière cette apparente passivité il existe une forme de volonté quasi masochiste de baigner dans cette souffrance jusqu'à la jouissance.Dans le Dictionnaire Lalande la passion désigne « une tendance d'une certaine durée assez puissante pour dominer la vie de l'esprit ». La passion amoureuse en est l'illustration, mais dans ce contexte, elle s'apparente à une addiction ; une drogue qui peut disculper certains comportements obsessionnels liés à la possessivité : la jalousie, la violence au maximum le crime passionnel ; en fait cette passion amoureuse conduit à une attitude irraisonnée donc non pénale parce que la situation renvoie dos à dos 2 victimes l'une soumise à une influence indépendante de sa volonté donc non libre de ses actes et une autre subissant le tumulte de ce ou de cette passionnée jusqu'à cet acte délictueux ou du moins outrancier. La personne objet de cette passion se trouve à son tour privée de sa propre liberté. Sans créer de pléonasme, certaines passions amoureuses sont pathologiques comme on peut les observer dans certains troubles psychologiques tels que l'érotomanie.C'est un délire passionnel chronique lié à l'illusion durable d'être aimé par une personne, le plus souvent inaccessible ; ce trouble décrit dés le début du 20° siècle par Clérambault comme une psychose passionnelle ;
Elle évolue en 3 stades :
ESPOIR : la personne passionnée espère que son amoureux va déclarer ouvertement sa flamme ;
DECEPTION : la dépression peut conduire jusqu'au suicide.
RANCUNE : avec agressivité pouvant aller jusqu'au meurtre de la personne aimée.Cet état de passion a par conséquent une connotation péjorative :

- Les stoiciens donnent à cet état la valeur d'un trouble , de déséquilibre ; par son caractère irraisonné, la passion s'oppose à la sagesse ; l'emportement qui en résulte va à contrario de la raison philosophique. L'apathie ou indifférence complète aux passions est valorisée dans cette quête du savoir philosophique.

- Platon également pense que la passion ne peut être qu'à l'origine d'erreurs, mensonges ou illusions ;

- Descartes (Les passions de l'âme) insiste sur cette perte du sens critique liée à cette émotion dangereuse ; la passion est le fruit d'une action du corps avec une passivité de l'âme ; l'âme du passionné est asservie par le corps

- Kant également dénonce la passion comme une « véritable maladie » qui annihile notre volonté en assujettissant l'homme.

- Le christianisme au secours de la passion : Si le christianisme rejoint les stoiciens pour reconnaître que la passion amoureuse est dangereuse car elle nous détourne de nos vrais devoirs et nous prépare à de terribles souffrances , le christianisme valorise un amour transcendantal pour dieu ; cet exercice devient alors incompatible avec un attachement amoureux humain.C'est le cas notamment chez certains moines ; « moine» provient par ailleurs du mot « monos » qui veut dire seul ; la sagesse et la passion ne peuvent s'épanouir que dans la solitude.

- Les romantiques allemands vont revaloriser la passion comme moyens de dépasser la médiocrité humaine par la découverte de ressources de soi-même méconnue ; Cette passion permet de dépasser la finitude humaine par ce tremplin sur cette illusion d'infini. Mais le retour inexorable vers la finitude amoureuse entraîne un atterrissage brutal parfois désespéré
- Pour Hegel « rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion. » L'homme passionné est une heureuse victime d'une illusion « la ruse de la raison » qui lui permet de bâtir l'histoire. Les passions individuelles sont les « valets psychologiques » de « l'esprit universel ».

AMOUR :

Il est difficile de donner une définition au mot amour sans le restreindre dans des schemas trop restrictifs ;D'après le Dictionnaire, c'est un sentiment d'attirance, affective ou physique (sexuelle ) qu'un être éprouve pour un autre avec lequel il cherche à s'unir par un lien généralement étroit. J'ai retrouvé une autre définition qui me parait plus exacte sur le lien : www.cheztom.com/amour-tentative-de-definition-article1.html; c'est une définition extraite du livre de Scott Peck ( rencontres ) : aimer c'est vouloir faire grandir l'autre. c'est à dire se consacrer au développement et à l'épanouissement de l'autre par l'impression du caractère unique et irremplaçable de l'être aimé.Pour Comte-Sponville ( petit traité des grandes vertus ) il existe 3 types d'amour qui peuvent coexister pour un couple donné :

- L'amour EROS ; défini par Platon ; c'est l'amour conjugal avec toutes les nuances jusqu'à l'amour passion ; c'est l'amour possessif avec tout le cortège de souffrance qui en découle ;

- L'amour Philia défini par Spinoza ; c'est l'amour oblatif par opposition à captif ; c'est un amour qui pousse le sujet à se donner lui-même ; le but est le bonheur de l'autre dans le respect de l'autre ; dans cet amour, le couple s'épanouit par une bienveillance et une confiance réciproque ; c'est l'amour-joie car il exprime la satisfaction et la gratitude que l'autre existe.

- L'amour AGAPE ou sublime défini par les chrétiens ( agapé : est le repas du soir pris en commun par les premiers chrétiens et au cours duquel était célébré le rite eucharistique ). L'amour est transcendé , sublimé ; l'amour pur , gratuit, désintéressé, compassionnel est mis en valeur avec une connotation mystique ; on retrouve pour le partenaire un amour comparable à l'amour divin. En fait il n'existe pas 3 sortes d'amour mais un seul dans lequel toutes ces composantes peuvent s'exprimer simultanément ou alternativement ; A travers ce mot amour, on retrouve des notions très disparates voire antagonistes ; Bienveillance cohabite avec possessivité ; de même que générosité avec narcissisme, ou amour avec amitié ou charnel avec sublimeL'amour est « le besoin d'aller vers » ; c'est la pulsion qui nous conduit vers autrui pour atteindre un bien-être physique ou psychique ; l'amour associe une érection physique à une érection mentale

La Vision psychanalytique

Freud associe à l'amour une pulsion sexuelle ( la libido ) elle s'oppose à la pulsion de mort; la pulsion est inconsciente mais le désir manifesté est qui en découle est parfaitement conscient.Le désir sexuel est satisfait par l'acte sexuel ; mais la satisfaction complète est exceptionnelle d'où 2 types de réaction soit refoulement avec risque de conversion pathologique, soit sublimation par l'art, la religion etc ..le symbole amoureux un cœur transpercé par une flèche est une expression populaire de cette sublimation du sexe ; L'amour est le souhait d'être aimé par l'idéal du moi projeté sur la personne aimée En effet la pulsion amoureuse est modifiée par 3 notions :

- Le complexe d'oedipe : l'enfant doit renoncer en grandissant à ses premiers désirs (libido pour la mère et pulsion de mort pour le père chez le garçon ou l'inverse pour la fille ) ; mais le psychisme adulte reste marqué par ces pulsions expliquant l'attraction amoureuse pour des femmes ayant une analogie avec la mère ;

- Le narcissisme : c'est un report de la libido sur le moi à un stade précoce de l'enfant.( narcissisme primaire ) ; dans le narcissisme secondaire, on observe un repli de la libido sur soi consécutive à une perte d'objet d'amour extérieur ; l'amour est donc ce redéploiement de ce narcissisme primaire sur l'être aimé ; l'amour représente une tentative de restaurer cette unité narcissique ; cet amour de vient passion quand la personne aimée correspond totalement à l'idéal du moi ; mais cette illusion doit s'accompagner de la conviction que cet amour est réciproque ajoutant un narcissisme à un autre en l'amplifiant ; inversement en cas de rejet par l'objet aimé, le narcissisme est frappé d'une violente injure allant jusqu'à la dévalorisation totale ; cependant l'amour pou côtoyer la haine ; il existe une ambivalence de la pulsion ; L'amour entraîne une satisfaction narcissique mais en même temps il déclenche cette sensation de haine inconsciente de dépendre d'autrui. Cette haine s'exprimant par des tendances sado-masochistes.

- Le transfert

Par définition c'est le transfert positif : c'est le mécanisme, au cours duquel « un sujet en cure psychanalytique reporte sur son thérapeute les sentiments d'affection qu'il éprouvait primitivement, surtout dans l'enfance pour ses parents ou ses proches » (dictionnaire de l'académie ).
Les mécanismes de transferts apparaissent dans la relation amoureuse ; le seul fait d'être à l'écoute du partenaire, de lui manifester soutien et empathie suffit à augmenter la puissance amoureuse ; ce sentiment de confiance va révéler cet amour primitif pour ses parents. Il est clair que dans ce cas l'idéal du moi va être transféré sur la personne objet ; et les éléments narcissiques vont être prédominants ; l'autre devient un paravent à l'angoisse. Ce dialogue de couple pseudo psychanalytique pourrait être un excellent préliminaire avant un acte sexuel. La connaissance de l'autre est un démultiplicateur de la puissance amoureuse. On passe vite de la spéléologie de l'âme à la spéléologie du corps ;

LA LIBERTE

La liberté a trois sens :

le libre arbitre : c'est la faculté absolue de se déterminer soi-même dans son action, sans être dirigé dans son choix par toute cause déterminante.

La liberté de spontanéïté : s'oppose non pas seulement au déterminisme mais à la contrainte ; c'est la capacité pour une personne de choisir sans qu'aucune cause extérieure ne l'y contraigne donc dans une entière contingence ;

La liberté de la Raison : s'oppose à la passion, , c'est un état de celui qui agit à la lumière de la raisonExercer son libre arbitre n'est pas nécessairement exercer sa liberté ; inversement exercer sa liberté exige d'exercer son libre arbitre.La liberté pourrait être l'affirmation de sa propre nature ; Spontanément l'homme voudrait une certaine forme de bonheur ; la liberté de faire ce qu'il veut quand bon lui semble ; cela implique la possibilité d'imposer tyranniquement ses décisions contre tout et tous. La liberté est donc la faculté d'être soi-même en s'opposant à toutes les entraves à son bonheur.

Le DETERMINISME :

Nos envies, nos pulsions sont déterminées par différents éléments :

1° Les influences hormonales Une stimulation exogène peut déclencher une sécrétion hormonale à l'origine d'un comportement adapté ; une baisse de la volémie ou une ingestion excessive de sel va être à l'origine d'une sensation se soif qui va déclencher une action volontaire de boire.Dans les 50 premiers jours de la vie, le nouveau né masculin secrète de la testostérone, hormone mâle, qui va développer une zone cérébrale appelée aire pré-optique de l'hypothalamus ; cette sécrétion va induire des comportements plus agressifs, plus « sexuels que affectifs. » que la femme, une plus grande sensibilité aux stimulations visuelles ou olfactives.On a souvent accusé la testostérone d'avoir un rôle dans l'agressivité ; mais en synergie avec d'autres hormones comme l'adénocorticotrophine, la prolactine, l'œstrogène, la progestérone et l'adrénaline ;Ce déterminisme, déduit du comportement animal, est conforté par certaines observations :
- il y a beaucoup plus d'hommes que de femmes condamnés pour des crimes violents
- la prise d'anabolisant dans le sport à des fins de dopage entraîne une volonté exacerbée proche de l'agressivité ;
- les hommes condamnés pour des crimes violents ont des niveaux plus élevés de testostérone que les hommes non criminels ou que les hommes condamnés pour d'autres crimes Cependant lorsque l'on emploie des drogues pour réduire le taux de testostérone, on ne modifie pas le taux de récidive ; En fait le taux de testostérone est impliqué mais son rôle n'est pas principal ; plus l'espèce est évoluée avec une organisation sociale évoluée, plus cette socialisation et l'éducation vont tempérer ces comportements primaires.Chez la femme, il semble que la testostérone joue un rôle dans l'excitation sexuelle en particulier pendant la période menstruelle

2° Les influences éducatives

L'éducation confère une certaine morale qui va inhiber certains comportements réprinés par cette morale ou induire d'autres comportements adaptés à la vie en société ;Les principes moraux sont propres à une société ; ils obéissent à des règles culturelles et cultuelles ;

3° Les influences sociales

La liberté de mon plaisir ne connaît théoriquement pas de limites ; la société humaine va cependant imposer des contraintes de nature à préserver la liberté d'autrui ; notre liberté s'arrête là où commence celle des autres ; la justice va réprimer certains comportements asociaux en référence à un code de bonne conduite.

4° Les influences du vécu

L'expérience de la vie a conduit à l'établissement de réflexes ; d'association d'idées entre une situation et un comportement ; l'attraction du feu des enfants est tempérée par l'expérience de la brûlure ; l'instinct de survie va nous détourner des situations à risques ou nous apprendre à les contourner ;Sur le plan affectif, le vécu dans l'enfance va conditionné considérablement la vie amoureuse ultérieure ; on sait l'importance de l'influence de l'amour parentale dans l'établissement des schémas amoureux ultérieurs ;

5° Les influences de l'inconscient

L'inconscient est l'ensemble des réalités psychiques qui échappent à la conscience ; dans la théorie psychanalytique, l'inconscient est le siège de toutes les pulsions et désirs refoulés ; ceux-ci vont s'exprimer par le rêve et peuvent influencer nos actes et donc notre liberté Le fantasme est l'expression de toutes ces situations suscitées par nos désirs inconscients ; ils jouent un rôle important dans la vie amoureuse.L'inconscient peut être manipulé par des menaces externes : les images subliminales. Elles sont constituent une atteinte à notre liberté ;

Images subliminales : ce sont des informations qui parviennent directement à l'inconscient ou au subconscient sans passer par l'esprit conscient ; elles peuvent visuelles ou auditifs ;Les images subliminales sont des images dissimulées dans une image fixe ; ou des images brèves et "masquée" par d'autres images qui la précèdent, qui la suivent ou qui l'entourent.( 1 des 24 images à la seconde du cinéma ou 25 à la télévision )L'œil les voit à l'insu du cerveau ; ces images ont été utilisées à des fins marketing (vendre du coca cola ) ou pour une manipulation électorale ( François Mitterand aurait bénéficié d'image subliminale sur le journal Antenne 2 ou Georges BUSH en 2000 )ou à des fins sectaires ( l'église de la scientologie a été accusée de telle manipulation ).

6° L' influence de notre patrimoine génétique

Les traits de caractère de chacun est déterminé par ses gènes ; l'agressivité, la paresse, la dépression pourrait avoir un support génétique ; ce déterminisme génétique pourrait justifier un certain fatalisme ; on a accusé le caryotype XYY d'être une prédisposition à la délinquance.

Au total ce déterminisme quel que soit sa nature serait de nature à disculper de sa responsabilité. La responsabilité est directement liée à la liberté ou au libre arbitre.En fait cette notion de libre arbitre est une caricature de la liberté car les influences que subit un individu sont composites ; ces influences vont être le plus souvent soumis à la réflexion qui va intégrer les causes et conséquences de nos actes et proposer une attitude consentie en toute clarté.La Liberté devient donc la capacité de choix réfléchi et non contraint par nos penchants.( Kant ).

Etre Libre suppose de prendre d'abord du recul par rapport à nos désirs puis après délibération réfléchie une autodétermination face à ces désirs.

La liberté s'oppose donc à la spontanéité.

PASSION et LIBERTE

D'après la définition de la passion, il apparaît évident que le passionné n'est pas libre ; La passion est un élément que l'on subit ; c'est donc une mise sous tutelle par un agent extérieur et rendant inapte à user de sa volonté ou de sa raison. Le point de départ est le DESIR ; il n'est pas de passion sans désir ; Mais en devenant exclusif, le désir devient passionnel ; la conscience est envahie par ce désir qui devient OBSESSIONNEL ; la conduite devient déterminée par une idée fixe nourrie de Fantasmes de son objet ; Le passionné se déconnecte en permanence de la réalité pour demeurer dans cet état passionnel ; cet état paroxystique, ce TSOUNAMI émotionnel avec toute l'énergie qu'il comporte entraîne une perte du jugement.Cependant sans revenir sur le thème de l'érotomanie, la passion implique un minimum d'accord de la personne concernée ; cette adhésion conforte cette passion et s'intègre dans un narcissisme réciproque ; Mais cette « vague » amoureuse va submerger l'objet au point de le noyer ou du moins l'emprisonner dans une construction psychique qui lui échappe ;La passion exclut tout compromis ; l'objet sublimé doit prendre place dans cette construction fantasmatique qu'il doit tenter d'apprivoiser pour survivre ;L'amour passionnel est donc le contraire de l'amour raisonnable ; bati sur une impulsion viscérale, il est irréfléchi ; il s'exprime par une conduite excessive, inattendue et le plus souvent insencée ; Il se porte sur la personne objet sans discernement, sans réflexion ; En incarnant l'idéal de ses attentes, cette personne objet va être enfermée dans un schéma préexistant sublimé ; un amour imaginaire ; Il existe un une forme d'envoûtement volontaire par un futur impossible ; le passionné se complait dans ce monde imaginaire car il redoute le retour de la réalité ; Episodiquement, le passionné éprouve cependant une semi lucidité en prenant conscience que ce n'est pas l'autre qu'il aime mais tout simplement être amoureux. Du fait de cette exclusivité, le passionné a la conviction de la propriété de l'autre ; tout écart peut être à l'origine de violence pur cet autre qui a failli à son devoir de possession ; cette violence inspirée par la jalousie est en fait l'expression de cette haine de SOI retournée contre l'autre ; cette haine résulte inconsciemment de cette dépendance addictive ; La souffrance infligée à l'être aimé est la traduction de cette souffrance intérieure avec souvent une pulsion de mort. On peut aussi bien aimer passionnément que haïr passionnément d'où l'ambivalence constante inhérent à cette Energie. Cette vision négative de la passion réduite au rang d'addiction a inspiré pendant longtemps la philosophie qui inversement est en quête de la sagesse ; Cette connotation péjorative doit cependant être nuancée : La passion est un peu comme cette énergie nucléaire dont la puissance fantastique permet de produire aussi bien un effet destructif considérable que de l'énergie domestique au service de l'homme.Cette énergie peut constituer un moteur qu'il faut maîtriser, une formule 1 dans les mains d'un pilote chevronné. Classiquement l'autre est réduit au stade d'objet dont le rôle est de satisfaire aux attentes de l'EGO de ce passionné.cependant si à cette passion, était associée, quand cela est possible, une baisse de ce narcissisme originel, une prise de conscience de l'altérité de l'autre, un respect de son identité, La passion laisse alors place à la Compassion voire à la CO-PASSION ; Cette liberté d'aimer ne peut s'exprimer que si cet amour le rend heureux ; cette énergie formidable propre au passionné alors domestiquée sera de nature « à soulever des montagnes ». La souffrance, déclenchée par les tentatives de l'autres à assumer son altérité, peut être apprivoisée par l'exercice d'autres passions ; la concentration sur d'autres centres d'intérêt va permettre une positivation de la situation ; un contrôle subtile de son égo ; Les Passions sont donc peut être le remède de la passion ; La tradition philosophique s'est souvent opposé à la passion vue comme un esclavage consenti ; Les Epicuriens ont fait l'éloge de L'ATARAXIE et les Stoiciens de l'APATHIE . Ces 2 notions voisines désignent un état qui n'est ni actif, ni émotif ; ce terme n'avait pas le sens négatif actuel, l'apathie désignant cette sagesse, cette tranquillité intérieure. La passion retrouve ses lettres de noblesse en donnant à l'homme la faculté de se dégager de la médiocrité ordinaire de la condition humaine. Elle permet de renoncer, au moins passagèrement au quotidien insipide et à la répétition monotone de geste que la raison nous impose sous le prétexte du libre arbitre ou du devoir à accomplir.

AMOUR ET LIBERTE

Le sujet est plus vaste
Ces 2 termes ayant été préalablement définis, la difficulté réside dans la dimension et le polymorphisme de la notion d'amour.

L'AMOUR EST EN GENERAL LE CONTRAIRE DE LA LIBERTE

C'est une prison dans la quelle notre enfermement est librement consenti au profit d'une symbiose, d'une comensalité, un bonheur attendu.L'exemple type est le COUPLE FUSIONNEL ; Ce couple réunit 2 individualités qui ont en commun un manque réciproque et complémentaire ; Les 2 personnalités comblent leur insécurité individuelle par une relation de CO-DEPENDANCE. La céllule devient une unité autarcique qui rend difficile tout lien avec tout être extérieur ; Ce type de couple des sentiments ambivalents sur l'entourage
- insupportable le plus souvent du fait de l'inutilité d'autrui
- admiration teintée de jalousie pour les infortunés d'un tel bonheur apparent.Ce lien privilégié a pour conséquence la sensation de manque en cas d'absence de l'autre ; on retrouve cette dépendance addictive envisagée précédemment avec tous les mécanismes visant à faire perdurer cette dépendance.La principale menace est le TEMPS ; après érosion de cette première phase d'excitation, la volonté de préserver cet amour fusionnel rend nécessaire des stimulations plus fortes pour le réactiver ;
- Dans le cas le plus simple, une décroissance symétrique chez les 2 partenaires va faire naître un nouveau type de relation plus durable basée sur la complicité, l'amitié, le développement de projet commun.
- En cas de dissymétrie de cette corrosion, l'unilatéralité de cette décroissance va faire naître une certaine souffrance qui va s'exprimer par de la jalousie.Sans évoquer la jalousie morbide, des mécanismes de protection du couple vont se développer dans le but de retenir l'autre :

1° - La réaction la plus primaire est la dissimulation du partenaire ; hors de portée de tout rival qui sera automatiquement critiqué

2° - On pourra exiger l'exclusivité du temps de l'autre en le rendant indisponible à tout autre activité ( grossesse répétée, présence constante des enfants ..)

3° - On pourra provoquer la jalousie de l'autre par le jeu de la séduction d'autrui

4° - mettre en valeur ses atouts :

PHYSIQUES : amincissement, relooking, bronzage, port de vêtement affriolant agrémenté de streaptease de qualité professionnelle.
FINANCIER : cadeau de bijoux somptueux, voyage dans des destinations mirifiques
INTELLECTUEL ET MORAL : la mise en avant d'un grand savoir et d'un savoir faire ( compétence aux massages des pieds, aptitude à résoudre les tracasseries ordinaires )

5° - Emettre des signes de possession
- Tendresse verbale agrémentée du possessif (ma chérie, ma libellule,mon amour etc. )
- signaux physiques : tenir la main ou tenir par le bras
- Le port d'objet distinctif ( vêtement spécifique offert en cadeau, port d'une alliance ou pire d'un tatouage.

6°- Les signes sont parfois négatifs voire coercitifs
- en dépréciant l'autre ou en manifestant des réactions de violence verbale ou physique.
- En menaçant les rivaux ou en les agressant.


LE COUPLE INDEPENDANT

Il s'oppose point par point au couple fusionnel . Il se constitue de 2 électrons libres « sexuellement et émotionnellement ». Le principe est l'égalité, le respect de l'autre ; nul n'impose son désir à l'autreLes décisions sont logiques, raisonnées Une réévaluation régulière de la relation permet sa poursuite dans le cadre d'un intérêt réciproque ; c'est « un amour confluent ». Cet amour bien que basé sur un attachement tolère l'infidélité passagère tant que l'autre en est informé ; il n'est pas exclusif ; il s'oppose en cela à l'amour romantique.L'infidélité rappelle au partenaire accoutumé qu'on demeure toujours désirable et qu'il existe une menace d'attachement exogène. L'élément tiers devient un vecteur d'inquiétude donc de désir ; à moins que l'insécurité provoque une inhibition paralysante. Inversement le libertinage peut être accepté comme un remède ; je ne peux interrompre la course de la roue qui dévale le long de la pente, cependant je peux la contrôler en courant dans la même direction ; Si on se trompe tout de suite d'un commun accord, cela n'arrivera pas plus tard dans la clandestinité ; Mais ce type d'union n'échappe pas non plus à la rupture mais préserve la liberté ; c'est l'adultère maîtrisé ; en dehors de toute notion morale, le risque d'attachement à autrui demeure cependant présent dés que la source de plaisir devient addictive ; Il n'est rien à craindre d'un rival minable, inversement un rival de qualité, estimable sera source d'inquiétude, une jalousie dévastatrice pourra naître de que la nouveauté est apte à produire. L'attachement à quelqu'un devient durable si les sources d'attachement sont autres que sexuels ( sans nier leur importance ) ; Les passions communes, les objectifs communs comme construire sa maison, voyager, élever sa famille, les credo religieux ou caritatifs sont autant de catalyseur de la persistance de l'attachement.

BASES NEUROPHYSIOLOGIQUES DU DESIR

à suivre

SOCRATE


SOCRATE ( 469-399 )

Socrate a vécu à Athènes au V° siècle avant JC ; Il est considéré comme le fondateur de la philosophie grecque; Il est le seul philosophe à n'avoir rien écrit et pourtant nombreux sont les philosophes qui se réclament de sa pensée ( Platon ) en la retranscrivant indirectement. Socrate est devenu un personnage quasi légendaire Il est issu d'un père Sculpteur et d'une mère sage femme. L'oracle de Delphes le désigna comme l'homme le plus sage et le plus savant d'où l'impression d'une mission divine ; Platon, son disciple, l'a souvent présenté comme préoccupé à mettre à l'épreuve ses concitoyens par d'inlassables questions ; en fait sa technique repose sur l'ironie ; il feint d'être ignorant de tout, « la seule chose que je sais, c'est que je sais rien. » ; face à son interlocuteur, quel que soit le problème posé, il n'essaie pas de le persuader en développant une thèse ; Contrairement aux sophistes, sa force est d'interroger et d'avancer pas à pas vers le concept recherché ; de questions en réponses, il met en lumière les contradictions de son interlocuteur ; Il fait réaliser à son interlocuteur que ce qu'il prend pour connaissance n'est en fait qu'une opinion ; L'art de la MAIEUTIQUE : Socrate aime accoucher les esprits ; Socrate n'enseigne rien mais par sa dialectique, il procède à l'accouchement des esprits ; il les assiste dans leur approche successive comme une Sage Femme assiste une femme enceinte ; A partir du moment où le dialogue s'engage dans une voie sans issue (APORIE ) le dialogue pédagogique peut commencer à la recherche du savoir vrai.Cependant cette ironie socratique lui a valu bien des ennemis et lm'admiration de beaucoup de jeunes de la cité.

LES PRINCIPES SOCRATIQUES

1° - L'art de la dialectique

c'est une exhortation à mettre le savoir humain à l'épreuve et à déterminer le bien inhérent à l'homme ; Il définit l'ARETE d'une chose : c'est l'aptitude d'une chose à devenir ce pour quoi elle est faite.Le bien c'est donc l'arété spécifique de l'âme humaine ( partie divine et raisonnable de celle-ci ); Cette connaissance de soi permet la vertu, la conduite juste avec ses semblables ; Ce contact avec ses semblables apprend à Socrate que tous croient savoir ce qu'est le bien et la vertu ; mais en réalité, ils sont prisonniers d'un savoir apparent qui ne résiste pas à une analyse stricte ( LE LOGOS ou raison ).

2° - Personne ne fait le mal volontairement
Toute mauvaise action provient de la méconnaissance du bien et du mal. Connaître le bien, c'est le faire ; on ne peut pas faire le mal pour le mal ; On agit toujours pour le bien, en particulier le sien propre ;

3° - La recherche du Concept
Derrière le cas particulier, Socrate recherche la valeur universelle, ESSENTIELLESi une idée est vrai, elle doit l'être dans toutes les applications ; il s'intéresse à ce qu'est le beau le juste et pour cela il faut connaître l'essence d'une vertu ; il faut posséder des critères fiables universels aptes à la définir.

4° - La connaissance nécessite une connaissance préalable
La recherche d'un savoir implique un savoir de base préliminaire.

5° - Il est meilleur de subir l'injustice que de la commettre

6° - La liberté est la maîtrise de ses passions
La liberté n'est pas seulement faire ce que l'on veut, mais maîtriser les passions qui nous conduisent à faire certains actes ; même le tyran, victime de ses passions est le moins libre des hommes

7° L'unité des valeurs morales
Il affirme l'unité des valeurs morales théoriques, esthétiques ; Le bien, le vrai, le beau sont interchangeables. Il n'y a pas de différence entre réussir, être heureux et bien agir ; beauté intérieure et extérieure sont liés. ( A noter que Socrate avait un physique assez repoussant ; sa sagesse contraste avec sa laideur

LE PROCES DE SOCRATE

Suite aux guerres du Péloponnèse ( contre Sparte ), Athènes ressort ruiné ; Socrate est victime d'un règlement de compte politique ; on accuse Socrate de blasphémer et de corrompre la jeunesse ( Socrate ne reconnaît pas les dieux de la cité, il veut en introduire des nouveaux, il corrompt la jeunesse )Socrate disait entendre la voix d'un démon ( DAIMON ) une puissance supérieure qui n'est autre que sa conscience morale ou son surmoi ( signe du caractère divin de l'âme ).« Mes accusations ont le pouvoir de me tuer, ils n'ont pas celui de me nuire. » Il fut finalement condamné à mourir par le poison ; Il est mort en martyr fidèle à ses principes. Socrate n'a pas fondé d'école, mais 2 courants philosophiques se réclament de lui :

- Les CYRENAIQUES Transforment la recherche du bonheur ( eudémonisme ) en recherche du plaisir( HEDONISME ; Aristippe )

- Les CYNIQUES méprisent à l'extrême ce qui est matériel : DIOGENE de Synope )