Monday, April 30, 2007

Origine de la Religion

Origine de la religion

DEFINITIONS :

Etymologie :
- Incertaine selon E.Benveniste dans le vocabulaire des institutions indo-européennes 1969
- Selon certains auteurs chrétiens comme Lactance et Tertullien, le terme religio vient du mot latin : « ligare » ou « religare » : qui signifie lier ou relier ; la religion serait le lien entre l’humain et la divinité c’est à dire une relation de piété avec Dieu , l’homme assujetti à Dieu par son acte de foi exprimerait par la religion sa dépendance envers un principe supérieur ;
- Autre origine évoquée par Cicéron : religio serait associé à « ligere » qui signifie cueillir, ramasser ou « religere » qui signifie recueillir; « religion est synonyme de scrupule, de soins méticuleux, de ferveur inquiète » ; dans cette perception, la religion évoque cette idée de scrupule, de zèle dans l’observance des rites avec leur caractère par essence répétitif ;
- Religion renvoie à 2 aspects : la croyance en un être divin transcendant et des pratiques cultuelles dans un système donné ;
- La croyance : adhésion spirituelle à un pouvoir, un principe supérieur de qui dépend la destinée et à qui obéissance et respect sont dus ;
- Cette croyance repose sur une conviction personnelle , intime, sans support rationnel ; cette manifestation de dieu à la conscience de l’homme est la révélation et sa conséquence est la foi;
- Cette expérience est de nature émotionnelle, affective ; issue d’une intuition, elle se transforme en vérité inébranlable, parfois l’objet de dogmes ou de rationalisations ;
- L’expérience du sacré exerce sur l’individu une force puissante, terrifiante, bouleversante en même temps que attrayante et envoûtante ; cette irruption du sacré dans la conscience entraîne une pénétration dans une nouvelle dimension ; la manifestation de la révélation est comparable à celle du « coup de foudre » , de la passion amoureuse à l’origine d’un bouleversement prodigieux de toute l’existence ;
- Cette rencontre est sublime, à l’image précisément de nos attentes et donc d’une puissance indéfectible ; la question reste donc de savoir si Dieu a créé l’homme ou si, au contraire, c’est l’homme qui a créé Dieu, à son image ( anthropomorphisme ) avec une dimension supplémentaire d’infinitude et de grâce ; qualités auxquelles l’homme aspire dans son imaginaire ;
- Les pratiques cultuelles sont les manifestations exotériques des religions ; elles font appel à :
des prières, des chants liturgiques, homélies, sacrifices, pénitences et cérémonies initiatiques ( baptême, circoncision) ; ces traditions propres à chaque religion sont souvent le reflet de ces sociétés ; elles sont transmises et adaptées de génération en génération ; l’unité de transmission est le binôme maître-élève avec comme support la loi orale ou écrite ; la loi orale a comme supériorité la modularité en fonction des siècles, et l’impression pour celui qui en a hérité d’être détenteur d’un savoir prodigieux mais périssable d’où la mission de le transmettre à nouveau selon la même séquence d’initiation.
- Mais peut-il y avoir de religions sans croyances ?
Par définition la religion présuppose la croyance quelle que soit sa forme , mystique ou conceptuelle ;
- Cependant les religions définissent souvent une entité ethnique socioculturelle ; l’élément cultuel devient un élément d’intégration dans ce groupe ; un moyen de reconnaissance dans une certaine identité et par la même une acceptation par ce groupe ; cette attitude suppose une certaine vulnérabilité , une dépendance, non pas d’une divinité supérieure, mais d’un groupe dans lequel on s’épanouit en apparence ;
Pour Durkheim que nous reverrons, certaines religions comme le bouddhisme peuvent reposer sur une absence d’idée de dieux ou d’esprit ; à ce titre on peut considérer le bouddhisme comme une philosophie athée ; il existe des rites sans Dieux et également des rites d’où dérivent des Dieux.

Physiologie de l’HOMO RELIGIOSUS

Il est très difficile de définir l’origine du processus religieux ; il est probable qu’il date de moins de 100 000 ans, à l’ère du Neandertal où on retrouve les premiers cultes des morts avec les premières sépultures ;
On peut considérer, en effet, que deux éléments traduisent le sentiment religieux : le culte des morts et l’expression artistique sur les parois des cavernes ; cette dernière étant plus caractéristique de l’Homo sapiens ;
La mort, la crainte des phénomènes naturels et l’inconstance des moyens de subsistance par le fruit de la chasse ont éveillé en l’homme un sentiment d’insécurité, de vulnérabilité qu’il a fallu dépasser par des prières, des rites, des sacrifices ; la religion primitive est un dialogue de sourd entre le naturel et le surnaturel ; elle fait appel à 2 croyances au moins : L’animisme et le chamanisme ;

- L’Animisme est la croyance selon laquelle la nature au sens large ( les choses inanimées y compris ) est régie par l’existence des Ames ou des Esprits ; certains êtres peuvent ainsi réapparaître lors d’hallucinations ou de rêves ;

- Le Chamanisme fait intervenir un médiateur, le chaman ( sorcier, devin ), entre les Esprits et les humains ;
Par le biais de la vision ou de la transe, le Chaman est susceptible de rentrer en contact avec l’autre monde ;
Le chamanisme semble être à l’heure actuelle l’idée la plus adaptée pour expliquer l’art et les pratiques paléolithiques ; c’est la conclusion d’un spécialiste de l’art rupestre : Jean Clottes www.futura-sciences.com; Chamanisme paléolithique : fondement d’une hypothèse
Cette vision devait certainement correspondre à une attente car la croyance chamaniste s’est propagée à tout le nord de la planète ; l’Asie, la Sibérie, la Scandinavie, le Canada, tout le Continent Américain ;
Cette première phase animiste de l’humanité trouve son fondement dans le caractère énigmatique des phénomènes naturels et l’insuffisance de l’explication « rationnelle » ; l’inexplicable cesse de l’être si on introduit une nouvelle dimension : l’invisible, le surnaturel ; les rêves, les visions de l’extase, le comportement étrange des crises comitiales sont interprétés comme des représentations de phénomènes extérieurs à l’individu ; une possession par des esprits ; d’où la place des magies blanches ou noires ;
- La magie blanche pour l’usage positif thérapeutique de la magie (désenvoûtement)
- et la magie noire dans le domaine du néfaste (vengeance, envoûtement) ;
Dans toutes ces magies, l’objet se trouve affublé de propriété fétichiste et le prêtre ou le sorcier sont auto investis d’un pouvoir social et religieux ; les médiateurs de ce pouvoir sont l’acte sacré qui est théâtralisé ( magie gestuelle ), la parole, qui associée à l’acte permet l’incantation ( magie du verbe ); les ingrédients de la religion primitive se trouvent ainsi réunis avec pour finalité la résolution des angoisses et des énigmes ;

Les déluges de la période de la fonte des glaces et les pluies diluviennes de la fin de la dernière glaciation ont influencés la pensée religieuse qui imaginait que des dieux jaloux menaceraient une espèce humaine coupable par son comportement ( Kronos qui mange ses enfants, le déluge de la bible avec l’arche de Noé ), par ailleurs l’essor de l’agriculture avec les cycles naturels des saisons permettent le développement des thèmes de l’Eternel Retour : résurrection, régénérescence et transmigration des Ames ;
Le travail est la conséquence de la relation de soumission de l’homme face aux dieux ;
L’élevage prend également naissance et un animal prend une place de choix : le Taureau ; il incarne, depuis la préhistoire, la fécondité, la puissance sexuelle et la force physique ; ce culte du taureau s’est prolongé dans les religions égyptienne et indienne ( vache sacrée ) et dans les rites de Mithra ;
Avec la satisfaction des besoins vitaux, l’homme va se dégager de son animalité ; la religion va se libérer de sa culpabilité originelle en élevant la réflexion ; le rôle politique de la religion permet le renforcement de l’ordre social ;

Sociologie du processus religieux

Pour Emile DURKHEIM ( 1858-1917 ), sociologue et philosophe athée néokantien, , le TOTEMISME est la forme primitive de la religion ;
Durkheim s’intéresse à la sociologie du fait religieux en prenant un modèle à portée universelle : la religion des anciens polynésiens et celle des Aborigènes australiens.
le totémisme est une organisation tribale, clanique fondée sur le totem ( objet qui sert d’esprit protecteur au clan) ; la division sociale en clan est bâtie sur l’ordre religieux ( la croyance totémique ); ordre social et ordre religieux sont en concordance directe ; l’individu ,en s’incluant dans le sacré, peut s’identifier à ce totem collectif et se différencier des autres clans ;
La vie religieuse suppose une force prodigieuse qui émane en fait de la société ; « si ( le totem) il est, à la fois le symbole de dieu et de la société, n’est-ce pas que le dieu et la société ne font qu’un ? » ;
L’origine du fait religieux serait donc un anthropocentrisme ou plutôt un socio-centrisme
Le phénomène religieux a pour finalité d’élever l’individu au-dessus de lui même tout en en le liant aux autres individus de cette communauté spirituelle ; la société n’est pas seulement la source de la religion mais également de toute la pensée logique, ou scientifique.
Durkheim donne la définition suivante du processus religieux : « un système de croyances solidaires et de pratiques relatives aux choses sacrées(…) qui unissent en une même communauté morale, appelée église, ceux qui y adhèrent » ; dans cette définition il n’est pas fait allusion à une quelconque divinité ; la religion a pour origine la société elle-même ; la religion est définie comme un fait social, antérieure à la naissance de l’individu, extérieur à celui-ci et persistant après sa mort ; elle n’est pas fondée sur des phénomènes d’illusions (illusionnisme développé par Max Muller 1873 ) ou d’hallucinations ( théorie de l’animisme développé par Tylor ) ;
Durkheim fait un parallèle entre Dieu et la société ; Dieu ne serait qu’une transfiguration inconsciente de la société ; loi sociale et loi divine ne font qu’un en contrôlant l’action à 2 stades différents ;la loi sociale réprime des actes délictueux commis, la loi divine réprime des délits commis au stade de simple pensée ; enfin s’il est possible d’échapper à une sanction judiciaire, il paraît impossible d’espérer une impunité de la loi divine omnisciente ;
la société peut exercer sur l’individu son pouvoir contraignant en prenant appui sur l’élément abstrait et transcendant de la religion ; l’intériorisation mentale des normes définies par l’ordre social permet ainsi la conservation, et la transmission de cet ordre. La religion ne serait plus alors une relation entre l’homme et la divinité mais une relation sociale bâtie par ce ciment religieux ; l’effort de Durkheim a été de montrer cette correspondance entre ciment social et ciment religieux ;
la pensée religieuse semble fondée sur la dualité entre le temporel et le spirituel ; le sacré et le profane ; le sacré, protégé par les interdits, qui utilise de nombreuses représentations comme les croyances, les mythes ,les dogmes, les légendes ; et le profane qui subit l’influence normative de la morale religieuse.
La pensée religieuse évolue progressivement vers une conceptualisation ; Le polythéisme païen va laisser la place au monothéisme judéo-chrétien et islamique ; le monothéisme conçu comme un système universel s’imposera à une grande partie du monde comme une vérité dogmatique ;
La confiance absolue en la parole révélée par l’Homme-Dieu, le Christ, est l’élément moteur de la foi dont le principal ennemi est l’exercice de la raison héritée de la philosophie grecque; la priorité est l’humilité religieuse face au Logos divin ;
On oppose 2 types de religion même si l’opposition n’a pas été constante ; les religions fermées comme le judaïsme qui édifient une forme de rempart protecteur l’isolant de l’environnement extérieur et les religions ouvertes comme le christianisme qui ont la volonté de transmettre un message divin à l’univers et qui par conséquent auront une tendance prosélyte ;
Ainsi la pensée religieuse devient conquérante et va se tourner vers les religions païennes ou animistes pour les assimiler ; La pensée fétichiste n’est plus réellement un obstacle au christianisme ; un compromis, voire un syncrétisme, s’établit avec la vision organique des Dieux païens ; la matérialité de DIEU s’exprime en particulier au travers de la conception de l’homme-Dieu ;
S’opposant au Judaïsme originel, le christianisme donne au sacré une représentation concrète, matérielle compatible avec un polythéisme général muté en monothéisme ; Une nouvelle dimension spirituelle apparaît ; Dieu n’est plus cet être jaloux , puissant, et violent qu’il faut honorer pour ne pas déclencher ses foudres mais un être compassionnel, bienveillant, paternaliste ;
La magie, l’animisme sont alors refoulés pour demeurer à l’état endémique dans la conscience, et ne s’exprimer que comme une expression archaïque ou un atavisme ;
Le message religieux révélé est L’AMOUR sublime ; l’amour en Dieu source du salut, victorieux de la mort ;
La « bonne nouvelle » c’est l’immortalité non seulement des âmes, mais des corps ;
La récompense pour une manifestation terrestre immédiate d’amour pour Dieu et pour l’Homme , est la promesse d’une résurrection ultérieure et une immortalité post-mortem ;
Mais les progrès de la science et de la rationalité vont être les principaux éléments à l’origine d’un bouleversement de la pensée religieuse et de la remien cause des Dogmes ; le point de départ est l’ouvrage de Copernic sur Les Révolutions des orbites célestes et les thèses de Galilée sur Les rapports de la terre et du soleil ;
Au XV° et XVI° siècle , on remet en doute les croyances de l’Eglise ; l’âge de la terre, la situation de la terre par rapport au soleil, la naissance de l’homme ; la cosmologie en général ; la Vérité religieuse perd ses fondements provoquant une véritable désorientation, une perte des repères ; par extension, les théories du Salut perdent toute crédibilité ;
Une révolution éthique voit le jour basée sur une forme de religion sans Dieu ;
Dieu est mort mais une nouvelle conception des rapports entre les hommes s’impose ; il faut conserver de la religion les bases morales à l’origine du droit politique et social ; l’expression de cette éthique est un nouveau système non plus révélé mais acquis : l’humanisme ;
Quant à Dieu, il appartient à chacun dans sa sphère privée d’y croire ou non ;
Pour Montesquieu , la religion est intéressante non pas en raison de la portée de sa vérité mais par son adéquation à une forme de gouvernement ; le protestantisme serait plus adapté à la république ; le catholicisme à la monarchie et l’Islam au despotisme.
Rousseau pense que la religion relève de la sphère individuelle , mais il va définir une religion civile ou naturelle reposant sur 3 dogmes :
- l’existence de Dieu
- l’immortalité de l’âme
- la liberté de l’homme
il s’agit en fait d’une religion civile basée plus sur le sentiment que sur la transcendance ; le Dieu de Rousseau, proche à ce niveau de celui de Spinoza, est immanent ; et la religion naturelle, élément minimum commun à une société, a cette supériorité d’être l’expression de la seule raison ; par sa nature, elle devient un rempart contre l’intolérance et la superstition ;
La religion civile n’a qu’un seul dogme « négatif » : l’exclusion de tout culte intolérant.
la religion de Rousseau, ni chrétienne, ni matérialiste, est indispensable car la nature humaine ne peut se débarrasser de Dieu, garant du « contrat Social »;
Chez KANT On retrouve, la conception d’une religion morale ; une religion avec « une église invisible » qui prêche un comportement moral désintéressé ; ce n’est plus Dieu qui est transcendantal mais ce comportement ;
On ne peut démontrer l’existence de Dieu par des preuves rationnelles ; il décrit les 3 paralogismes de la théologie rationnelle pour les contester:
- la preuve ontologique de Descartes : « Dieu possède toutes les perfections, or l’existence est une perfection, donc dieu existe » ou « si dieu n’existait pas il serait imparfait, or dieu est parfait, … donc dieu existe » or l’affirmation d’une existence ne peut être que le produit d’une expérience et non d’un concept ;
- la preuve cosmologique : tout effet a une cause ; or si le monde existe, c’est qu’une cause première, appelée Dieu, l’a créé ; mais qui a créé Dieu ?
- la preuve Téléologique : si Dieu n’existe pas comment expliquer l’ordre du monde ? un monde aussi harmonieux ne peut être le fruit du hasard ;
mais rien ne prouve que le monde a une finalité unique ; l’existence d’un être suprême est tout aussi indémontrable qu’irréfutable ;
Cependant pour Kant, la religion est un facteur d’espérance ; même s’il n’est rien à attendre d’une vie conduite dans le respect de la loi morale, la justification de cet ordre moral est transcendantal ; elle repose sur 2 postulats :
- L’existence de Dieu
- l’immortalité de l’âme ;
L’être humain ne peut se réaliser parfaitement que s’il existe une perspective de progrès infini qui ne se conçoit que dans l’immortalité de l’âme
L’impératif du devoir conditionne la vertu, laquelle conditionne à son tour le mérite d’être heureux ; Dieu devient le lien nécessaire entre la vertu et le bonheur ;

LES RELIGION ATHEES

SPINOZA 1632 - 1677

Baruch Spinoza est un philosophe juif qui a vécu aux Pays-Bas ; il mène une réflexion sur la pratique religieuse dans un ouvrage : TRAITE THEOLOGICO-POLITIQUE ( TTP ) paru en 1670
Après avoir défini dans L’ETHIQUE le concept de substance : « par substance, j’entends ce qui est en soi et est conçu par soi, c’est à dire ce dont le concept n’exige pas le concept d’une autre chose, à partir duquel il devrait être formé » en somme la cause sans cause de KANT, Spinoza attribut à cette substance aussi bien Dieu que la Nature ; la notion de Dieu qui est synonyme de la notion de Nature représente la cause immanente de tout ce qui existe ; cette pensée, qui est équivalente à un panthéiste, est en contradiction avec la notion de Dieu Transcendant et extérieur au monde ; les conséquences sont le rejet de tout déterminisme et une certaine forme d’Athéisme; l’homme libéré de toute volonté transcendante qui s’imposerait à lui, serait libre de conduire sa vie sans se soucier de son immortalité ; l’ontologie spinoziste est le point de départ d’un humanisme laïque ;
Spinoza distingue 3 types de religion :
- La religion-superstition : bien que ces 2 mots soient en contradiction, une certaine forme de religion peut s’exprimer par une tendance à la superstition c’est à dire un usage pervers de la crédulité à des fins politiques ; la finalité étant de maintenir les hommes dans un état d ‘aliénation et de soumission ; la religion-superstition n’est fondée sur aucune réflexion mais sur la crainte égoïste d’un malheur ou l’espoir d’une récompense en cas de comportement en accord ou en désaccord avec une croyance irrationnelle venue souvent d’un héritage païen.
- La religion morale et politique qui définit un code de bonne conduite permettant une vie harmonieuse entre les hommes sans se perdre dans des justifications rationnelles ou un enseignement ontologique; la priorité est donnée à l’action et à l’obéissance au détriment de la compréhension qui le plus souvent est illusoire ( « je fais puis je comprends » NAASSE VE NICHMA )
- La Religion PHILOSOPHIQUE
Le rapport à Dieu est celui d’une connaissance adéquate procurant une joie intérieure ou béatitude ; par extension , l’amour ne serait pas la fusion de 2 êtres, mais la joie éprouvée par chacun par la connaissance de l’autre ; l’amour de Dieu, que Spinoza appelle L’amour intellectuel de Dieu, est la joie de connaître un monde immanent sans espérer un échange « immoral » que Dieu puisse manifester de l’amour en retour ;
Il existe donc une opposition au monothéisme anthropomorphique et affectif, perceptible en particulier dans le christianisme ; un Dieu d’amour n’est pas un dieu compassionnel ; Spinoza lui substitue la joie ou la béatitude née de l’immanence assimilée dans sa dimension cognitive et rationnelle ;
Spinoza relativise le contenu des rites qui ne sont que l’expression d’une société donnée, et donc dénués de vertu universelle ;

NIETZSCHE 1844- 1900

Nietzsche essaie de comprendre le développement du fait religieux et sa décadence ;
Dieu résulterait d’un phénomène d’auto-suggestion ; une tentative délirante d’explication des phénomènes naturels ; confondant l’effet et la cause, l’homme édifie une théorie cosmologique et considère ensuite que ce qu’il a imaginé est le fruit d’une révélation divine ; par mécanisme de schizophrénie, d’illusion délirante, il admet comme vérité ce qui est issu de son imagination ; et ainsi peut se protéger de la dureté de la vie par l’espoir d’une autre vie plus prometteuse ;
La religion aura ensuite recours à un fondateur qui va propager cette vision par un phénomène de masse en adaptant un style de discours à un groupe sociologique ;
Nietzsche analyse de façon critique, les concepts judéo-chrétiens et déduit que la morale religieuse repose sur « une transmutation des valeurs » qui va inverser le sens des concepts de bons et mauvais ; les faibles : les esclaves, le troupeau, sont animés de forces réactives caractérisées par de l’agressivité et du ressentiment ( vengeance ) face aux forces actives, les forts ( ceux qui sont capables de se maîtriser, de créer ) ;
Et la religion serait une arme entre les mains des faibles pour exprimer leur ressentiment et assujettir les forts ; ainsi la pitié, l’altruisme, les valeurs humanitaires sont un système illusoire monté de toute pièce pour se venger de la domination des forts ;

FEUERBACH ( 1804-1872 )

C’est un philosophe allemand qui est parti de la réflexion Hégélienne pour développer une critique athée de la pensée religieuse ;
Pour Hegel la religion est « le but final absolu » de la conscience humaine ;
Dans L’essence du christianisme ( 1841 ) ; Feuerbach démystifie le sentiment religieux ; ce n’est pas dieu qui fait l’homme mais l’homme qui fait Dieu ; et Dieu ne serait que l’image inversée, en négatif de l’homme ; en effet l’homme est incapable de réaliser par ses propres moyens la vérité, le bien , l’amour et va transférer ces attributs humains à un être supérieur imaginaire qu’il appelle Dieu ; la logique religieuse est bâtie sur ce processus d’aliénation c’est-à-dire de perte de soi au profit d’un autre ; par cette soumission aveugle, l’homme concentre toutes ses forces dans cette illusion religieuse et occulte sa raison et sa volonté dans cet amour du divin ; les institutions religieuses, par l’intermédiaire de leurs prêtres, vont contrôler le meilleur de l’homme ( bonté, équité, clairvoyante, compassion … ) pour le projeter dans un « autre » fictif mais pour Feuerbach, la religion conserve une nécessité historique comme une étape de transition vers une prise de conscience de l’essence humaine ; l’homme doit se libérer de cette aliénation en Dieu en se réappropriant ces valeurs inhérentes à l’espèce humaine et se rendre maître de son destin. Il ne s’agit donc pas de révolutionner la morale traditionnelle mais d’en extraire l’élément divin ; réaliser en somme une morale laïque athée.

Karl Marx ( 1818 – 1883 )

Marx s’inspire de cette logique de l’inversion développée par Feuerbach ; il adhère au caractère « illusoire » de cette dialectique Homme /Dieu ; il reprend le thème « c’est l’homme qui fait la religion » ; mais Marx va plus loin , la religion ne serait qu’une fuite de l’homme vers un imaginaire lénifiant et sédatif ; la religion est « l’opium du peuple » ; sa fonction est d’anesthésier, mystifier, narcoser les hommes pour les aider à supporter leur misère et leur exploitation ; la conséquence est le maintien de l’ordre bourgeois grâce à l’illusion d’un monde mythique plus juste;
La pensée religieuse ne serait pas une idéologie propagée par une classe nantie pour subjuguer une classe laborieuse mais un mécanisme fictif d’auto-défense, de consolation, de justification de la souffrance ; il y aurait une transition de la superstructure à la supercherie ; une conversion en une névrose obsessionnelle ;
Marx pense donc qu’il faut éliminer la religion de la classe ouvrière afin qu’elle prenne conscience de sa misère et qu’elle prenne en main son destin par la lutte révolutionnaire. ; il prône la dictature du prolétariat dont le but final est une société sans classe et sans état, fondée sur la mise en commun des moyens de production et l’abolition de la propriété privée; cette idéologie dite « communiste » qui, à l’origine était basée sur le matérialisme sociale, s’est vite érigée en pratique, en une véritable église ; le sens de l’histoire s’apparente étonnamment à une vision messianique ; l’absence de place pour tout autre idéologie ( les partis sont relégués aux « poubelles de l’histoire ») et la sacralisation des dirigeants constituent une résurgence du phénomène religieux mais avec une expression laïque et totalitaire ; il est difficile de se débarrasser des icônes ;

MAX WEBER ( 1864- 1920 )

Philosophe allemand considéré comme le fondateur de la sociologie ; il ne nie pas les théories marxistes fondées sur le rôle prépondérant des « relations de production » dans l’interprétation des faits sociaux, mais celles ci n’expriment pas totalement la complexité du fait socio-religieux ;
Pour Weber la rationalisation croissante du monde, c’est-à-dire la volonté de contrôle et de domination de la nature et de la société, aboutit à optimiser les relations sociales dans le sens de leur efficacité et leur rentabilité ; le capitalisme moderne en est l’organisation la plus puissante et la plus rationnelle ; le protestantisme calviniste réunit des conditions favorables d’épanouissement et donne du sens à cet esprit capitaliste ; les éléments puritains catalyseurs sont : la prédestination au salut ou à la damnation, la vocation terrestre de l’homme à travailler par obéissance à la loi divine, la valorisation de la réussite professionnelle ( L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme 1906 ) ; Le travail devient une fin en soi pour la gloire de Dieu ;
Cette rationalisation du monde occidental est lié au phénomène de désenchantement du monde, la perte de la croyance en l’existence de moyens magiques et plus généralement en l’effet de Dieu sur le monde ; elle a pour conséquence une perte du sens du monde, un appauvrissement spirituel, nihilisme, bureaucratie ; le vide est source de nostalgie, un nouvel esprit religieux peut renaître de ses cendres dans une dimension imprévisible ;

La religion reprend son intérêt pour certains philosophes comme Bergson

BERGSON ( 1859 – 1941 )

philosophe parisien juif qui s’est opposé au scientisme et au matérialisme de la fin du 19° siècle ; sa pensée évolue vers la mystique chrétienne ; La religion pour Bergson est une nécessité ; une réaction de lutte contre l’égoïsme ; dans « Les Deux Sources de la morale et de la religion 1932, Bergson distingue dans l’ordre social 2 types de morale et de religion :
- Une religion statique basée sur le respect des traditions, faite d’obligations et d’interdits dont la finalité est de maintenir la société dans un état d’équilibre et de conservation ; et de lutter contre « le pouvoir dissolvant de l’intelligence » dangereuse pour la cohésion sociale ;
- Une religion dynamique : désintéressée et mystique, elle est fondée sur « l’élan vital » qui fait prendre conscience que l’homme fait partie d’un mouvement facteur de progrès moral ; la finalité est la canalisation des mysticismes et la promotion revitalisante de l’humanité ;

La vision Freudienne de la religion

FREUD ( 1856 – 1939 )

Freud s’appuie sur les thèses phylogénétiques de DARWIN et Lamarck, en particulier la théorie des 3 « phases » empruntées aux anthropologues : la phase animiste ( fétichiste ) ; la phase religieuse ( polythéiste puis monothéiste ) ; la phase scientifique ; l’esprit humain progresserait selon une « loi » universelle à travers 3 états :
- dans l’enfance : un état théologique
- A l’adolescence : un état métaphysique
- A l’âge adulte : un état scientifique

1° - dans l’enfance : l’esprit humain est anthropomorphiste à l’image de cette dépendance des parents qui sont représentés comme des géants ou des dieux, l’univers est peuplé de dieux, de puissances surnaturelles à laquelle on exprime une déférence ; c’est la phase théologique ; quand des phénomènes interviennent, ceux qui échappent à notre entendement trouvent en la magie ou la toute puissance leur origine ;

2° - A l’Adolescence ; il existe une nostalgie de ce monde magique, féerique, qui peut donner lieu à des sentiments de mélancolie, culpabilité ou ressentiment ;
la croyance serait un mécanisme de réparation ; une quète du paradis perdu ; la religion devient alors un processus de recouvrement de la félicité d’origine ; un fantasme du ventre maternel, le désir d’être un élément du tout ; cette pulsion de fusion dans la masse ( auto-dissolution du moi est en opposition avec cette recherche de l’individuation incarnée par le diable dans beaucoup de religions ;
A l’adolescence, l’esprit humain est tourné vers la métaphysique ; il se produit une tendance à la conceptualisation de la cosmologie en se dégageant de l’anthropomorphisme;

3° - A l’âge adulte
l’esprit humain adopte une conception scientifique du monde ; on recherche derrière les faits une rationalité ; on réalise que les dieux ne sont que le fruit de l’imaginaire ; une explication simpliste des phénomènes sans cause apparente ;
cependant le vieillissement entraîne des épreuves cruelles, des peines, et enfin une prise de conscience de notre finitude ; la religion prend de nouveau sa place comme pourvoyeuse d’un nouvel espoir ; d’une illusion en un au-delà, en un dieu providence protecteur face à la dureté de la vie ;
plutôt qu’une fuite en une névrose individuelle, le choix se porte inconsciemment vers une névrose obsessionnelle universelle ; la religion remplit alors une fonction de sédatif ou d’anxiolytique par la promesse d’un au-delà à la dimension de nos attentes.

Claude LEVY-STRAUSS

né en 1908 et dont fêtera le centenaire en 2008
il s’est opposé à DURKHEIM en particulier sur l’idée que la société est à la source de toute forme de pensée, que ce soit la pensée religieuse ou scientifique ;
CLS dénonce l’identification du totémisme à une institution autonome, distincte de la religion ; le discours religieux a pour substrat la totalité de d’expérience humaine ; dans cette approche structuraliste, la religion n’a de sens que par rapport à un tout ; « le totémisme est une unité artificielle qui existe seulement dans la pensée de l’ethnologue et à quoi rien de spécifique ne correspond en dehors » ;
CLS, en développant l’illusion de l’ethnocentrisme, relève l’ « illusion archaïque » qui consiste à croire que la « pensée primitive » pourrait être une pensée primaire, encore au stade d’enfance de la pensée ; et dont l’évolution finale serait nos croyances ;
L’illusion est de croire que les religions étrangères sont des formes puériles voire sauvages de nos systèmes culturels ;
La magie, comme la science , est un système d’approche, inégale quant à son résultat, de la connaissance du monde ; La pensée sauvage , loin d’être « pré-logique », à l’instar de la démarche scientifique , identifie, ordonne, interprète les phénomènes ; l’objectif, n’est pas la domestication de la nature, mais la construction d’un modèle pourvu d’une signification ; à ce titre, les mythes seraient de puissantes organisations capables de donner du sens aux objets, aux signes et au monde vivant au point parfois de produire un excès de signifiant par rapport au signifié; ce décalage pourrait être à l’origine de l’inconscient ;
L’ethnologue en fait étudie, non pas la vérité de l’homme, mais la vérité à travers l’Homme ;



Le fondamentalisme : une lecture totalitaire de la religion

Etymologiquement
C’est un retour à une « forme » primitive, stricte d’une doctrine religieuse ;
Il traduit l’attachement passéiste, réactionnaire au texte religieux ;
En effet avec le temps, le texte sacré a subi diverses interprétations permettant une adaptation de la loi à la réalité du moment ; la dérive fondamentaliste consiste à revenir au texte premier pour définir une nouvelle orthopraxie ;
Cette notion très ancienne, déjà connue au VIII° siècle avec le karaïsme qui enseignait la primauté de la loi écrite ( torah ) sur le talmud , a permis le développement de nombreuses sectes ;
Mais cette notion prend une coloration différente avec le Fondamentalisme révolutionnaire qui met en exergue la conception d’une vérité unique et absolue ;

Le FR s’inscrit dans un courant religieux conquérant, coercitif vis-à-vis des coreligionnaires plus laxistes et de tous les mécréants ( membres des autres confessions, agnostiques ou athées ) ;
La violence la plus barbare trouve alors sa légitimité pour renverser l’ordre impie ; le fondamentalisme révolutionnaire n’est pas l’apanage des musulmans dits « intégristes », il s’est rencontré tout au long de l’histoire avec les croisades, les guerres de religion du moyen âge la saint-Barthélemy, l’inquisition ; les guerres civiles religieuses d’Irlande ;
Actuellement le FR musulman est le plus préoccupant, comme une résurgence ténébreuse du passé ; cette forme d’Islam a des fondements politiques et mêle sans distinction le spirituel et le temporel à des fins hégémoniques ;
Mais d’où vient que chaque religion est amenée à exprimer par la violence son attachement à sa foi ?
La religion est-elle finalement le vecteur nécessaire de cette violence ?
Les religions ont à la fois un message pacifique et belliqueux ; le problème est celui de l’interprétation singulière des écritures sacrées ; c’est le principe de l’auberge espagnole, on y trouve ce qu’on y amène ; les écritures sont le reflet de nos fantasmes et de notre propre violence ; les pulsions destructrices propres à l’homme trouvent leur légitimité, leur sublimation dans la foi qui se transforme alors en fanatisme religieux ;
La religion révèle la Vérité ; aussi la foi en cette vérité absolue provoque le rejet de toute autre vérité ;
La soumission aveugle au dogmatisme sacré dans sa dimension fondamentale peut-être à l’origine d’une illusion religieuse en décalage avec la raison ; le fanatisme commence lorsque la vérité religieuse est portée en vérité objective, universelle ; les textes sacrés ne peuvent être conçus que comme une approche personnelle, subjective du lien entre l’individu et l’infini ; une thérapie symbolique face à l’angoisse existentielle ;
La violence religieuse peut apparaître dès que la religion sort du cadre privé ; en particulier quand elle revêt une dimension politique et idéologique ; c’est la raison pour laquelle la plupart des sociétés démocratiques ont bâti un droit laïc avec une séparation des églises et de l’état ; la société est pluraliste et doit respecter la subjectivité de chacun ; la conversion universelle de toute une population à une éthique religieuse reste un mythe, un miracle qui provoquerait un délire spontané collectif utopique ;
Cependant la vision onirique n’a pas de limite ; la violence religieuse apparaît quant cette illusion se transforme en vérité universellement imposée.

RELIGION ou SECTE : les limites

Définition : une secte est un groupement organisé dont les membres ont adopté une doctrine et des pratiques différentes de celles de la religion primitive ;

Historiquement il existe une notion de dissidence par rapport à un groupe religieux majoritaire sans aucune connotation péjorative ;

Etymologiquement , secte dérive de sequi, qui signifie « suivre » ou de sectare, qui signifie « couper »
On retrouve l’idée de suivre un leader sécessionniste ;

Mais avec l’apparition des nouveaux courants sectaires, le mot secte revêt une très forte connotation péjorative ; elle désigne des groupement totalitaires aliénant ses adeptes pour les exploiter ; les adhérents sont en rupture avec la société et ses normes ;
Définition de la Commission Des droits de l’Homme : « groupement se présentant ou non comme une religion et dont les pratiques sont susceptibles de tomber sous le coup de la législation protectrice des droits des personnes ou du fonctionnement de l’Etat de droit » ;

Contrairement à la religion, la notion de Dieu est remplacée par l’idée qu’un individu disposant de facultés charismatiques est l’héritier d’un pouvoir transcendantal lui donnant une autorité absolue sur tous ses adeptes ;
Par des méthodes de manipulation mentale, une illusion collective est construite de toute pièce pour servir les ambitions délirantes d’une organisation totalitaire ;

Le courant sectaire ressemble au courant religieux ou plus exactement il s’inspire du courant religieux pour véhiculer un message pervers, en décalage avec l’intérêt de l’adepte ; Le mysticisme , l’ésotérisme sont habituels, le rite religieux, les nouvelles obligations dogmatiques inscrivent l’adepte dans un nouveau référentiel ;

La distinction par rapport à la religion reste le bénéfice réel pour l’adepte ; encore que cette notion reste très difficile à apprécier ; le plus souvent l’escroquerie est manifeste et relève d’une juridiction pénale ; exploitation financière, abus sexuel, manipulation mentale, brimades et sévices corporels sont fréquents ;
Partant de cette notion péjorative du mot secte, ces courants de pensée parlent plutôt de « nouveaux mouvements religieux » , de nouvelles spiritualités ; mais la critique porte toujours sur la notion de manipulation mentale, d’endoctrinement ;
L’individu souvent atteint d’une pathologie névrotique, d’un infantilisme psychique vient chercher dans une collectivité une protection magique dont le prix à payer est une soumission inconditionnelle à une communauté souvent totalitaire ; rien ne s’oppose à ce que chacun adopte la spiritualité qu’il désire, encore faut-il que la liberté de choix puisse s’exprimer ; la vulnérabilité mentale ( névrose, dépression, perte des repères sociaux) offre à des organisations sectaires une emprise sur l’individu ; mais il appartient aux institutions judiciaires que chaque personne, membre de ces groupements, soit bien capable d’exercer son libre arbitre et d’interdire les sectes qui ont donné lieu à des malversations et escroqueries ;
Certaines religions peuvent avoir un comportement sectaire ; sans revenir sur le fondamentalisme religieux révolutionnaire islamique, certains groupes orthodoxes ont tendance à pratiquer un véritable endoctrinement par un programme d’enseignement religieux exclusif, rompre les liens avec le monde non orthodoxe au point de créer une véritable aliénation, influencer les mariages intra-communautaires sous peine d’anathèmes ; réclamer des dons numéraires pour alimenter une autorité religieuse organisée .

CONCLUSION

Toute religion a comme support la foi dans le sacré ; un culte collectif ; une église qui définit les obligations cultuelles ; elle propose fréquemment une doctrine du Salut de nature à réconforter l’individu face à ses angoisses existentielles ; la société civile s’est largement inspirée du modèle religieux pour fonder ses lois ; mais la garantie de la liberté et du pluralisme a été la séparation du politique du religieux ;
La religion apporte un effet thérapeutique certain pour les individus librement consentants qui en expriment le besoin ; mais le système repose sur une illusion ennemie de la raison puisqu’on ne peut ni démontrer, ni infirmer l’existence de Dieu ; la religion possède une certaine cohérence si on admet, par le truchement de la révélation, les postulats, les dogmes ; elle s’apparente alors aux disciplines mathématiques qui demeurent vraies dans un référentiel donné ; l’objectif recherché n’est pas la démonstration illusoire de l’irrationnel mais la paix de l’âme ; la philosophie a la même ambition, sans la soumission à un Dieu ou à une organisation pontificale mais la critique qu’elle propose génère plus de questions que de réponses.
Hormis « la Secte » qui pourrait être l’art de la manipulation, « la Religion » est l’art de la réponse alors que « la philosophie » est l’art de la question.

Thursday, April 05, 2007

Mythes et mythologie

La mythologie


Définition :

La mythologie est une histoire légendaire de l’humanité ; elle s’inspire de mythes c'est-à-dire de récits relatant des faits imaginaires sans valeur historique, transmis par la tradition orale et mettant en scène des êtres représentant symboliquement des forces physiques, des généralités d'ordre philosophique, métaphysique ou social ; ( définition du Littré )

Origine étymologique :

Mot d’origine grecque ( muthos )et adopté au XVIII ° siècle qui signifie un « ensemble de paroles qui ont un sens »
Le mot désigne donc tout type de paroles ou discours qui ont 3 caractéristiques :
- leur relativité à des faits très anciens souvent en relation avec les origines de l’homme
- la distance par rapport à la réalité ;
- la relation avec l’inconscient collectif de la race humaine ( Carl Jung )

Le discours est irrationnel traduisant des évènements fabuleux ou légendaires où dieux, des Héros, les hommes se côtoient voire s’affrontent.
Le mythe, sans auteur précis, exprime un récit fabuleux tenu pour vrai, une pensée symbolique traduisant les croyances , les aspirations, les angoisses d’une société ;
Il se distingue de :
- la légende qui est fondée sur l’Histoire et porte donc sur des faits récents
- le conte populaire qui complètement imaginaire, magique, a une portée de divertissement
L e mythe s’oppose également au LOGOS ( la raison ) ;
C’est le contraire du discours historique qui a pour finalité la recherche quasi scientifique du vrai, du rationnel
Le mythe, ne recherche pas le vrai ou le vraisemblable, mais tente à la fois de produire une émotion comparable à celle de certains films de science fictions avec effets spéciaux et aussi de transmettre une certaine morale ( vertu pédagogique ).


LES MYTHES DE LA NAISSANCE DU MONDE

LA COSMOGONIE :

Définition : de KOSMOS l’ordre, le monde, et de GONOS ( la semence ) ce sont les récits, les légendes de la création du monde.

La cosmogonie d’HOMERE
La référence est l’Iliade et l’Odyssée d’Homère ; La cosmogonie est incomplète et oscure.
Le monde serait limité par un fleuve d’eau douce OKEANOS qui constitue une cause primordiale de couleur masculine ; ce fleuve est en couple avec un élément féminin Téthys de nature aussi aquatique ;
Suite à une brouille, ce couple primordial se sépare et permet à la terre d’avoir ses limites propres.

LA Cosmogonie Orphique

Il s’agit d’un ensemble de texte attribué à Orphée, poète mythique dont les chants ont un pouvoir magique ;
A l’origine, était le chaos, puis apparaît une puissance la nuit Nyx qui produit un œuf d’où émerge d’autres puissances comme EROS (amour) à la fois mâle et femelle ;

La cosmogonie d’HESIODE

Hesiode est un poète grec qui a vécu au VII° siècle avant JC ;
Sa cosmogonie, complète, est la plus importante ;

Au début, il y avait le CHAOS, un espace illimité et indéfini duquel naît l’obscurité (EREBE ) et la nuit ( NYX ); le temps n’existait pas encore ;
Puis apparaît GAÏA, la terre ( élément féminin ) sous sa forme solide, elle engendre l’eau et les montagne ; en opposition la voûte céleste : OURANOS ( élément masculin ) embrasse la terre et la féconde ;
GAÏA et OURANOS engendrèrent les premières races d’immortels ;

- les CYCLOPES ( 3 ): immenses créatures pourvues d’un seul œil
- les HECATONCHIRES ( 3 ) immense créature pourvue de 50 têtes et 100 bras
- les TITANS ( 12 )
Ouranos, craignant pour sa couronne, refoule les enfants de GAÏA en son sein leur empêchant toute existence propre ; Gaïa décide de réagir en confiant une serpe à son dernier-né , le TITAN CHRONOS ;
Celui-ci, va au-delà du message de sa mère, il émascule son père et prend sa place ;
Les gouttes de sang d’Ouranos, en tombant sur la terre, donnent naissance aux GEANTS, aux MELIADES, aux ERYNIES ;
APHRODITES déesse de la mer et de l’écume naît des organes génitaux d’Ouranos ;
Quant à Ouranos, il s’éloigne de GAÏA pour se fixer définitivement en haut du monde.

Chronos est à présent maître du monde et épouse sa sœur RHEA ; mais il craint d’être détrôné par un de ses enfants selon une prédiction ; il décide alors de dévorer ses enfants ; mais à l’instar de sa mère, RHEA veut protéger son dernier enfant ZEUS ;
Elle présente alors à Chronos, une pierre emmaillotée à la place de Zeus tandis que celui-ci aux NAÏADES qui vont l’élever dans une grotte ;
Zeus décide plus tard de libérer ses frères et sœurs en donnant un vomitif à Chronos ;
Des dieux nouveaux apparaissent : les OLYMPIENS : Déméter, Hestia, Héra, Hades, Poséidon, Zeus
Une guerre de 10 ans opposa LES TITANS aux OLYMPIENS ; 2 titans font alliance avec Zeus OCEAN et PROMETHEE ;
Chaque camp se situe sur un mont : le mont OTHRYS pour les titans, et le mont OLYMPE pour les olympiens.
Zeus finit par gagner en libérant les Cyclopes et les Hécatonchires enfermés pas Chronos dans le Tartare ; à leur tour, les titans, immortels, sont enfermés dans le Tartare, région la plus profonde de l’enfer ;
Zeus a acquis de nouveau pouvoir : Le tonnerre, la foudre et l’éclair ; Poséidon a un trident ; Hadès un casque en peau de chien qui donne l’invisibilité ;
Zeus est à présent, à son tour, le maître du monde, mais il craint le même sort que Ouranos ou Chronos ; Zeus utilise la ruse ; il pense qu’en étant à la fois le père et la mère de ses enfants, il évitera sa mort ; il se marie avec la fille d’OCEAN : METHIS qui est pourvu de don de métamorphose ; Zeus l’incite à se transformer en lion puis en goutte d’eau et l’avale ;
METHIS était alors enceinte de ATHENA déesse de l’intelligence, de la sagesse et de la guerre ;
Zeus a le crâne gonflé par Athéna et souffre de douleur ; Athéna en sort grâce à l’aide de Prométhée et Hépahaïstos qui fendent le crâne de Zeus avec une hache ;
Zeus est lors le père et la mère de ATHENA et ne craint plus d’être détrôné ;

Mais Zeus n’est pas au bout de ses peines ;
Il doit se confronter à Typhons et aux Géants ;
- TYPHON, né de tartare et GAIA, est une espèce de créature monstrueuse, une espèce de dragon poly-céphale et des pieds duquel sortent des vipères ;
Dans un premier temps Zeus perd contre cette créature qui l’enferme dans une grotte ; mais Hermès sauve Zeus qui attaque Typhon sur lequel il jette le volcan : L’ETNA qui l’écrase
- Les GEANTS : ce sont des guerriers très forts ; créature intermédiaire entre les dieux et les humains ; Bras armé de GAIA, ils offrent une attaquent permanente contre les olympiens ; mais ils ne peuvent récupérer l’herbe de l’immortalité et sont tués par les olympiens.


LE MONDE DES HOMMES

Certaines légendes font état d’une succession de race d’Hommes ; ( HESIODE )
- La race d’OR Vision paradisiaque où l’homme est à l’abri du besoin et de la misère ; la terre est abondamment nourricière ; les hommes vivent dans la joie et le bonheur ; bien que mortel la mort se fait dans le sommeil ; A ce stade, la femme n’est pas encore crée
- la race d’Argent : c’est une race inférieure, les hommes n’honorent pas les immrtels comme il se doit ; Zeus, fils de Cronos, les ensevelit pour devenir les bienheureux de l’enfer possédant encore quelques honneurs.
- la race de Bronze : cest la 3° race des hommes qui se destinent à la guerre ; leurs bras surpuissants dotés d’armes en bronze ont conduit à leur auto extermination
- La race des HEROS : Zeus créa une race plus brave, faite de demi dieu ; certains moururent au combat ( THEBES et TROIE ), d’autres vécurent fortunés et dans le bonheur dans les iles des bienheureux.
- La race de FER : C’est la race la plus tourmentée par la souffrance et les angoisses ; l’homme n’a plus de conscience, le seul droit est la force.

Une autre légende est celle de l’humain hybride à la fois masculin et féminin ; Zeus coupa ces êtres en 2 pour créer l’homme et la femme pour réduire leur puissance.
D’où l’aspiration des hommes à se réunir de nouveau à la femme pour réaliser de nouveau une harmonie. ( mythe raconté par Platon )

La légende de DEUCALION et PYRRHA : Zeus veut provoquer un déluge pour faire disparaître les homme ; seuls les enfants de Prométhée : DEUCALION et PYRRHA s’embarque sur une arche ; grâce à une offrande de sacrifice, Zeus accorde à Deucalion et Pyrrha de donner naissance aux hommes en suivant l’instruction de jeter des pierres derrière eux ; des garçons pour Deucalion et des filles pour Pyrrha


LES MYTHES


LE MYTHE DE PROMETHEE

Prométhée est un Titan, fils de Japet et d’une oéanide ; Zeus, en conflit avec son père Cronos, a trouvé en Prométhée un allié grâce à sa ruse ;
Prométhée et Zeus sont à l’origine de l’homme à partir de la terre glaise et du feu ; Prométhée a modelé l’homme, et Zeus a donné le souffle de vie ;
Zeus fait appel à Prométhée et Epiméthée, son frère, pour attribuer aux créatures des dons ( la force, la rapidité, le vol…) L’homme est oublié de cette distribution ;
Prométhée prend conscience de cet oubli et va donner aux Hommes la maîtrise du feu et la connaissance des métiers ;
La ruse de Prométhée :
Les dieux et les hommes partagent la même table ; Zeus fait appel à Prométhée pour faire cette partition ;
Prométhée, ami des Hommes, découpe un superbe bœuf en 2 parts inégales ; l’une peu appétissante en apparence faite de viande et de chairs, l’autre d’allure très alléchante constituée d’os habillés de graisse brillante.
Zeus, ami des dieux, se laisse abusé en apparence, et choisi la part osseuse ;
Zeus condamne alors les hommes à manger des repas appétants mais éphémères et à se contenter d’une vie mortelle ; les dieux bénéficiant d’une nourriture imputrescible deviennent immortels et se séparent totalement des hommes.
La Vengeance de Zeus
Zeus décide de ne plus envoyer la foudre, source de feu pour les hommes ;
Prométhée vole au secours des hommes en subtilisant des « semences de feu » confinés dans un brin de fenouil ( plante qui sèche à l’intérieur.
Les humains répandent sur la terre la maîtrise du feu et entraînent la colère de Zeus :
- conséquences pour les hommes :
le feu devient un bien rare et éphémère ; il devient mortel à l’instar de l’homme ; il faut sans cesse le ré alimenter.
Le blé n’est plus un don gratuit de la nature ; les hommes doivent le planter dans laterre et le récolter pour en jouir ( naissance de l’agriculture )
Il envoie un cadeau empoisonné aux humains : PANDORE
Zeus demande à Ephraistos et Athéna de façonner une nouvelle créature : la femme qui sera muni de multiples dons grâce à la participations de tous les dieux de l’Olympe :
A l’extérieur la beauté, l’habileté, le charme, la grâce… a l’intérieur de gros vices comme la fourberie, le mensonge.. . Le nom Pandore provient de PAN : tout et DORE : don
Zeus envoie cette créature accompagnée d’une jarre en guise de cadeau ; Prométhée résiste au charme de Pandore mais Epiméthée son frère, accepte ce don des dieux en dépit des avertissements de son frère ;
Pandore, curieuse, ouvre la jarre donnée par Zeus, et laisse s’échapper tous les maux qui s’abattent sur l’humanité (maladie, guerre, famine… )
Seul l’espoir subsiste au fond de la jarre ;
En somme l’humanité connaît la femme pour son plus grand malheur, mais conserve l’espoir né de la reproduction qui est rendu possible grâce à la femme.

Conséquence pour Prométhée ;

Prométhée est condamné à être enchaîné par des liens d’aciers sur le mont de Caucase ;
Et Chaque jour et pendant 30 ans, un aigle, monstre féminin avec appendice caudal semblable à un serpent, dévore tous les jours le foie de Prométhée qui se reconstitue dans la nuit. ( il est puni par où il a pêché, le foie étant l’aliment de choix offert aux hommes ).
Finalement Hérakles abat l’aigle d’une flèche et libère Prométhée qui obtient par la suite le pardon de Zeus.

Le Symbolisme :

3 auteurs ont évoqués le mythe de Prométhée avec des lectures différentes
- HESIODE VII° siècle avant JC
- ESCHYLE ( V° siècle avant JC )
- PLATON ( IV° siècle avant JC )
Pour HESIODE :
Le récit sert le culte de Zeus ; La faute de Prométhée a pour conséquence la perte du feu divin issu de la foudre ; les hommes subissent alors une malédiction divine ;
Ils ont perdu leur innocence primitive ; ils sont mortels, condamnés au travail pour survivre ; leur punition finale est l’arrivée de Pandore ; l’espoir est une maigre consolation.
Pour ESCHYLE :
Ce qui était insolence devient courage ; Prométhée apporte l’autonomie vis à vis des dieux ; il symbolise la révolte contre l’ordre établi et l’accès à l’émancipation et à l’autodétermination ;
Le châtiment de Prométhée est le révélateur de l’injustice divine contre un grand bienfaiteur de l’humanité.
Pour PLATON
La maîtrise du feu est l’accès à la technique ;
Mais la seule technique ne suffit pas aux hommes à vivre ensemble d’où la nécessité de l’intervention du Philosophe pour apprendre le sens de la justice et du respect mutuel ;
L’animal technique doit se commuer en animal politique.
Le feu de Prométhée symbolise donc :
1 - La maîtrise de la technique , des arts et de la raison qui distingue l’homme de l’animal.
2 – Les progrès de l’humanité pour dominer la nature et les instincts primaires.

Quant à Pandore, on retrouve la classique misogynie grecque ; la femme incarne la tentation, la perte de l’innocence originelle mais elle apporte l’espoir liée à la possibilité de se reproduire et donc la pérennité de l’espèce




Le Mythe D’ŒDIPE

Le récit du Mythe :

Œdipe est l’enfant de la reine Jocaste et du Roi LAIOS de THEBES ;
L’histoire commence par une terrible prédiction de l’oracle de Thèbes : « il tuera son père et épousera sa mère ». pour échapper à cette malédiction, le roi aimerait commettre un infanticide indirect : il abandonne dans la montagne leur fils après luis avoir percé les chevilles ( d’où le nom oedipe : pieds enflés » ) pour l’attacher et puis livrés aux bêtes sauvages ;
L’enfant ne meurt pas et est recueilli par un berger par compassion puis confié à la Reine Merope épouse du roi de la cité de Corynthe.
Après des années passées à la cour, oedipe est humilié par un corynthien à cause de son origine naturelle ; il va interroger l’oracle de Delphes pour connaître le secret de sa naissance ; celui-ci lui apprend la terrible prophétie : il tuera son père et épousera sa mère mais l’oracle ne dit pas l’identité de son père.
Œdipe décide de fuir loin de Corynthe ; en chemin il croise un char dont le conducteur lui ordonne de s’écarter de son chemin ; Œdipe réagit violemment et tue le cocher et son maître ;
Sans le savoir, il venait de tuer le roi LAIOS son père ;
Le secret du sphinx
A proximité de Thèbes, il apprend que la ville est persécutée par une créature à corps de lion, ailes d’aigles et tête de femme appelé le SPHINX ;
Le sphinx propose à toute personne de passage une énigme dont la mauvaise réponse entraîne l’extermination sarcastique de cette personne .
A l’approche d’Œdipe, le sphinx renouvelle son énigme : « quelle créature, douée d’une seule voix a successivement 4 pattes, 2 pattes, 3 pattes et qui a d’autant moins de force qu’il a plus de pieds ? » c’est l’homme répondit Œdipe, au stade de l’enfance, l’homme se traîne sur 4 pattes en rampant, puis adulte se dresse sur 2 pattes, au 3°âge, se tient à l’aide d’une béquille d’où la 3° pattes ; par dépit, le sphinx perd tout son pouvoir et se laisse tomber du haut de la falaise ;
Les habitants de Thèbes fêtent le triomphe d’œdipe, le font roi et lui accordent la main de la reine désormais veuve.
Sans le savoir Œdipe venait d’épouser sa mère ;

L’EPILOGUE :
Un jour une terrible peste s’abattit sur Thèbes ; et devant l’épidémie, l’oracle de Delphes est consulté et proclame que l’épidémie ne s’arrêtera que si le meurtrier impuni de Laios est chassé de Thèbes.
Œdipe promet de retrouver le criminel et de le juger ; les recherches ne mènent à rien jusqu’à ce que Œdipe consulte le devin TYRESIAS finisse par lui dire la vérité.
Jocaste se pend de honte ; et Œdipe se crève les yeux avec les broches de la Reine ; il refuse de se suicider pour ne pas se retrouver en enfer avec son père et sa mère.
Il renonce à son Trône et part avec sa fille ANTIGONE en ATTIQUE ; il est purifié par THESEE et meurt à Colonne ;
Mais la tragédie se poursuit avec ses 2 fils ETEOCLE et POLYNICE qui vont ruiner Thèbes par leur rivalité ; quant à Antigone elle connut également un sort tragique : CREON nouveau roi de thèbes proclama que les soldats qui étaient morts pour la défense de Thèbes auraient des honneurs funèbres et que ceux qui avaient attaquaient la ville seraient abandonnés en pâture ; cela revenait à abandonner Polynice, frère d’Antigone et honorer Eteocle ;
Antigone qui choisit la justice du cœur plutôt que la justice de la cité enfreint cette loi en cachant le cadavre de son frère et est condamné par Creon ; Antigone enfermée se pend et le fils de Creon qui l’aimait se tue à son tour et l’épouse de Creon, en apprenant la nouvelle se suicide laissant Creon tout seul.

Le symbolisme :

Le mythe d’œdipe pose le problème de la liberté de l’homme et du libre arbitre ; L’histoire commence par la malédiction prédite par l’oracle de Thèbes ; Laios lutte contre cette fatalité par l’élimination de la source de cette malédiction ; mais le destin est inéluctable ; Œdipe est sauvé et par la suite, armé comme une bombe humaine ; il acquiert une culture et apprend l’usage des armes ; de victime impuissante, il se transforme en bras armé du destin ; il devient le protagoniste de la tragédie par le jeu machiavélique d’une décision divine ; bien que les dieux n’apparaissent pas, ils semblent contrôler complètement la loi de ce destin incontournable ; Œdipe aurait pu se contenter de cette vie aristocratique à la cour de Corinthe ; mais son orgueil et sa curiosité le conduisent à rechercher le secret de sa filiation. La recherche de la connaissance, comme élément d’orgueil est le point de départ de la tragédie ;
L’enchaînement secondaires des évènements est un concours de circonstances savamment organisé par les dieux ; le meurtre du père est un homicide involontaire, les noces avec la reine veuve sont la récompense de sa victoire sur le sphinx ; oedipe, réduit au stade de machine divine infernale, n’est autre qu’une victime ;
Le sphinx contribue à mettre en exergue la connaissance narcissique d’Oedipe ; et ce triomphe apparent le rapproche encore plus de son destin, de la rencontre amoureuse avec sa mère et des conséquences fâcheuses qui en résultent ;
La prise de conscience de la culpabilité conduit Œdipe à se crever les yeux et partir mendier sur les routes ; La réponse spontanée aurait été le suicide, mais là encore, Œdipe refuse la fatalité funeste qui le conduirait en enfer avec ses parents, il conserve la vie provisoirement au prix d’un rejet de la connaissance ou de la clairvoyance; Au total, nous ne sommes pas maître de notre destin, nous suivons une trajectoire prédéterminée qu’il est inutile de connaître. L’espoir de l’homme est de profiter humblement de l’instant présent sans prétendre au savoir des dieux. L’instrumentalisation du destin est la réponse des dieux contre le seul don spécifique de l’homme : le LOGOS.

Le problème de la prédiction : de manière générale, il est curieux d’observer que de simples allégations peuvent s’assimiler à de véritables prédictions quand elles sont comprises au premier degré ;
J’ai pu constaté qu’après avoir exprimé un commentaire humoristique sur un enfant mis au monde en position occipito-sacré c’est à dire regardant vers le ciel : « votre enfant sera un intellectuel », cette affirmation, à l’aube de la vie, a été assimilée comme une prophétie que l’enfant a dû supportée ; et à l’occasion d’une rencontre avec les parents des années plus tard, ceux ci me firent remarquer que la prédiction s‘est révélée tout à fait exacte et que leur fils a toujours eu des qualités intellectuelles hors du commun que j’avais su dépistées dés la naissance ;

Inversement tout commentaire négatif exprimé dès le stade fœtal au vue d’une échographie ou après une naissance ( mon enfant est nerveux si on aperçoit des mouvements actifs répétés par ailleurs normaux ou mon enfant m’a fait souffrir si le travail maternel a été un peu laborieux ) aura des conséquences sur le déterminisme ultérieur de l’enfant ; il portera définitivement le poids d’un destin inaliénable issu d’un simple malentendu.

POUR FREUD , Œdipe-Roi est une « tragédie du destin » c’est à dire un contraste entre la toute puissance de la volonté divine et les efforts vains que l’homme déploie pour s’y soustraire
Le mythe d’œdipe devient un complexe ;
Le mot complexe signifie un ensemble d’éléments abstraits hétérogènes qui constituent un tout plus ou moins cohérent ;
En psychanalyse, selon la définition du dictionnaire LITTRE : c’est un ensemble de représentations et de souvenirs à fortes valeurs affectives, contradictoires, partiellement ou totalement inconscients, et qui conditionnent en partie le comportement d’un individu.
S’inspirant du mythe d’oedipe, Freud décrit en 1910, le complexe d’oedipe comme une pulsion de l’enfant de 2 à 3 ans à ressentir une attirance pour sa mère et une hostilité pour son père ;
Mais dans la tragédie d’Œdipe, L’histoire commence d’abord par un viol et un infanticide
- le viol par LAIOS de l’enfant Chrysippe fils du roi de pise PELOPS qui se tue de honte et entraîne la malédiction d’Apollon à l’origine de la tragédie ;
- l’infanticide raté d’Oedipe pour échapper à ce destin punitif ;
Dans ce complexe d’Œdipe, Freud exonère le père de toute remise en cause et justifie la violence éducative ; cette violence parentale apporte un soulagement à la « culpabilité oedipienne » liée à cet amour maternel délictuel. Il semblerait que Freud ait subi des abus sexuels de son père JAKOB Freud et n’ait jamais caché ses désirs fantasmatiques de tuer son père mais accepte cependant de fermer les yeux à l’instar de Œdipe qui se crève les yeux;
Pour Freud, pas plus que pour ŒDIPE, nous ne pouvons échapper à la détermination de notre inconscient ; La connaissance qu’apporte l’oracle est la porte de l’inconscient qu’ouvre le psychanalyste ; la vérité révélée par l’analyse est cette connaissance embarrassante qui nous détermine ; « Tuer son père » devient une métaphore qui signifie le passage à l’âge adulte, la rupture avec l’autorité parentale et la création de ses propres jugements.

La psychanalyse donne donc un nouvel éclairage de la mythologie en introduisant la notion de pulsions inconscientes et atténue certaines descriptions terrifiantes en les assimilant à des fantasmes issus de notre imaginaire ancestral.


Le mythe d’Orphée


- Orphée est le plus grand poète et musicien que la terre ait jamais porté
- Fils du roi de Thrace EAGRE et de la muse Calliope
Appolon lui donne de nombreux dons artistiques, en particulier celui de la musique;
il lui donne en cadeau une lyre à 7 cordes à laquelle il ajoute 2 cordes supplémentaires en l’honneur des 9 muses, sœurs de sa mère;
Il incarne le talent musical absolu; sa musique est si mélodieuse que subjugués, les rochers le suivaient, les arbres cessaient de bruire ;
Grâce aux pouvoirs magiques de ses chants, il permet à Jason de partir à la recherche de la toison d’or d’un bélier fabuleux ; il dynamise les rameurs du navire Argo, il arrive à calmer les flots , neutraliser le chant des Sirènes qui attirent les navires vers les rochers et envoûter le dragon de Colchide.
- Orphée épouse la nymphe Euridice qu’il aime passionnément ; un jour, en voulant échapper aux avances du dieu Champêtre Aristée, un scorpion la pique le pied et la tue ;
- Orphée, désespéré, prend sa lyre et va chercher sa bien aimée jusque dans les Enfers
- Le pouvoir de sa musique lui permet d’envoûter Cerbère le chien à 3 têtes gardien des portes du royaume des morts ;
- Hades, roi des morts, et sa femme Perséphone, reine du monde souterrain, se laissent amadouer et autorisent Eurydice à revenir à la lumière, à une seule condition : qu’elle chemine derrière Orphée et que, à aucun moment celui-ci ne se retourne pour la regarder
- Orphée se mit à marcher en laissant Eurydice derrière lui, juste avant la sortie il entend une pierre rouler et instinctivement se retourna ; et aperçu Eurydice qui n’était pas encore sortie ;
Au moment où il allait la toucher, elle disparut et retourna au monde ténébreux des morts.
- Orphée erra seul sur la terre, il ne jouait plus de la musique pour lui même et pour la nature
- La fin tragique d’Orphée est liée à sa rencontre avec une horde de femmes de Thrace qui jalouse de l’exclusivité de l’amour d’Orphée pour Eurydice, le mirent en pièce et jetèrent son cadavre démembré dans le fleuve Hèbre.
- La tête d’Orphée, d’où s’échappent encore des chants amoureux s’échouent dans l’île de LESBOS ;
- Orphée retourna aux enfers où il fut réunit pour toujours à Eurydice ;
- Sa lyre, gagne le ciel pour être transformée en constellation ;


SYMBOLISME

Le mythe d’Orphée inspira considérablement la littérature et toutes les formes de création artistiques ; il incarne la création artistique absolue ;
Dans l’antiquité, le mythe d’Orphée est considéré comme une version grecque du mythe d’Osiris ; Osiris meurt déchiré, taillé en pièce puis jeté dans le fleuve ;
Dans la bible, au moment de la destruction de Sodome et Gomorrhe, Dieu épargne Loth et sa femme à la seule condition de ne pas se retourner pour apercevoir l’anéantissement ; la femme de Loth ne résiste pas à la tentation et se transforme en statue de sel ;
Le roi David présente des similitudes avec Orphée dans ce pouvoir musical et poétique ; Le chant de David devient un atout essentiel pour sa promotion à la cour du roi Saul et son propre destin royal ;
Dans le mythe d’Orphée, le chant a une vocation religieuse ; ce n’est plus la poésie lyrique qui relate les exploits de personnages légendaires ; cette poésie a une dimension magique, surnaturelle ; Même les objets recouvrent une existence, une âme ;
Ce chant conjure les forces surnaturelles agressives ;
La descente aux Enfers
L’innocence, la candeur d’Orphée et la puissance de son amour le conduisent très loin jusqu’aux limites de l’enfer qu’il franchit ; la pureté d’Orphée est en contradiction avec la noirceur du monde ténébreux de l’enfer d’où la consigne de ne pas se retourner ;
Se retourner correspond à la rétro vision du passé, de la cruauté, de l’horreur de ce royaume ; la conscience de l’extrême malheur conduirait à la désintégration de l’inspiration de sa poésie ;
Dans la bible, la femme de Loth se retourne pour observer l’anéantissement de Sodome et se trouve transformée en statut de sel ; Le sel incarne le sel qui emplit les larmes lié au désespoir généré par la vision apocalyptique de sodome.
Orphée ne fait pas complètement confiance aux forces telluriques de l’enfer ; il a besoin de revoir l’être qui anime ses passions ; il est alors soumis à un supplice de Tantale ; la perception de sa bien aimée n’aura été qu’une illusion onirique ; une véritable supercherie ;
L’influence historique du mythe d’Orphée
L’ORPHISME
L’orphisme a inspirée une secte grecque datant du VI° siècle avant JC
Liée en partie aux Pythagoriciens et au « dionysisme » ; L’orphisme constitue à la fois une religion secrète et une philosophie ;
Sa Cosmologie : L’univers serait né d’un œuf cosmique d’où est issu le 1° des dieux ; plus tard, Dionysos, un des enfants de Zeus, reçoit l’empire du monde ; les titans jaloux, agressent Dionysos, le découpent, le font bouillir et l’avalent.
Zeus se venge en foudroyant les titans et de leur cendre naquirent les premiers hommes ; l’Homme d’origine divine, est condamné à errer de corps humain en corps humain par des procédés de réincarnation et métempsycose ;
L’Orphisme est non seulement hostile au sacrifice d’animaux mais incite également à un mode de vie végétarien ;
Cette pensée est précurseur du monothéisme chrétien avec les 3 éléments :
- la souillure originelle
- l’immortalité de l’âme
- la purification
Orphée comme Dionysos est découpé en morceau par les femmes de Thraces dont il a provoqué la jalousie morbide.
Comme le cœur qui continue à battre hors du thorax, la tête d’Orphée continue de chanter même à l’état élémentaire ;



Le mythe de Sisyphe

Sisyphe est le fils D’EOLE et d’Enariété ; il est le fondateur de Corinthe ;
Sa réputation est d’être un brigand doublé de talents de malice ; il aurait développé l’art de la navigation et du commerce, mais n’hésitait pas à piller et tuer les voyageurs qui traversaient l’Attique ; Sa vie est une succession de ruses ne craignant ni les hommes ni les dieux ;
Un des méfaits qu’on lui attribue est le viol D’ANTICLEE, fille d’Autolycos, la veille de son mariage ; Autolycos descendant d’Hermès, était également un voleur de bétail grâce à l’usage du pouvoir de métamorphoser les animaux qu’il volait ; Sisyphe découvre l’auteur du vol en plaçant un monogramme sous les sabots et en profite pour violer sa fille ;
De cette rencontre, naît le fameux Ulysse dotés des talents de ruse de son père et son grand père ;
Un jour Sisyphe aperçut un aigle immense qui enlevait une jeune fille vers une île voisine ;
Cette fille était une des filles du dieu-fleuve ASOPOS ; Sisyphe se fit créer par Asopos une source sous l’Acropole de la cité contre l’information de l’auteur du rapt ;
Zeus, qui avait échappé de justesse à la vengeance de ASOPOS, fut pris de colère et demanda à son frère Hadès de mener Sisyphe aux Enfers et de lui infliger un châtiment éternel ;
Sisyphe utilise alors la ruse pour déjouer la mort elle-même ;
Ainsi quand la mort ( Thanatos ) vint le chercher, Sisyphe l’enchaîna de sorte qu’elle ne put l’emporter aux enfers ; ainsi tout le temps que Thanatos fut enchaîné, il ne mourut plus personne et Zeus dû intervenir pour le libérer ;
En le libérant, Sisyphe est emporté, mais celui-ci utilise une dernière ruse ; avant de mourir, il demanda formellement à sa femme de ne pas lui rendre les honneurs funèbres ; ainsi il put convaincre Hadès de le laisser repartir chez les vivants pour punir sa femme ; une fois revenu à Corinthe, il refusa de revenir et Hermès dû intervenir pour le ramener de force ;

La punition de Sisyphe :

Puisque Sisyphe ne voulait pas mourir, il resta en vie aux Enfers et lui imposa un châtiment perpétuel : il devait roulait un énorme rocher jusqu’en haut de la montagne et de le rejeter de l’autre côté ; mais aussitôt arrivé près du haut de la colline, emporté par son propre poids, le rocher retomba tout en bas obligeant Sisyphe à tout recommencer ;

SYMBOLISME

- Sisyphe symbolise le destin contre lequel on ne peut lutter ; le destin représente le déterminisme , l’absence de liberté de la condition humaine qui est réduite à l’impuissance
- C’est aussi le thème de l’absurdité en général ; Sisyphe tente désespéramment d’échapper à la mort alors qu’elle est inévitable ; de même il espère vainement d’achever son travail , basculer le rocher de l’autre côté de la montagne alors cet espoir n’est qu’une illusion
- Le thèmes est repris par Albert Camus en 1942 ;
Le mythe de Sisyphe est le symbole de la condition humaine ; comme Sisyphe , l’Homme est condamné à subir un enchaînement inexorable d’expériences absurdes ; mais Camus ne tombe pas dans le nihilisme car la prise de conscience de cette situation peut libérer l’Homme ; le délivrer d’un espoir illusoire et lui faire comprendre l’intérêt de profiter du présent.


Les DANAIDES


C’est l’histoire d’un conflit entre 2 frères, fils de Belos, roi de la haute Egypte ;
Danaos et Aegyptos ;
Danaos, roi de Libye, avait 50 filles de femmes différentes appelées les Danaïdes ;
Et Aegyptos, son frère jumeau, roi d’arabie, s’empara de la haute Egypte, à la mort de Belos ; Afin d’éviter de guerres de succession, Aegyptos propose à son frère d’unir ses fils à ses filles ; Danaos refusa de crainte d’un complot ; mais devant la prédiction d’un oracle que ses 50 neveux le détrôneraient après avoir tuer les Danaïdes, il s’enfuit avec ses filles jusqu’à Argos où il devient roi avec l’appui d’Athena ;
Les fils d’Aegyptos partirent jusqu’à Argos et sous la contrainte d’un siège, obligèrent Danaos à accepter les mariages ;
Danaos organisa toute une stratégie avec ses filles ; les mariages étaient en apparence acceptés et une grande épingle, cachés dans leurs cheveux, devait transpercer le cœur des maris pendant le sommeil ;
Toutes les filles obéirent à leur père et poignardèrent leur mari sauf une HYPEMNESTRE qui épargna LYNCEE soit parce qu’il avait épargné sa virginité soit parce qu’il avait renouvelé plusieurs fois ses hommages;
Plus tard, Danaos confirma le mariage de Hypemnestre et Lyncée ; mais Lyncée n’avait pas apprécié le meurtre de ses frères ; il se vengea en tuant les 49 danaïdes et leur père ; il régna avec Hypemnestre sur Argos ;
Arrivé aux Enfers, les danaïdes sont condamnées à remplir indéfiniment un tonneau percé ;

Symbolisme

Ce mythe est voisin de celui de Sisyphe ;
- les hommes qui n’acceptent pas le destin défini par les dieux sont Châtiés ;
La revendication de liberté est un péché d’orgueil que les dieux répriment
- Le tonneau percé illustre le geste absurde et sans fin que l’on répète alors que la condition humaine le rend illusoire
- Le tonneau symbolise aussi le désir qui n’est jamais assouvi car remplacé par un autre désir similaire ;
- Dans le langage courant , le tonneau des Danaïdes symbolise la tâche gigantesque impossible à accomplir ou dont on ne voit pas le bout.
Il symbolise aussi la tâche qui nécessite des dépenses sans fins ;



TANTALE

Tantale, roi de Phrygie, était un mortel le fils de Zeus et de la nymphe Plouto ;
Il jouissait du privilège de manger à la table des dieux de l’Olympe et bénéficiait ainsi de l’immortalité;
Tantale avait l’illusion d’être l’égal des dieux et les tournait souvent en dérision; ses festins sur terre étaient notoires pour leur abondance et leur qualité ; il offrait même à des mortels, après les avoir subtilisés, le Nectar et l’ambroisie des dieux;
Pour tester l’omniscience divine, Tantale égorgea son propre fils Pélops, et lors d’un festin, le servit en ragoût aux dieux ; tous les convives se rendirent compte de la nature du repas sauf DEMETER qui était troublée par la disparition de sa fille ;
Zeus charge alors Hermès d’aller aux enfers pour ramener Pelops à la vie et décide de punir sévèrement Tantale ;
Or, in ne pouvait le condamné à mort car immortel, Tantale fut expédié dans la partie de l’Enfer consacré aux immortels : le Tartare ;
Tantale fut condamné à une souffrance éternelle : attaché à un arbre chargé de fruits au bord d’un plan d’eau fraîche et limpide ; mais aussitôt que tantale, assoiffé, approche ses lèvres de l’eau que celle-ci se retire ; aussitôt qu’il essaie de s’emparer des fruits de l’arbre que la branche se retirait sous l’effet du vent. Par ailleurs, pour le vol du chien d’or du temple que Zeus lui avait confié, Tantale fut placé sous un rocher, suspendu, toujours sur le point de l’écraser ;

Symbolisme

- Le supplice de tantale désigne dans le langage courant, la souffrance d’une personne qui doit se priver d’une chose qu’elle désire et qui est sans cesse soumise à son regard ; il exprime le désir incessant parce que jamais assouvi ;
Subir un supplice de Tantale, c’est être incapable d’assouvir un désir alors que la chose convoitée est à la portée de la main ; le désir est une quête permanente et hors d’atteinte ;
- Tantale est le symbole de la vanité de l’homme qui veut se mettre à la hauteur des dieux ;
C’est le déni de la suprématie humaine face aux puissances de la nature ;
- le cannibalisme est signalé comme un interdit exposant à un supplice éternel


Eros et Psyché

Un jour, un Roi et une Reine avait 3 filles très jolies, mais la plus jeune, Psyché, avait une beauté extrême, elle incarnait la beauté par excellence ;
Sa beauté était telle que le langage humain était insuffisant pour en rendre compte ; le monde venait de toute part pour l’admirer et lui vouer un culte idolâtre ; elle donnait l’impression d’être la représentation de Aphrodite, déesse de la beauté et de l’amour ;
Pendant ce temps, alors que Psyché enflammés les passions, les temples consacrés à Aphrodite étaient délaissés ce qui déclencha la colère de celle-ci.
Aphrodite décide de se venger et convoque son fils EROS et lui demande de punir cette princesse ; Eros, est un dieu ailé, disposant de flèches qui ont la propriété de blesser d’amour la victime qui en était transperçait ;
Sa mission est de transpercer le cœur de la jeune fille et de faire en sorte de lui inspirer la passion pour l’être le plus hideux qu’il trouverait ;
Or quand Eros aperçut la jeune princesse, il fut ébloui par sa beauté, trébucha et la pointe d’une de ses flèches le piqua et il fut éternellement amoureux de Psyché.
Pendant ce temps, Psyché ne tire aucun avantage de sa beauté ; solitaire, elle souffre que personne ne se présente pour lui demander sa main alors que ses deux sœurs font de beaux mariages princiers.
Triste, son père, craignant une quelconque malédiction, consulte un oracle qui lui rend la prédiction d’Apollon : « habille ta fille de vêtements funéraires, emmène là au sommet du rocher derrière le palais, son futur fiancé fait partie des créatures immortelles dotées d’un pouvoir exceptionnel »
De retour chez lui, le roi explique la triste prophétie, et le royaume est soumis à un deuil général ; la décision est acceptée avec résignation et le roi la reine accompagné de tout le peuple accompagnent psyché jusqu’à l’endroit fatidique ;
Psyché poursuit seule le chemin jusqu’au sommet de la falaise ; A ce moment Zéphyr, le délicieux vent d’ouest accompagne psyché tendrement vers un mystérieux palais magique dont elle était la seule locataire ; une voix invisible lui souhaite la bienvenue et lui offre ce grand palais et ses serviteurs.
A la nuit tombée, dans l’obscurité, EROS apparut et lui fit vivre le plus beau des amours ; mais il lui fit promettre de ne jamais chercher à le voir, ni à savoir qui il était ; et à cette condition, l’enfant qu’elle portait sera un jour un dieu immortel ;
Eros et Psyché s’aimèrent ; tous les sors Eros apparaissaient et avant l’aube il disparaissait ;
Au palais, toute seule Psyché s’ennuie, et implore son amant de revoit ses sœurs ; finalement Eros accepte mais lui défend de dire la vérité à son sujet ;
Les deux sœurs, de passage au palais, sont prises de jalousie devant tant de richesse ; et font croire à leur sœur que son amant est un terrible monstre qui un jour au l’autre la dévorera en faisant allusion à la prophétie de l’oracle;
Ces propos répétés, mirent le doute dans l’esprit de Psyché, et le matin elle se réveilla avant l’aube sortit du lit, alluma une lampe à huile et armé d’un poignard éclaira le corps de son amant ; elle découvrit le fils de la déesse Aphrodite lui-même ; elle s’émerveilla de sa beauté mais alors que sa main tremblait une goutte d’huile brûlante tomba de la lampe sur la peau de EROS ; A ce moment, il ouvre les yeux et la voit debout devant lui ; Eros s’enfuit alors sans lui adresser la parole.
Psyché parcourt le monde à la recherche de son amant en vain ;
Ses sœurs, apprenant l’abandon de psyché, se hâtèrent l’une et l’autre au sommet de la falaise pour obtenir les grâces de Eros ; elles se jetèrent de la falaise en demandant à Zéphir de les conduire à Eros, mais elles s’écrasèrent mortellement ;
Finalement pour retrouver Eros, Psyché va chez Aphrodite qui lui promet de lui rendre son fils à condition qu’elle réalise 4 épreuves ; Psyché accepte ignorant que les tâches étaient réputées impossibles :
- elle monta Psyché dans un grenier qui contenait une immense réserve de grains de blé de seigle et d’orge ; sa mission était de trier les graines 3 tas selon leur nature ; malgré l’impossibilité de la tâche, des fourmis viennent l’aider ;
- elle exige ensuite que Psyché lui apporte un écheveau de laine de moutons dorés réputés mangeurs d’hommes ; des roseaux prennent pitié d’elle et lui apprennent comment obtenir la laine sur les moutons endormis ;
- elle impose à Psyché de remplir une jarre de l’eau du STYX en escaladant des roches glissantes ; mais son amour pour Eros lui donna la force de surmonter les obstacles et un aigle qui avait une dette envers EROS va lui chercher de l’eau.
- Enfin Aphrodite demande à Psyché de rechercher un flacon d’onguent chez Perséphone , Déesse des Enfers ; cette fois psyché décide de mettre fin à ses jours en se jetant dune tour ; mais les vieilles pierres sont émues par sa détresse et lui donne le moyen de surmonter son épreuve ; ( marche vers l’ouest ; tu ne dois pas partir les mains vides : prends avec toi 2 gâteaux au miel et mets 2 petites pièces d’argent dans ta bouche ; sur la route ne parle à personne, jette un gâteau à Cerbère, le chien à 3 têtes qui te laissera passer ; passé les bords du Styx, laisse Charon lui-même prendre une pièce de monnaie dans ta bouche. n’aide personne sur ton chemin ; quand Perséphone aura rempli la boîte avec la pommade ne l’ouvre pas ; rapporte la fermée à Aphrodite ; au retour offre une nouvelle pièce à Charon et jette le deuxième gâteau à Cerbère )

Pendant ce temps , Eros regrette Psyché et demande à Zeus la permission de l’épouser ;
Quant à Psyché , son épreuve évoluait favorablement, mais sur le chemin du retour psyché ne put s’empêcher d’ouvrir le coffre malgré l’interdiction ; elle laisse alors sortir le sommeil Eternel qui l’envahit peu à peu pendant ce temps, la blessure d’Eros avait guéri, il chercha partout Psyché qui gisait sur le sol ; le jeune dieu la ramène à la vie en la frappant d’une flèche ; Eros supplia sa mère de pardonner sa bien aimée mais Aphrodite resta inébranlable ; il faudra l’intervention de Zeus pour qu’Aphrodite consente à oublier sa colère.
Zeus envoya Hermès pour conduire Psyché sur l’Olympe et la rendit immortelle.

SYMBOLISME :

- l’être Humain peut disposer de dons naturels qui ne sont pas forcément des Atouts : personne ne veut conquérir Psyché malgré sa beauté ;
- la valorisation de la confiance aveugle en la toute puissance de la passion ; il existe une corrélation entre la passion et l’abandon de soi dans l’acte amoureux ;
L’amour serait un renoncement de soi au profit de la personne aimée
Ce renoncement peut conduire dans certains cas aux Enfers ou au paradis de l’Olympe ; l’amour serait une prise de risque avec une mise constante en danger de son intégrité ; et à l’instar des joueurs, une spéculation sur un bonheur infini.
- l’acharnement de l’héroïne à vouloir retrouver son amant jusqu’au fond de l’enfer
- immortalité de l’âme qui triomphe de tous les obstacles
- la curiosité de psyché qui la pousse à commettre des fautes ; mais les épreuves amènent progressivement à la perfection de l’âme ( psyché signifie âme )
Le mythe d’ EROS et PSYCHE renvoie à l’analyse du sentiment amoureuxdont la tradition grecque a distingué 3 expressions :
- L’EROS : se définit comme l’amour absolu, exclusif, centrifuge :
Le livre le banquet de Platon en donne un aperçu : A l’origine, l’Homme est androgyne, mais Zeus le sépare en 2 moitiés ; ne se suffisant plus à lui-même, l’homme est en quête de sa moitié pour s’accomplir en totalité ; quand cette complétude est atteinte, l’amour devient passionnel, insatiable mais de plus narcissique et aliénant ;
- PHILIA représente l’amour désintéressé, absolu, fraternel centripète ;
Défini par Spinoza, c’est l’amour oblatif par opposition à captif ; c’est un amour qui pousse le sujet à se donner lui-même
L’individu n’est pas aimé pour ce qu’il peut nous apporter mais pour ce qu’il est ; cependant cet amour est porteur d’une satisfaction en miroir ;
Ce mot se rapproche du mot HESED qui désigne à la fois l’amour, l’attachement et la fidélité.
Les 2 notions d’amour EROS et PHILIA sont tous les deux tournés vers soi vers un bien-être personnel , un apport égocentrique évident ou plus subtile ; d’où la 3° notion
- L’AMOUR AGAPE ;
L’AGAPE est le repas pris en commun par les 1° chrétiens et au cours duquel est célébré le rite eucharistique ; L’amour est transcendé, sublimé ; il est pur , gratuit, désintéressé, compassionnel, avec une connotation mystique ; on retrouve pour le partenaire un amour comparable à l’amour divin ;
Cette notion a été reprise par les chrétiens et prend le sens de CARITAS charité ; c’est la grâce divine qui descend sur la terre pour sa rédemption ;
L’amour n’est plus à portée humaine mais universel, il se tourne vers toute l’humanité y compris les ennemis.




NARCISSE

Narcisse était le fils d’un dieu du fleuve et d’une nymphe ; mais un devin avait dit très tôt que « Narcisse vivra très vieux, à condition qu'il ne se regarde jamais » ; narcisse était très beau et sa mère l’avait gâté toute son enfance sur l’idée qu’il était trop beau pour perdre son temps avec les filles du pays ; une vanité l’envahit progressivement et pris conscience qu’aucune femme sur terre ne pourrais être assez jolie ou intelligente pour le mériter ; même ses amis ne purent supporter sa vanité et l’abandonnèrent ;
Narcisse était finalement satisfait de sa propre compagnie ;
La nymphe Echo était amoureuse de Narcisse ; mais elle avait subi la malédiction de Hera ; en effet Echo avait surpris un rendez-vous amoureux entre Zeus une nymphe dans la forêt mais Hera se dirigea vers Echo et lui demanda si elle avait vu son époux Zeus ; mais ECHO ne voulant être à l’origine d’une dispute répondit négativement ;
En découvrant Zeus en compagnie de la nymphe, fut prise de colère et infligea une malédiction à ECHO : elle ne pouvait plus parler ou chanter comme auparavant mais elle ne pouvait que répéter les derniers mots de ce que les autres diraient.
Un jour, Narcisse était parti chasser dans la forêt mais s’était égaré ; Echo, amoureuse de lui, l’avait aperçu ; Narcisse s’adressa à elle pour lui demander sa route mais celle ci répéta systématiquement en écho ses derniers mots ;
Cela finit par irriter Narcisse qui partit à travers le bois ;
Désespérée, Echo se réfugie dans le bois désespérée, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même ; transformée progressivement en rocher, sa voix résonne encore au fond des forêts et dans les gorges profondes ;
NEMENIS la déesse de la vengeance décide alors de punir Narcisse d’un amour impossible ;
Un jour Narcisse voulut s’abreuver de l’eau d’un bel étang limpide ; il s’agenouilla, se pencha pour boire de l’eau entre ses mains ; il vit un reflet d’un jeune homme dans l’eau dont il tomba amoureux
Il se pencha d’avantage sur la surface de l’eau pour embrasser cette merveilleuse créature, mais celle-ci disparut ;
Le visage réapparut lorsque l’eau devint de nouveau calme et limpide mais les nouvelles tentatives furent un échec ; Narcisse sombre alors dans une sorte de folie ; un jour il tomba dans l’eau pour rejoindre la personne aimée et mourut ;
A cet endroit une fleur de, portant son nom apparut.

Symbolisme :
Grâce aux psychiatres et psychanalyses, le concept de narcisse s’est transformé en narcissisme
Le Narcissisme se définit comme une fixation affective sur soi-même ; cet amour de soi, de sa propre image conduit à une aliénation psychique ;
En refusant Echo, Narcisse refuse l’altérité ou plutôt ne l’accepte que si elle le reflet de lui-même ; L’amour se définit alors comme une démarche interne d’auto érotisation ; puis-je aimer quelqu’un d’autre que moi-même ;
Narcisse refuse de s’impliquer avec Echo mais quand il décide de se mouiller, il se mouille littéralement et décède ; Contrairement à la Belle Au Bois Dormant qui s’éveille grâce à l’autre, Narcisse, ignorant de lui-même, immature, disparaît à cause de lui-même ;
Le thème du narcissisme a été repris par Freud ; on distingue le narcissisme primaire : qui est l’investissement de la libido sur lui-même du jeune enfant de 2 à 3 ans; l’ enfant réalise que sa mère réagit à tous ses appels ; celle-ci est perçue comme faisant partie de lui-même ; ce narcissisme s’associe souvent à un complexe d’Œdipe ;
Progressivement, du fait du « principe de réalité », l’enfant s’aperçoit que sa mère a une existence singulière sur laquelle il n’est plus capable d’influer ;
Sa libido repliée sur lui-même et sa mère va se déplacer et se reporter sur les autres sans pour autant renoncer à son auto investissement ; La libido se divise en 2 parties :
- la « libido du moi » qui sert à aimer soi-même
- la « libido objet » qui sert à aimer les autres
Le narcissisme secondaire
Par définition, c’est « un repli défensif de la libido sur le moi consécutif à une perte d’amour extérieur » ;
Pour aimer les autres, nous devons réprimer la libido de soi ; dans sa forme extrême, l’amoureux met son objet aimé dans un tel un piédestal qu’il en vient à s’auto déprécier ;
Inversement le déficit d’amour de soi ne permet pas d’aimer les autres ; ce déficit est lié souvent à une baisse ou une perte de l’investissement parental sur lui-même ;L’enfant valorisé par ses parents dans ses particularités spécifiques, va stocker un capital narcissique qu’il pourra exploiter dans son épanouissement amoureux.

Conclusion :
Narcisse pose le problème de la dualité de l’amour de soi et l’amour des autres ;
Par ailleurs Narcisse est maintenu dans l’ignorance de lui-même afin qu’il vive plus vieux ; en fait c’est la connaissance de soi par l’introspection qui sans aspirer à la longévité permet un accès au bonheur amoureux comme téléologie.