Wednesday, December 20, 2006

L'oeuvre de NIETZSCHE

Les œuvres :

La naissance de la Tragédie 1872
Considérations intempestives 1873 1876
Humain trop humain 1878 1880
Aurore 1881
Le gai Savoir 1881 1882
Ainsi parlait Zarathoustra 1883 1885
Par delà le Bien le Mal ( 1886 )
La généalogie de la morale 1887
Le cas Wagner 1888
Ecce Homo 1888 publié en 1906
Le crépuscule des idoles 1889
L’antéchrist publié en 1906
La volonté de puissance publié en 1901

La pensée de Nietzsche

1° LA MORT DE DIEU

C’est une citation célèbre de Nietzsche qui apparaît la première fois dans le Gai Savoir (aphorisme 108 , 125 et 343 ) ainsi que dans Ainsi parlait Zarathoustra ;

Les progrès de la science et des techniques, le bonheur de l’humanité bâti, non sur la foi, mais sur l’humanisme a conduit les modernes à déstabiliser les fondements des idéaux et des valeurs qui ont jusque là prévalus ;
« Dieu est mort, et c’est vous et moi, qui l’avons tué » ; tous les efforts de rationalité, les progrès de la Raison ont remis en question les bases de la foi chrétienne : le péché, la rédemption, le salut de l’âme etc ..
et l’effondrement de ce préalable de la foi entraîne un écroulement de tout l’édifice ; la vie perd tout sens en dehors d’elle-même ;
La mort de Dieu ne signifie pas la disparition physique de dieu au sens littéral ; simplement l’être humain ne peut plus croire en un ordre cosmique bâtit sur un ordre divin transcendant ;

NIETZSCHE reproche au christianisme :

- l’affaiblissement de l’homme
- des réponses illusoires ; une consolation d’un au-delà inexistant, ou du moins non crédible
- ses valeurs dogmatiques basées sur des représentations antiques, désuètes et paradoxales
- l’hypocrisie des chrétiens dont l’existence n’est pas en accord avec leur croyance

Les idées qui sèment le trouble :
- les découvertes scientifiques de Copernic et Galilée ( Héliocentrisme contre géocentrisme : l’héliocentrisme est la conception qui place le soleil au centre du monde ; et le géocentrisme et la théorie qui place la terre immobile au centre du monde ; )
- Le darwinisme (évolutionnisme contre créationnisme)
- La vie de Jésus de David Friedrich Strauss qui démystifie le personnage de Jésus
- Les poèmes de Heinrich Heine qui évoquait « un dieu mourant »
- La rigueur d’une éducation chrétienne avec cette négation de l’être au profit d’une morale du ressentiment ;
Le ressentiment qui s’exprime à la fois par la substitution de la réaction à l’action (l’introspection plutôt que la prospection ; ressentir plutôt que d’agir) ; la culpabilité ( pêché ) et l’agressivité par ressentiment vis-à-vis de soi ou des autres ;


Le rationalisme n’est pas une issue

Nietzsche critique « la foi dans la science » rêve insensé de parvenir à des vérités définitives qui, inévitablement débouche sur le désir d’ « un autre monde que celui de la vie, de la nature et de l’histoire ».
Le rationalisme des modernes ne serait qu’une illusion car il tenterait de réunifier par des lois un monde incohérent, déstructuré, chaotique, illogique ; ils prendraient en somme leurs désirs pour une réalité ;
« il n’y a pas de faits, mais des interprétations »

2° Les conséquences : Le NIHILISME

Le nihilisme provient du mot latin NIHIL qui signifie « rien » ;
Ce mot apparaît dans la Grèce antique avec Gorgias dont la théorie se résume en 3 points :
- rien n’existe ;
- si quelque chose existe, ce quelque chose ne saurait être appréhendé et encore moins connu par l’homme ;
- même s’il était, son appréhension ne serait pas communicable à autrui ;
Le terme est ensuite repris par Tourgueniev, Dostoïevski et les anarchistes russes : il s’agit d’un nihilisme actif destructeur, la violence et le terrorisme était fondé sur un idéal de liberté et de justice en opposition au Tsar Alexandre II ;
Nietzsche reprend cette notion en lui donnant un contenu nouveau ;
Il se dégage du nihilisme passif inspiré par Schopenhauer selon lequel le monde tel qu’il est ne devrait pas exister et « le monde tel qu’il devrait être n’existe pas ; » « tout est vain » « vivre (agir, souffrir, vouloir, sentir ) n’a pas de sens.
Le nihilisme représente pour Nietzsche la dévaluation universelle des valeurs qui plonge l’humanité sans un état de « décadence » et d’angoisse.
L’histoire des religions exprime ce renversement de la hiérarchie des valeurs ; des faibles, animés par le ressentiment et la négation de la vie contre les forts aptes à s’affirmer librement et joyeusement ;
Dans la généalogie de la morale, Nietzsche décrit le cheminement de la dégradation, initiée par la caste des Brahmanes, qui placent la pureté rituelle au-dessus des valeurs viriles de l’aristocratie guerrière ; Les juifs poursuivent ce mouvement en renversant l’équation originelle qui assimilait le « Noble » et « Puissant » au « BON » et « aimé des dieux » ; seuls les petits et faibles sont bons et pieux alors que les « Grands » et « Forts » sont « Méchants » et « Impies » ; le christianisme transmue cette haine judaïque des puissants en amour universel pour les misérables ; la morale des esclaves l’emporte sur celle des maîtres ;

Face donc à la disparition des repères ou décadence, Nietzsche oppose donc les faibles et les forts ;

Les FAIBLES ce sont le troupeau, les esclaves ceux qui subissent sans pouvoir réagir ; Le pessimisme est alors la réaction naturelle ; pour ne plus avoir à s’extraire du néant on plonge dedans ; d’où les désirs de mort, la mélancolie, l’autodestruction Les faibles subissent sans pouvoir réagir et donc gardent la mémoire douloureuse de cette décadence.
Les faibles sont parfois animés de forces REACTIVES ; l’agressivité, la vengeance vis-à-vis d’autrui ( fanatisme, sectarisme et totalitarisme ), les superstitions, la drogue en sont une expression ; la « volonté de vérité » chère au rationalisme moderne en est une autre expression dans le sens où elle s’épanouit qu’en réprimant et annihilant d’autres forces dites active ; elle oppose « une logique du non » inhibitrice;


Les FORTS sont des ACTIFS ; ils ne se contentent pas de constater l’effondrement de certaines stèles ; ils font table rase de l’ensemble « quand on a renoncé à Dieu on ne se cramponne pas à la morale »,
Nietzsche critique les chrétiens laïcisés, les libres penseurs qui après avoir éliminé Dieu du christianisme en conserve l’éthique ;
La notion d’homme fort renvoie, non à une notion politique mais métaphysique ; il ne faut pas faire des autres des esclaves mais se maîtriser soi-même.
Il fait l’apologie du vouloir ; l’option de la vie contre le néant ;
La volonté de puissance permet l’épanouissement de l’être ; et cette volonté s’exprime par la création ; le véritable héros est l’artiste ;
Cette création se développe dans le temps et requiert cette temporalité pour s’exercer ;
« il faut régir l’humanité pour l’obliger à se dépasser ; …au moyen de doctrines qui la feront périr, à l’exception de ceux qui la supporteront. »

3° DYONYSISME et APOLLINISME

La pensée de Nietzsche s’est caractérisée par une évolution de l’influence latine vers une pensée grecque très à la mode au XIX° siècle ;
Cependant il exprime l’excellence de la culture pré-socratique (Héraclite ) au détriment des suivants ; il apprécie cette philosophie qui évite la confusion du religieux et du rationnel, du scientifique et du métaphysique ;
C’est l’émergence de la démocratie à Athènes qui a provoquée la dégénérescence du monde grec
Socrate est le reflet, par sa laideur, de la dégénérescence de tout ce monde grec ;
Le rationalisme est un héritage socratique qui met en exergue l’exercice exclusif de la raison comme valeur inconditionnelle de la vérité ; la science repose sur la RAISON elle–même conditionnée largement par les lois morales dites lois naturelles ; notre petite raison humaine, grossière, est insuffisante pour appréhender un monde prétendu vrai ;
« ce qui a besoin d’être démontré pour être cru ne vaut pas grand-chose » ; Personne ne songerait à dire que Chopin a raison contre Bach ;
Nietzsche propose une vision esthétique de la vérité incarnée par les sophistes qui cherchent à séduire, persuader un auditoire par la seule puissance des mots ;
Les mots ne sont plus un moyen mais une fin en soi car ils produisent des effets esthétiques, au sens grec de sensations quasi corporelles ; au même titre qu’une œuvre d’art ;
Dans la naissance de la tragédie, Nietzsche oppose 2 forces contraires le monde de Dionysos : dieu du vin et de l’ivresse, dieu de la musique Et celui d’Apollon Dieu de la Beauté et de l’équilibre, dieu des arts plastiques ;
L’apollinisme permet la production de belles formes et d’images, des productions plastiques ou verbales ;
Le mot « apollinien » exprime le besoin de s’accomplir en soi-même, d’être un individu type, « connais-toi toi-même »
La force suprême de l’affirmation de soi dans la beauté froide, aristocratique distante ;
Le dyonysisme exprime « le besoin d’unité ; tout ce qui dépasse la personnalité, la réalité quotidienne, la société, l’abîme de l’éphémère » ( la volonté de puissance )
La tragédie grecque, représentée par le drame lyrique de Wagner, comme toute œuvre d’art est la résultante de ces 2 forces et aide le spectateur à supporter la douleur de l’existence ;
La peinture apporte l’apaisement et la musique l’exaltation de la volonté ; l’art grec réalise la synthèse de la force apollinienne lyrique et plastique (hymne en l’honneur du dieu) et celle de la force dionysiaque du musicien comme vision allégorique ;
Dionysos est le héros unique sujet à ses désirs, ses émotions (Prométhée, Œdipe) ;
C’est Socrate qui est désigné comme meurtrier de la tragédie grecque ; en introduisant la Raison en substitution de l’instinct ; l’art tragique est irrationnel, immoral, illogique à l’opposé d’un homme virtuel socratique qui « se complait et se rassasie au spectacle de l’obscurité vaincue » ; la rationalité est conçue comme une puissance minant la vie et dont la seule issue de secours et l’art ;
Il existe donc une dualité entre « l’insatiable optimisme de la connaissance et le tragique besoin d’art ; »
Nietzsche retrouve dans la musique de Wagner les caractères de la tragédie grecque ( Tristan et Isolde ) ; la musique donne au mythe tragique une signification métaphysique ;
Nietzsche réalise une attaque contre le socratisme et sa morale au profit d’un instinct mettant en valeur la vie dans toute sa luxuriance ;
Par la suite Nietzsche rompra avec Wagner et ne conservera que le Dyonysisme jusqu’à la fin de ses jours.


4° GENEALOGIE et VOLONTE DE PUISSANCE

Le concept de volonté de puissance est au centre de la pensée de Nietzsche
La volonté de puissance ne doit pas être comprise comme la volonté de réussite sociale ; d’avoir de l’argent ou du pouvoir mais plutôt de vivre pleinement et profondément la vie loin des déchirements internes, les culpabilités les conflits intérieurs;
C’est un concept métaphysique qui dépasse la seule sphère humaine ;
Elle exprime l’essence d’une structure qui ne se réalise pleinement dans un DEVENIR plus;

Toute structure est un champ de forces ;
soit ces forces s’opposent, luttent
soit elles composent selon un rapport hiérarchique sous la domination de l’une d’elles ;
la volonté exprime donc un certain rapport de force entre ces différentes réalités ;
La volonté de puissance peut être
- active : la force affirme sa singularité ; la volonté d’accroissement de pouvoir ( création artistique )
- réactive : efforts de séparations par rapport à des forces concurrentes : volonté de différenciation
La volonté de puissance est une loi cosmique ; elle est visible à travers toute chose ;
C’est une synthèse réconciliatrice des forces actives et réactives ; toutes coopèrent dans l’harmonie la plus parfaite sans déperdition d’énergie ;
La volonté de puissance est à l’origine de toute passion, désir ou vouloir ;
Le vouloir vivre est une forme dégradée de la volonté de puissance ; la vie n’est rien d’autre qu’une succession de « petits processus victorieux »
Sur le plan politique, tout parti, toute idéologie est déjà l’expression de la volonté de puissance ; le guerrier ou l’artiste n’en sont pas indemnes ; le Barbare est une forme brutale et stupide de volonté de puissance ; l’artiste est une forme plus raffinée, plus haute car créatrice ; et la culture en est la forme la plus haute ;

Nietzsche propose une vision proche de la loi de la jungle où le plus fort domine le plus faible en raison de sa force de volonté supérieure ; il attaque ainsi les icônes de la religion chrétienne :
- la défense des faibles
- la compassion et la pitié
- la négation du péché originel
la pitié, l’altruisme, les valeurs humanitaires seraient des valeurs par lesquelles on se nie soi-même pour se donner l’apparence de la bonté morale et se persuader de sa supériorité.
Nietzsche reproche au christianisme d’avoir constamment « méprisé » le corps et la sensibilité au profit de la raison ;
la raison est une arme de pouvoir ; le raisonnement est un moyen d’écraser l’autre ; l’humanisme, les vertus cachent également une volonté de puissance plus subtile ;
Nietzsche récuse le rationalisme de Kant basé sur l’universalité de la loi morale ;
La vérité scientifique prétend affirmer des principes valables pour tout un chacun, en tout temps et en tout lieu ;
il prône au contraire une totale acceptation de l’immoralisme ; il pourfend les premières ébauches de l’humanitaire moderne dans lesquelles il y voit un relent débile de christianisme ; « Pour l’espèce, il est nécessaire que le malvenu, le faible, le dégénéré périssent » ; il exprime par exemple sa joie lorsqu’il apprend qu’un tremblement de terre a secoué Nice en détruisant quelques maisons ou lorsqu’un cataclysme a ravagé l’île de JAVA ; « deux cent mille êtres anéantis d’un coup c’est magnifique… ce qu’il faudrait, c’est une destruction radicale de Nice et des Niçois.. »
Il justifie une certaine CRUAUTE ( souffrance que l’homme fait subir à l’homme ) ; « vivre, c’est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l’étranger, l’opprimer, lui imposer durement ses propres formes » ( par delà le bien le mal )

Cependant le maître qui domine n’a pas besoin de se venger car il n’éprouve pas le sentiment d’infériorité ; il a le plaisir d’être lui-même ; il n’existe pas cette notion de ressentiment propre aux faibles qui cherchent à détruire toute animalité, toute expression de l’instinct ; la morale est alors un système illusoire monté de toute pièce pour se venger de la domination des forts ;
La morale des forts au contraire a pour objectif de pousser ceux-ci vers des extrémités sans aucune inhibition, au mieux vers la création artistique, le génie inventif.

5° L’ETERNEL RETOUR , L’AMOR FATI ( amour de l’instant présent ) et L’INNOCENCE DU DEVENIR

Cette notion remet en question la croyance idéaliste d’un plan providentiel qui régi le monde ; il brise les conceptions finalistes du règne ultime de la morale au profit d’une représentation immoraliste du devenir ;
C’est une conception inspirée par Héraclite et les stoiciens puis par Schopenhauer : compte tenu de l’infini du temps, le temps n’a pas de début ni de fin, les événements reviennent un nombre infini de fois ( personne ne croit guère en cette fiction en 1880 ) « cette vie tu devras la vivre une fois et d’innombrables fois… l’éternel sablier de l’existence ne cesse d’être renversé à nouveau » ( théorie de l’éternel retour )
Le mouvement historique serait comme d’un mouvement cyclique hélicoïdal.
La doctrine de l’Amor Fati ( amour de ce qui est au présent ) a comme principe l’amour de l’instant actuel sans aucune référence au passé ou à l’avenir ;
La devise en serait la fuite du poids du passé ( ni remord ni regrets ni auto culpabilité ) comme les promesses de l’avenir ( pas d’issue dans l’au delà transcendé)
La théorie de l’éternel retour inviterait alors à sélectionner les seuls moments dont nous souhaiterions la répétition à l’infini, puisque l’avenir en sera fatalement la redondance ; « ne rien vouloir d’autre que ce qui est » se rapproche des thèses des STOICIENS : Epictète ou Marc Aurèle ou des Bouddhistes ;
L’Amor Fati est « terre à terre », sans idole et sans dieu ; ce qui vaut le coup d’être vécu est sur terre, le ciel est totalement vide et tout idéal est vide de sens ;
L’innocence de l’avenir incite à la déculpabilisation totale , on pourrait la résumer par : « on ira tous au paradis » et le paradis est terrestre.


6° LE SURHOMME

Le surhomme n’a pas été inventé par Nietzsche, mais a été initié au XVII° siècle (Herder ) puis dans la littérature romantique comme l’idéal impossible à atteindre ;
C’est l’incarnation de la volonté de puissance la plus haute
« L’homme supérieur au plus haut degré serait celui qui aurait la plus grande diversité des instincts et avec la force la plus grande qu’il pourrait encore supporter »
C’est une philosophie de l’action, malgré le nihilisme en vigueur, l’homme supérieur, ébauche du surhomme, est celui qui se dirige précisément vers le surhomme ;
Le surhomme donne un sens au devenir humain ; Nietzsche croit à l’immanence du devenir et rejette toute idée de transcendance ;
l’Homme ne trouve de sens que par lui-même ; sa trajectoire est un passage de l’état « humain trop humain » jusqu’à un état « humain surhumain » ; mais le surhomme est menacé par la foule « des faibles, la conjuration des ratés et des dégénérés ».

Cependant Nietzsche n’est pas pour la sélection raciale ; les exemples de surhomme sont Shakespeare, césar, Borgia, Napoléon et Goethe.
Dans ainsi parlait ZARATHOUSTRA ;
L’homme doit passer par 3 étapes :
- d’abord CHAMEAU ; le chameau est la bête de somme qui porte ; c’est celui qui porte les valeurs ; sa devise est « tu dois donc tu peux » c’est l’image de l’esclave, du besogneux
- le LION : c’est l’image de la révolte contre les valeurs traditionnelles
- L’ENFANT la révolte laisse place à la tranquille affirmation de soi

Du Barbare, l’homme ne gardera que la vigueur et la richesse des instincts ; mais ces instincts sont intégrés dans un ordre supérieur, moteur de la liberté créatrice ;


7° La POLITIQUE

Le thème Nietzschéen est la Spiritualisation des instincts ; la culture de l’homme en tant qu’animal ;
Sa position va à contre courant de la démocratie, de l’Idéal Humaniste, de la pensée de l’église ; il fait la politique de la table rase
Nietzsche est pour l’ELITISME : il ne croit pas aux qualités intellectuelles et politiques des masses ; il conteste la démocratie, le libéralisme et le socialisme ;
Il est anti-égalitariste ; la recherche du bonheur pour le plus grand nombre est illusoire et menace l’expression de l’homme supérieur en rendant son épanouissement improbable ;
La démocratie est une idéologie du troupeau au détriment de l’expression du géni supérieur ;
Sa politique est autoritaire et très inégalitaire ; la préservation des inégalités sociales est à l’origine d’une mentalité de caste creuset d’une culture élitiste ;
Les droits de chacun dépendent de sa puissance
La médiocrité est inévitable et indispensable ; et les forts doivent protéger les faibles, au moins pour conserver leur domination
Le rôle de la justice est de contenir la violence issue du ressentiment et de la vengeance ; limiter les réactions de violence immédiates : violence contre violence

Nietzsche et le NAZISME

- Nietzsche et les juifs
Nietzsche était surtout hostile au judaïsme de même qu’il était hostile à toute forme de déisme ; le judaïsme est un événement néfaste car revalorisant les faibles, les esclaves au détriment des forts en prônant le ressentiment ;
contrairement à sa réprobation religieuse, il n’exprime aucune aversion vis-à-vis du peuple juif, « ce peuple qui poussa la sublimité plus haut que n’importe quel autre peuple » et éprouve au contraire un sentiment de dégoût à l’égard de la bêtise antisémite ;
« Que croyez-vous que je puisse éprouver quand les antisémites se permettent de prononcer le nom de Zarathoustra ? »

- Elisabeth Forster- Nietzsche et le temps du mensonge
Dans les années 1880-1900 se sont développées en Allemagne à la suite du second empire allemand, une idéologie pangermanique ; c’est l’époque du grand romantisme allemand dont la musique wagnérienne en est l’expression ; on croit alors à l’eugénisme, à la capacité de créer des races humaines supérieures ;
Simultanément se développe un antisémitisme primaire pour lequel Nietzsche exprimait un profond dégoût ;
Elisabeth Nietzsche épousa en 1886 Bernard Forster idéologue pangermaniste, fondateur au Paraguay d’une colonie d’ « aryens purs » ;
Nietzsche exprima constamment son mépris pour cette sœur ;
D’après l’historien Lionel Richard, Elisabeth joue un grand rôle de falsification des manuscrits et lettres de son frère à des fins de détournement idéologique ;
Les nazis réquisitionnent ses textes pour servir la propagande et l’idéologie du III° Reich ; entre 1939 et 1943 250 000 exemplaires du Zarathoustra ou de la volonté de puissance sont vendus ; Hitler vient personnellement rendre visite à Nietzsche malade et reçoit la canne du philosophe en cadeau ; par la suite Hitler se sert de l’image de Nietzsche pour sa propagande, et ses idéologues propagèrent l’adéquation entre l’enseignement de Nietzsche et Mein Kampf

- RESPONSABLE MAIS PAS COUPABLE

Certes Nietzsche n’est pas coupable de toute la démesure du III° Reich, mais il conserve une certaine part de responsabilité intellectuelle ;
La déconstruction de tous les idéaux qui ont animé le siècle des lumières ( la politique de la table rase face aux doctrines et aux idoles : le christianisme, le progrès, la démocratie, le socialisme, les droits de l’homme, le « caritatisme »…) , « Le grand style » comme morale et dans tous les cas l’innocence de l’avenir comme doctrine de salut ont vraisemblablement été des éléments catalytiques de l’éclosion de doctrines nationales socialistes ;
la récupération de ses écrits par une lecture nazifiante a été relativement aisée.


CONCLUSION

Les idées de Nietzsche ont été très controversées par ses contemporains et par de nombreux philosophes ; il n’est qu’à lire la passion des différents intellectuels qui ont commentés ses œuvres ou les échanges retranscrit dans les forums philosophiques ;
A une époque où l’église ne fascine plus beaucoup, la pensée iconoclaste de Nietzsche reste parfaitement d’actualité.
L’œuvre de Nietzsche, pour la simplifier à l’extrême, est articulée autour de 3 grandes lignes :
La généalogie ( la détermination des forces qui sont en œuvre dans les jugements moraux) ouvre la porte vers un vide abyssal ; un monde lunaire chaotique sans dieu, ni idéologies, sans finalité ; et débarrassé de l’avant, de l’après et des sphères célestes, l’homme est invité à aimer ce qui est PRESENT ( l’amor Fati ) dans une légèreté absolue, dans une déculpabilisation totale ; mais faudra-t-il que Nietzsche nous explique comment il est possible de vivre dans l’amor Fati après le drame de la shoah ou les nombreux crimes contre l’humanité que le 20° siècle a connu ; cet amour de ce monde, tel qu’il est dans sa dimension tragique, vire à la perversion, l’obscénité ou tout au moins à la collaboration avec les forces les plus primaires de l’homme.
A mon humble avis, il ne faut pas utiliser la raison, la rationalité pour analyser l’oeuvre de Nietzsche, d’autant que lui-même en était un pourfendeur ;
Ses écrits, il faut les juger, dans leur dimension esthétique, au même titre qu’une œuvre artistique par les émotions, l’ivresse ténébreuse qu’elles procurent ;
La consommation ne devra se faire cependant qu’avec modération et discernement sous peine de dérive dionysiaque ;
Certes Nietzsche n’est pas un précurseur du nazisme, même si ses idées ont été détournées de leur sens à des fins idéologiques ;
Comme on le rencontre chez beaucoup de philosophes grecs, le Nietzschéisme va dans le sens d’un élitisme culturel, d’une aristocratie intellectuelle ;
Il va dans le sens d’un eugénisme social, il dénie aux masses, au peuple les capacités intellectuelles à décider dans l’intérêt de la collectivité ; il rejette l’égalitarisme et la démocratie comme des idéologies du troupeau ( hostilité au suffrage universel ) ; il est également favorable à l’esclavage et pense même qu’il constitue une condition indispensable à la survie de la civilisation européenne ; il prône la séparation des races dites « hétérogènes » ; profondément européen, il propose la séparation raciale éventuellement par l’émigration ( il se sent menacé par les « barbares » dont les représentants sont les chinois ). Il est pour l’unité européenne économique qui pourra laisser la place à une aristocratie intellectuelle et artistique, passée la phase de grégarisme initial.
Il semble donc exister un glissement du nationalisme allemand vers un européisme aristocratique.
Cette philosophie, enracinée dans le terrestre et le présent évoque étonnamment les valeurs stoïciennes, mais s’en affranchie cependant par l’abolition de la transcendance du cosmos ; le monde n’est ni beau, ni harmonieux ; une nouvelle valeur dite universelle est alors proposée : la volonté de puissance ; l’apologie du fort, de l’artiste, du créatif devient une articulation maîtresse qui justifie la violence entre les hommes et la domination d’une partie de la société sur une autre ;
L’eugénisme Nietzschéen se distingue clairement du darwinisme social dans le sens où le monde n’est animé d’aucun finalisme et la sélection naturelle est même inversée ; la nature est cruelle avec les êtres supérieurs qu’il convient de protéger du ressentiment des faibles ;
On arrive donc à un paradoxe où les forts, dits actifs, sont désignés comme des êtres vulnérables, menacés par l’agressivité polymorphe des faibles dits réactifs.
Deux mille ans de philosophie, « d’amour de la sagesse » ont tenté d’inverser le cours Darwinien des choses ; la protection des faibles, des malades, des opprimés pour atténuer la cruauté naturelle de ce monde ; la ségrégation dite positive a permis, dans une certaine mesure, de donner de l’espoir à une partie de la population vouée à la souffrance et à l’exclusion ; Pour Nietzsche, L’altruiste serait « un égoïste caché, qui chercherait à échapper par son geste à lui-même » ; après tout qu’importe les mobiles de l’altruiste, si son acte est de nature à atténuer la souffrance et la cruauté ;
Par ailleurs les progrès de la communication jouent un rôle inestimable dans la propagation du patrimoine intellectuel et culturel de l’humanité en révélant des génies méconnus ; la compétence lumineuse de ces esprits hors normes, géniaux dits surhommes n’ont besoin d’aucune protection ; leur simple discours suffit à mettre en pleine lumière leur génie, même si dans certains cas, lorsque les idées sont trop révolutionnaires, quelques générations sont nécessaires à la prise de conscience (Galilée ) ;
La volonté de puissance pose le problème de la relation à autrui ; Nietzsche défend la volonté de puissance comme le primum movens ; la volonté de puissance requiert autrui , en ce qu’il représente une force contraire que pour la dominer ; la puissance ne s’exprime que par rapport à une résistance, non pour l’annihiler mais pour se placer dans une certaine hiérarchie, dans une forme de podium ;
mais la dimension affective n’apparaît pas beaucoup dans ces théories ; cette volonté de puissance , n’est-elle pas l’envie de plaire, de séduire l’être aimé et sublimé , incarné pour cet orphelin de père, par Richard et Cosima Wagner comme substitut parental ; par extension tout être est un surhomme au regard de celui qui l’admire ; par ailleurs, les forces les plus dures à vaincre sont les forces intérieures, pleinement conscientes de la relativité de cette puissance au regard au moins de la finitude humaine.

la vie de NIETZSCHE

NIETZSCHE ( 1844 - 1858 )

15 10 1844

Naissance à Rocken en Prusse dans une famille luthérienne ;
Son père était pasteur ainsi que son Grand père et Arrière grand père maternel ;
Son père fut un protégé de la famille royale de Prusse Frédérique Guillaume IV
D’où le prénom de Nietzsche ;

1849
Le père de Nietzche meurt à 36 ans après une chute, N a alors 5 ans ; quelques mois plus tard, son frère meurt également ;
Sa mère quitte alors Rocken pour NAUMBURG, ; ce départ est vécu comme un abandon du village natal ;
Il éprouve pour son père des sentiments de vénérations et inversement d’hostilité vis-à-vis de sa mère et de sa sœur ;
Il connaît une solitude intellectuelle. Dans ECCE HOMO, il évoque son père avec fierté, il a la conviction de faire partie d’une famille noble polonaise ( la famille NIETZKI )
A l’école de naumburg, il est perçu comme un enfant prodige ; grâce à une bourse du roi Frédérique Guillaume , Nietzche intègre l’école de PFORTA en Thuringe.

PFORTA 1858 1862

Ecole célèbre par sa tradition humaniste et luthérienne ;
Nietzsche manifeste un grand intérêt pour la musique et compose des œuvres pour Piano et pour Orchestre ;
En 1862 il prend contact avec l’œuvre de Wagner ;
A l’école de PFORTA, la discipline est monacale ; il existe par ailleurs peu de place pour les disciplines scientifiques ( maths, sciences expérimentales ).
A cette époque, un certain détachement à l’égard du christianisme commence à se manifester ; il souhaite abandonner la théologie pour la musique mais sa mère s’y oppose ; le doute commence à s’installer face aux problèmes religieux « qu’est-ce que l’humanité ? nous le savons à peine ; un degré dans un ensemble ; une période dans un devenir, une production arbitraire de Dieu ?
C’est l’époque où il éprouve ses premiers maux de tête et troubles visuels ;

BONN ( 1864 1865 )

Ayant obtenu son Bac, Nietzsche accompagné de son ami Paul DEUSSEN, s’inscrit à l’université de Bonn en théologie et en philologie ; mais très vite c’est en philologie qu’il se consacre confirmant sa rupture avec le christianisme ; il se sent isolé dans son milieu estudiantin où il est mis à l’écart ( il se bat en duel à l’épée avec un camarade qui lui laisse une cicatrice sur le nez ) ;
Son professeur latiniste RITSCHL auteur d’ouvrage sur PLAUTE lui offre un grand soutien ; en quête de vérité, Nietzsche rejette alors les modes matérialistes et démocratiques des idées ; « dans notre effort que recherchons nous ? le repos, le bonheur ? non rien que la vérité, toute effrayante et mauvaise qu’elle puisse être ( lettre à sa sœur ) ;

LEIPZIG 1865

Nietzsche s’inscrit à l’université de Leipzig pour suivre son professeur RITSCHL ;
Il se consacre alors à la philologie ; il s’intéresse à l’antiquité Greco Latine ; mais surtout aux textes de SCHOPPENHAUER ( le monde comme volonté et comme représentation ) et de Friedrich Albert LANGE ( l’histoire du matérialisme ) ;
Il est influencée de cette idée de Schopenhauer sur la Volonté ; la volonté n’est pas cette faculté intérieure de décision mais une force naturelle qui se manifeste partout depuis la pomme qui tombe de l’arbre jusqu’au déplacement des planètes ; c’est une force aveugle qui pousse tous les êtres vers des buts dont il ne perçoivent pas le sens car la Volonté ne veut rien d’autre que sa propre perpétuation ; l’homme devient un jouet inconscient de ce qui le meut, de ses désirs ou de ses instincts ; la volonté se manifeste, au plus bas degré de la nature, sous la forme de forces physiques ou chimiques puis au niveau de l’organique comme un élan vital, un instinct de conservations et sexuel ; la vie oscille telle un pendule entre la douleur et l’ennui ; le bonheur est inconscient, on ne se rend compte qu’après, lorsqu’il a disparu ; et le plaisir engendre l’ennui dès qu’il s’avise de durer ;
Nietzsche est séduit par le pessimisme de Schopenhauer selon lequel le fond de toute vie n’est que « souffrance »
Plus tard Nietzsche se détachera de Schopenhauer en affirmant que la volonté n’est pas aveugle et qu’elle poursuit des fins multiples : la conservation de soi, l’augmentation du sentiment de la vie et de la capacité de vivre, le gain de la force et de la puissance. Le monde est la volonté de puissance et rien en dehors de cela. Il rejette les conséquence de ce pessimisme : la nécessité de « nier de vouloir vivre » ; si la vérité de la vie est une vérité terrible et cruelle, nous devons au contraire, avoir la force, non seulement de la supporter, mais de l’aimer ;
Nietzsche lit également KANT et les néo-kantien (LANGE ) il en retient le scepticisme par rapport à métaphysique dont le support métaphysique semble dépassé.

Le Service Militaire 1867

Nietzsche fait son service militaire dans l’artillerie de campagne ;
Il s’adapte facilement à sa vie militaire mais il est blessé grièvement à la poitrine au cours d’un exercice de cavalerie.

BALE 1869

A 25 ans, Nietzsche est nommé professeur de philologie grecque à l’université de Bâle sur recommandation de son professeur RITSCH ; il enseignera la philologie et le grec jusqu’en 1879 ;
il prend la nationalité suisse ;
Nietzsche fit alors la connaissance de Richard Wagner 56 ans et de Cosima Wagner, fille de Liszt; Wagner était lui-même admirateur de Schopenhauer et de son pessimisme ;
Il fait alors partie des intimes du grand compositeur, Nietzsche est ébloui par cette musique qui lui semble être l’expression parfaite du « soubassement dionysiaque du monde. » ; il adhère à cette idée romantique de « musique totale » synthèse de poésie, de drame et de musique
Nietzsche est aussi ébloui par ce couple auquel il se consacre en n’écrivant et vivant que pour eux ; il rédige en 1871 « la naissance de la tragédie selon l’esprit de la musique » cette publication est un suicide pour sa carrière de philologue ; une vaste polémique s’installe violemment et WILAMOWITZ n’a aucun mal à donner le coup de grâce à ce livre et RITSCHL est consterné ; la réputation de Nietzsche est ruinée et ses cours sont désertés ; Nietzsche tombe amoureux de Wagner Cosima sans oser se déclarer.
En 1873, Nietzsche qui était suisse, se fait engagé volontaire comme infirmier et ambulancier pendant la guerre franco-allemande ; les atrocités le bouleversent
Et il tombe gravement malade ( diphtérie, dysenterie ) ; les migraines et les troubles oculaires s’aggravent ;
Peu à peu la relation avec Wagner va se détériorer à partir des années 1873 ; le wagnérisme exprime ce mélange de germanisme et d’antisémitisme à partir de l’inauguration officielle du festival de Bayreuth en 1876 ; lentement Nietzsche va se détacher de la pensée wagnérienne et publie entre 1873 et 1876 quatre considérations intempestives puis s’exprime par des aphorismes provocateurs et polémiques ;

La maladie de Nietzsche s’accentue et l’oblige à démissionner de l’université de BALE ; il obtient une maigre pension qui lui évite la misère ;

La PERIODE D’ERRANCE 1879 – 1888

A partir de 1879, Nietzsche connaît une période errante et de solitude ; l’activité intellectuelle de Nietzsche est tres riche ; il ne cesse d’ecrire ;
Il publie humain trop humain, Aurore en jan 1881 ;
Il fait de longs séjours à Sils Maria en Engadine ;
Il découvre l’œuvre de Spinoza, et montre son enchantement pour Carmen ( Bizet )
Le Gai savoir est écrit de 1881 à 1882 ; Les chants du Prince hors-la-loi composés en sicile
1883 Ainsi parlait ZaraThoustra est terminé « très précisément à l’heure sainte où Richard Wagner mourrait à Venise »
Lors d’une cure thermale, il fait la connaissance, de Lou Salomé, une russe de 21 ans qui fit craquer par la suite RIKE et Freud ;Il en fait la connaissance dans la basilique Saint-Pierre de Rome... et la demande en mariage le lendemain !Pendant un an, cependant, Nietzsche et Lou seront ensemble : il voyagera avec Paul Rée son ami qui était aussi amoureux d’elle, Elle admire son incomparable intelligence, sa noblesse de cœur. Mais il l'ennuie parfois et son sérieux lui fait peur. Finalement leur relation se dégrade jusqu’à la rupture ; Nietzsche mène alors une vie totalement solitaire ;
A partir de 1886 , le rythme de l’écriture s’accélère :
- Le gai savoir et Par delà le bien le mal- 1887 la généalogie de la morale- 1888 le cas Wagner, le crépuscule des idoles, Nietzsche contre Wagner, l’antéchrist et ecce homo.
LA FOLIE 1889-1900
Nietzsche a une crise plus forte que les autres ; alors qu’il croise un cheval se faire violemment fouetter par le cocher, il tombe en sanglot au cou du cheval ;
Il se fait alors interné à Bâle, reconnu incurable, puis confié à sa mère et de nouveau hospitalisé à Iena avec un diagnostic de Paralysie Générale d’origine syphilitique ; Nietzsche est alors dans un état catatonique et végétatif.
Sa sœur le soignera ensuite jusqu’à sa mort à Weimar le 25 août 1900.
Sa sœur Elisabeth organisa par la suite le culte de Nietzsche ; elle prit en main l’édition des œuvres de son frère ; elle associa les écrits avec le nationalisme allemand qui trouva son apogée avec la première guerre mondiale ( 400 000 exemplaire de Ainsi parlait Zarathoustra ont été vendus en 1917 ) ;
Elle s’est vengée de son frère en lui faisant passer pour un antisémite et un précurseur du nazisme.

L'oeuvre de Kant

I - La définition de la philosophie

contrairement aux philosophes grecs, stoïciens en particuliers, Kant a une démarche critique de la philosophie;
L'ouvrage de référence : La critique de la raison pure
Kant s'est efforcé de répondre aux 3 questions fondamentales dont se préoccupe la philosophie:
- que puis-je savoir ?
- que dois-je faire ?
- que m'est-il permis d'espérer ?
et une question supplémentaire qui découle des 3 premières :
- qu'est-ce que l'homme ?

Que puis-je savoir ?

Pour Kant, c'est la métaphysique qui répond à cette question;
La métaphysique prétend offrir une connaissance à priori, en dehors de l'expérience;
en se fondant sur la critique, la raison, Kant veut hisser la métaphysique à un niveau scientifique, au même titre que les mathématiques ou la physique;
Les bases de la métaphysique se distinguent du dogmatisme car fondées sur le criticisme, et se distinguent également de l'empirisme sceptique car fondée sur la contingence de sa base expérimentale;
le renversement critique : Kant tente de suggérer une révolution dans notre conception du savoir; Notre connaissance rationnelle ne doit pas se bâtir à partir de l'objet mais plutôt de la capacité de connaître du sujet; " il ne faut plus croire qu'on sait, mais savoir qu'on croit"
ce renversement critique est comparable à la "révolution copernicienne" ; toute l'antiquité a cru que la terre était au centre du monde " géocentrisme", Copernic opéra un décentrement en plaçant le soleil au centre du système ( Héliocentrisme );
l'objet doit être décentré au profit du sujet qui connaît avec ses facultés de raison, d'entendement et sa sensibilité;

Que dois-je faire ?

C'est la morale qui répond à cette question;
en fait cette partie a pour objet la philosophie pratique qui réunit la philosophie morale, la philosophie du droit et la philosophie politique;
la science se borne à décrire des phénomènes tandis la morale indique les actions qui doivent être faites;
morale et science sont indépendantes et complémentaires;
La morale introduit la notion de devoir sans attendre aucune autre récompense que la satisfaction du devoir accompli;
L'homme jouit d'une double appartenance : au monde sensible comme élément physique de la nature et au monde suprasensible par sa capacité de légiferer dans le domaine de la morale;
en tant qu'être raisonnable, il affirme sa liberté;
un distingo : obligation et nécessité : l'obligation d'ordre moral est distincte de la nécessité physique;
si la nécessité d'un phénomène peut être connue par la science, L'obligation reste une option déterminée que par nous même grâce à un postulat : La liberté;



Que puis-je espérer ?

L'espérance est du domaine de la religion;
il s'agit de déterminer ce que l'homme peut attendre d'une vie conduite dans le respect de la loi morale;
en principe, il n'est rien à attendre si ce n'est la satisfaction du devoir accompli et la fierté de nous juger comme des êtres libres et indépendants;

cependant la justification est d'ordre transcendentale; l'espoir émane de 2 postulats :
- l'existence de Dieu
- l'immortalité de l'âme
L'être humain ne peut réaliser parfaitement la vertu que s'il existe une perspective de progrès indéfini qui ne se conçoit que par l'immortalité de l'âme;
l'impératif du devoir conditionne la vertu laquelle conditionne à son tour le mérite d'être heureux; et cette intention morale vertueuse ne conduit au bonheur de l'humanité que si elle est conforme à une cause suprême transcendante : Dieu ; Dieu devient le lien nécessaire entre la vertu et le bonheur;

Qu'est-ce que l'homme ?

c'est la question la plus difficile à comprendre;
cette question relève de l'anthropologie (L’anthropologie est la connaissance, le discours rationnel que l’on peut tenir sur l’homme.)
la philosophie de la philosophie et la philosophie de l'homme sont indissociables; décrire l'homme conduit à montrer pourquoi et comment il y a philosophie;
l'homme tend naturellement à se rapprocher de ce qui le dépasse; cette recherche de la " culture " confère à l'homme toute sa dignité et le rend digne de respect;
la philosophie kantienne est une anthropologie;
selon Kant l'homme est déterminé non par l'instinct mais par la raison ( contrairement à l'animal ); l'éducation doit prévenir une possible rechute vers un état brut; notamment du début de la vie;
l'éducation a pour mission d'éclairer; d'amener l'enfant à penser; elle produit une "domestication de la sauvagerie", une instruction (acquisition de l'habileté ) et une acquisition de la culture;
un fait distinctif de l'animal est une histoire humaine, une téléologie; au cours dl'histoire, apparaît un perfectionnement de l'être humain par le biais de la transmission de l'acquis de génération en génération; la nature accomplit un plan caché;
La nature humaine est animée par une contradiction motrice: l'homme aspire à la société et pourtant s'y oppose; c'est l" 'insociable sociabilité"
il existe un conflit entre
- des forces attractives " l'homme a une inclination à s'associer, parce que dans un tel état li se sent plus qu'homme, c'est à dire qu'il sent le développement de ses dispositions naturelles"
l'éducation a rendu l'homme civilisé donc sociable
- des forces répulsives " il trouve en même temps en lui-même l'insociabilité qui fait qu'il veut tout régler à sa guise et il s'attend surtout à provoquer une opposition des autres"
l'insociabilité est liée au fait que l'on privilégie ses intérêts propres au détriment des intérêts de tous; l'égoïsme entraîne un repli sur soi;
la sociabilité est une notion mobile et évolutive par le biais de l'éducation;


LA THEORIE DE LA CONNAISSANCE


LA CRITIQUE DE LA RAISON

Kant s’interroge sur la légitimité de la raison afin de dépasser le scepticisme grec ou le dogmatisme rationnel ; il va définir le champ de validité de la raison : son usage légitime, son étendue et ses limites ;
La critique porte sur la raison spéculative et la raison pratique , principe de nos actions ;

Les bases de la connaissance :

Kant essaie de répondre à 2 questions :
- qu'est-ce que connaître ?
- comment peut-on connaître ?

Kant veut déterminer ce qui fonde les jugements :
il distingue 2 types de jugement :
les jugements analytiques et les jugements synthétiques
- les jugements analytiques est descriptifs " un cercle est rond" il n'ajoute rien au concept sujet; ce jugement est indépendant de l'expérience; il est dit A PRIORI
la forme extrême en est la tautologie" un sou est un sou "; le jugement est rigoureux mais n'apporte rien
- les jugements synthétiques offrent une information déduite de l'expérience; ils sont dits A POSTERIORI; 7 + 5 = 12 est un jugement synthétique car 12 n'est compris ni dans 5 ni dans 7;
Kant aimerait définir une troisième catégorie de jugement que l'on nommerait synthétique à priori;
les mathématiques en sont une bonne illustration; 7+5=12 est à la fois synthétique et à priori
Kant tente de bâtir une critique de la raison à partir de ces jugements synthétiques à priori et ainsi de porter la métaphysique au rang de science;

Une connaissance synthétique à priori est fondée sur la nécessite et l'universalité; ces 2 notions étant inséparables;
7+5=12 est une vérité universelle constatable par n'importe quelle communauté raisonnable, et elle est universelle car il ne peut pas en être autrement;
L'opinion la croyance sont contingentes et limitée par la subjectivité de chacun;

Kant dégage 2 facultés de connaissance : la sensibilité et l'entendement

La sensibilité : est la capacité qu'a notre esprit de recevoir les représentations
( c'est la perception )

L’entendement ( intelligence ) c'est la faculté de penser l'objet; de donner une unité à priori;

Ces 2 notions sont solidaires et nécessaires : " des pensées sans matière sont vides, des intuitions sans concepts sont aveugles" aussi est-il tout aussi nécessaire de rendre sensibles les concepts que de rendre intelligibles les intuitions

Ces 2 facultés correspondent aux 2 parties de la théorie transcendantale :
L’esthétique transcendantale et la logique transcendantale
Les 2 notions sont traitées dans l’ouvrage « Critique de la raison pure »

CRITIQUE DE LA RAISON PURE 1781 - 1787

La raison pure : La raison est pure lorsqu’elle ne tire pas ses qualités de l’expérience sensible
C’est donc la faculté de connaître A PRIORI ; le but est de fonder la raison en SCIENCE en faisant la part de sa capacité de discernement, de réalisation ;
La Critique de la raison pure est divisée ainsi :

I - LA THEORIE TRANSCENDANTALE DES ELEMENTS : qui analyse les éléments constitutifs de la connaissance
Traite des 2 sources de la connaissance :
- ESTHETIQUE TRANSCENDANTALE qui traite de l’intuition (sensibilité)
- de l’espace
- du temps
- LOGIQUE TRANSENDANTALE qui traite de l’entendement
- analytique transcendantale traite des éléments de la connaissance pure de l’entendement (concepts et principes)
- dialectique transcendantale analyse les raisonnements dialectiques de la raison pure ; c’est une critique du pouvoir de connaître à priori

II - THEORIE TRANSCENDANTALE DE LA METHODE
Qui définit des règles de méthodes pour la raison ; il traite :
- discipline de la raison pure
- canon de la raison pure
- architectonique de la raison pure
- histoire de la raison pure

I - L'esthétique transcendantale

Kant essaie de définir les fondements objectifs de la connaissance en déterminant les principes
A PRIORI : ou transcendantale
Cette logique fait appel à 2 facultés : la sensibilité et l’entendement
Kant traite là des formes à priori de la sensibilité
La sensibilité s’exprime dans 2 cadres
- l’espace
- le temps
Une représentation de notre perception sensible ne peut se faire que dans l’espace
« l’espace est une représentation nécessaire, à priori, qui sert de fondement à toutes les intuitions externes . il est impossible de se représenter jamais qu’il n’y ait pas d’espace, quoiqu’on puisse bien concevoir qu’il n’y ait pas d’objet en lui. »
La géométrie détermine, à priori, les propriétés de l’espace d’où la possibilité d’une géométrie pure A PRIORI
Le temps permet une succession ordonnée de nos représentations
Espace et temps sont des conditions à notre intuition

DEFINITION : Les PHENOMENES différents des NOUMENES

Un PHENOMENE est un objet tel qu’il apparaît à l’expérience et s’oppose aux NOUMENE ou « choses en soi » c’est la chose telle qu’elle est, indépendante de tout point de vue et qui ne peut jamais être défini par la science ;
La chose en soi est la chose que nous pourrions pénétrer par intuition intellectuelle ( Dieu est une chose en soi ; une réalité possible mais impossible à connaître )
Donc les phénomènes sont perçus à travers l’espace et le temps indépendamment des objets eux-mêmes ;


II - La Logique transcendantale

Concerne l’entendement avec ses concepts
L’entendement concerne notre faculté de penser l’objet de l’intuition sensible afin de le connaître ;
Kant fait l’inventaire des jugements, puis définit des CATEGORIES
Il définit 12 catégories classés en 4 séries de 3 Jugements ; Kant a le goût des distinctions :


QUANTITE

UNIVERSEL
Tous les S sont P
unité

PARTICULIERS
QQ S sont P
pluralité

SINGULIERS
Un S est P
totalité


QUALITE

AFFIRMATIF
S est P
réalité

NEGATIF
SS n’est pas P
négation

INFINI
S est non P
Limitation



RELATION

CATEGORIQUE
SS est P
inhérence subsistance

HYPOTHETIQUES
Si …alors…
causalité dépendance

DISJONCTIF
Ou bien ou bien
Communauté


MODALITES

PROBLEMATIQUE
possibilité impossibilité

Assertorique (cela est )
existence ou non

APODICTIQUE
Cela est nécessaire
Nécessité contingence


Cette représentation analytique est issue d’Aristote ;
Cette liste ne contient pas tous les concepts de l’entendement mais les concepts souches ;
Kant laisse à ses successeurs le souci de l’exhaustivité ;
Les catégories sont de 2 types
Soit se rapport aux objets de l’intuition : quantité ou qualité, ce sont alors des catégories mathématiques
Soit elles concernent l’existence de ces objets, leur interrelation ou leur relation à l’entendement, ce sont alors des catégories dynamiques

L’usage empirique des catégories aux intuitions s’appelle déduction transcendantale

La Dialectique transcendantale

Kant montre les illusions dans lesquelles la raison tombe lorsqu’elle prétend établir une connaissance des noumènes ( DIEU La liberté, l’Ame etc ) grâce aux outils de l’entendement ( les catégories ) ;
La métaphysique prend de simples pensées pour de véritables connaissances alors que la connaissance n’est possible que si l’objet est donné dans une intuition sensible.

Kant relève les erreurs de la métaphysique classique :

- Le PARALOGISME ou raisonnement erroné : c’est une mise en relation illégitime du sujet et de la substance ; Kant critique le je pense de Descartes qui conclut à l’existence d’une substance ;
En fait il s’agit d’une intuition de l’âme par le sens interne alors que nous avons une vision du corps par le sens externe ; on ne peut attribuer au Je de je pense les qualités d’une fonction synthétique ; Kant distingue le je sujet substance et le je de l’aperception (prétendue substance de l’âme

- LES ANTINOMIES : ce sont des contradictions naturelles en inévitables liées à la nature de l’esprit humain ; les antinomies concernent la cosmologie rationnelle et sont au nombre de 4 :
§ Y a-t-il une origine du monde dans le temps et une limite du temps l’espace ? ( le monde a un commencement dans l’espace et dans le temps et il n’en a pas )
§ La substance est –elle ou non divisible à l’infini ? ( toute chose dans le monde est constituée de parties simples et n’est constituée de rien de simple )
§ Y a-t-il par delà le déterminisme naturel une causalité libre ? (A côté de la causalité existe aussi la liberté et tout arrive selon les lois de la nature )
§ Existe-il une cause première au monde ? ( il existe comme partie ou cause du monde un être nécessaire et il n’existe pas )
Dans tous les cas on peut aussi bien démontrer la thèse que l’antithèse.

- Les PARALOGISME DE LA THEOLOGIE RATIONNELLE

L’existence de Dieu a été démontrée abusivement par 3 types de preuves :

- La preuve ontologique : elle prétend tirer la preuve de l’existence de dieu de sa nature parfaite ; l’existence est une perfection ; l’existence devient donc un prédicat d’où l’erreur ; en fait la preuve ontologique pose en principe qu’il existe un être parfait et de plus pose le 2° principe de l’existence comme une perfection supplémentaire et l’inexistence comme un défaut ; d’où la déduction erronée ;

- La preuve Cosmologique : la base du raisonnement est que tout effet a une cause, si le monde existe c’est qu’une cause qu’on peut appeler dieu l’a créer ;
cette preuve cosmologique présuppose l’existence d’un effet Dieu sans cause extérieure.

- la preuve physico-théologique ou preuve téléologique : part de l’harmonie du monde pour en déduire l’existence d’un créateur suprême ; mais cette preuve part d’une idée mais non d’un fait. On peut évoquer l’idée d’un architecte du monde mais non d’un créateur.
L’existence d’un être suprême est tout aussi indémontrable qu’irréfutable ;

La métaphysique joue un rôle d’inventaire des connaissances que nous devons à la raison, en aucun cas, elle ne peut être assimilée à une science tant pour les phénomènes ou les noumènes ;



THEORIE TRANSCENDANTALE DE LA METHODE

2° partie, plus courte que la précente;
« J’entend par théorie transcendantale de la méthode, la détermination des conditions formelles d’un système complet de la raison pure »
Cette démarche comprend 3 étapes :

- une discipline de la raison pure ; Kant restreint l’usage de la Raison aux bornes étroites de sa légitimité ; à cet effet, Kant critique :
§ la méthode mathématique qui conduit au dogmatisme en s’appuyant sur des apparences de preuves
- l’usage polémique de la raison : nécessité d’une analyse critique et sans préjugés
- Le scepticisme : inadéquat pour la philosophie
- Les hypothèses et preuves en philosophie : les hypothèses ne valent que comme des "armes de guerre " et les preuves devraient avoir une valeur directe par référence à l’expérience possible
- Le CANON : qui énumère les règles de l’usage légitime ; il ne peut concerner que l’usage pratique e la raison ;
Ces règles pour l’usage légitime de la raison nous conduisent à supposer une vie future, l’existence de Dieu ( croyance subjective ) ; la conviction du sujet portée par la foi est alors une certitude morale ; « je devrais donc supprimer le savoir pour trouver une place à la foi ».

- L’ARCHITECTONIQUE de la raison pure : brève histoire de la raison pure en situant la place de la critique en son rapport à l’histoire de la métaphysique.




LA RAISON PRATIQUE

La critique de la raison pratique est un livre écrit en 1788 ; il fait suite à la critique de la raison pure ; on abandonne l’analyse de la raison dans son aspect spéculatif pour se limiter à l’usage pratique ;

Les principes :

1° - La supériorité du DEVOIR sur le BONHEUR

Kant va à contre courant des philosophies antiques qui plaçaient le bonheur comme une finalité du devoir ; on agit moralement pour être en harmonie avec la nature et par là acquérir un bien être relatif ;
Selon Kant, au contraire, Le DEVOIR moral est un but en soi, il n’a pas d’autres objet que lui-même ; je n’agis pas par devoir pour atteindre le bonheur mais parce que le devoir est une obligation qui se suffit à elle-même ;
Il y a 2 types d’action l’action faite par devoir et l’action faite uniquement conformément au devoir ;
Seule l’action faite par devoir est morale ; l’action par devoir ne doit pas entraîner un intérêt personnel ; tout dépend de l’intention de l’action, un commerçant qui n’escroque pas sa clientèle par devoir ( le devoir d’être un honnête homme) est moral ; par contre, si on considère qu’une attitude inverse aurait des conséquences fâcheuses, l’action est peut être conforme à la morale, mais elle n’est pas morale ;
Le simple fait de faire le bien par plaisir de faire le bien conduit à un acte non réellement moral ;
Le Devoir est donc la nécessité d’accomplir une action par le seul respect pour la loi morale


2° - LA VOLONTE BONNE – LA LIBERTE CONDITION DE LA LOI ET DE L’ACTE MORAL

La volonté bonne n’a rien à voir avec la bonne volonté ;
La volonté bonne est la volonté qui veut et qui agit pour le bien indépendamment de tout sentiment et de toute passion ;
Cette notion implique 2 conséquences :

1° - La moralité d’une action n’est pas liée au contenu de l’action mais sa forme.

Ce n’est pas l’effet de cette « volonté bonne » qui est morale, c’est cette volonté elle-même,
L’homme moral, en tant qu’être doué de Raison, est l’initiateur et l’animateur de ses actes indépendamment de toute contrainte extérieure ( passion, recherche du plaisir, fuite de la souffrance).
La raison doit s’exprimer selon un mode de volonté pure sans subordination au sensible ;
Cela implique l’existence d’un monde suprasensible qui ne peut être appréhendé que par une intuition appartenant au domaine du sensible ; d’où cette contradiction à l’origine d’une véritable ANTINOMIE

2° - La liberté ou capacité d’autodétermination

« La liberté dans le sens pratique est l’indépendance par rapport à la contrainte des penchants de la sensibilité
La notion de liberté permet l’idée de volonté pure c'est-à-dire une volonté déterminée par rien ;
Kant ne nie pas l’existence du déterminisme, mais pense que l’homme est capable de le dépasser par sa raison ;
- l’homme en tant que phénomène ( être sensible ) est déterminé (par les lois phénoménales)
- l’homme en tant qu’ayant la possibilité de penser ( nature intelligible ) comme noumène est capable d’être libre c'est-à-dire d’être lui-même à l’origine d’une chaîne causale.
Du point de vue de ses sensations et de sa faculté de perception, l’homme obéit à des lois de type phénoménales mais l’homme a le pouvoir de ne pas dépendre du sensible et d’affirmer sa liberté.

La définition de la liberté selon Kant :

la liberté transcendantale : le pouvoir d’être soi-même à l’origine d’une chaîne causale ;
C’est une IDEE c'est-à-dire un concept produit entièrement par la raison indépendamment de l’expérience. « c'est la faculté par laquelle l'individu peut disposer de lui-même et déterminer sa volonté en l'absence de toute contrainte physique, c'est-à-dire indépendamment de la causalité naturelle »
La question est que la liberté puiserait sa source dans la faculté d’obéir ou de désobéir à la loi morale ; dans un certain sens , Kant rejoint le sens religieux d’une liberté comme le pouvoir de choisir entre le bien et le mal ; ( rejoint aussi le sens donné par DESCARTES à la liberté ) ; mais la définition de la liberté est plus complexe ; elle serait paradoxalement en fait l’obéissance à la loi , à la raison pure ; la liberté est la volonté déterminée par la loi propre de la raison pure ; La liberté est subordonnée, non pas à l’ordre de ce qui est, l’ordre des choses mais à l’ordre de ce qui doit être ; « C’est paradoxalement dans la soumission à la loi morale qu’existe la liberté ; dans l’acte fait par devoir, le sujet découvre en lui-même, dans sa seule raison, le principe de son action, de sorte que volonté pure et liberté ne font qu’un ».

L’HETERONOMIE :
L’autonomie de la liberté transcendantale s’oppose à l’hétéronomie comme volonté déterminée par des mobiles sensibles ;
Dans l’hétéronomie, la faculté de désirer est soumise à l’objet qui fait sa loi, alors que par l’autonomie, la volonté impose sa loi à l’objet indépendamment son effet sur notre faculté d’éprouver du plaisir et de la peine ;
L’autonomie implique la moralité ; soit je suis libre, et dans ce cas je ne peux être mauvais, soit je ne le suis pas, mais dans ce cas je ne peux être immoral puisque je ne suis pas responsable du mal ; autonomie et mauvaise volonté sont antinomiques.
Cependant Kant dépasse cette dualité en affirmant que l’homme est libre jusque dans le mal qu’il fait en faisant appel à une nouvelle notion : le LIBRE ARBITRE ;
Comme l’autonomie, le libre arbitre se détermine indépendamment de la sensibilité , mais pas forcément en bien ; le sujet peut se fixer librement une maxime qui n’est pas en accord avec la loi morale ; et c’est ce qui rend punissable un crime et justifie le code pénal ;
L’hétéronomie consiste pour une volonté à se laisser déterminer par les objets ; or si les objets ne sont pas mauvais en soi, cette mauvaise volonté est liée au fait qu’elle est déterminée par une chose extérieure à soi-même ; contraire à la loi morale et l’universalité du devoir.
L’hétéronomie serait une anomalie du libre arbitre.

3 ° L’IMPERATIF CATEGORIQUE


Définition :

- Maxime : c’est un principe propre à un individu particulier
- LOI : principe universel propre à tout être raisonnable ;
- IMPERATIF : la loi est un principe nécessaire qui s’impose à tout le monde ex « ne mens pas »
- CATEGORIQUE : signifie absolu, indépendant des circonstances, contrairement à impératif hypothétique qui soumet l’acquisition d’un certain bien à des conditions extérieures « si tu veux conserver ton permis de conduire, respecte les limitations de vitesse. »
Là encore, ce qui est catégorique, ce n’est pas le contenu de la règle, mais l’intention pure qui en est à l’origine c'est-à-dire la volonté autonome ; Il ne faut donc pas regarder dans quel but (par exemple, le bonheur) est posé une action mais dans quelle intention.
Pour être morale, une maxime doit être universalisable ; elle devient alors une loi, un impératif catégorique ;

L’impératif catégorique
- L’impératif catégorique doit être respecté par tout être raisonnable en tant qu’être raisonnable alors que l’impératif hypothétique ne détermine l’action qu’en fonction d’une fin extérieur (ex: le bonheur, le plaisir)
- Les trois règles (impératif catégorique)
- Règle d’universalisation
- Règle de naturalisation (comme une loi de la nature)
- Principe pratique suprême (dignité)
La dignité est le fait qu’un homme existe en tant qu’être raisonnable, et permet la participation à un monde intelligible dépassant le monde sensible.

4° - COMMENT EST POSSIBLE LA CONSCIENCE DE LA LOI MORALE ?

Kant ne critique pas le progrès scientifique, ni les prétentions de la raison du siècle des lumières, mais pense que la conscience de la loi morale n’est pas propre à une aristocratie, mais inhérente à tout être raisonnable ;
Par la conscience de la loi morale, l’homme peut choisir librement selon l’impératif catégorique ou l’impératif hypothétique


5° - LE RESPECT POUR LA LOI MORALE - LE SOUVERAIN BIEN

L’intention qui anime l’individu à agir moralement est de l’ordre de l’intelligible, en abstraction de la nécessité naturelle ; Kant fait triompher la raison sans raison ; mais cependant avec une conséquence le bonheur de l’humanité ;
L’objet de la loi morale, bien que ne se déterminant que par elle-même, est le SOUVERAIN BIEN synthèse du bonheur et de la vertu.

LE BONHEUR :
Etymologiquement, le bonheur renvoie à la chance, la bonne fortune ; le bonheur est à notre portée si on est chanceux ; Or nous n’avons pas tous la même idée du bonheur, et la définition universelle en devient impossible ;
Cependant Kant définit le bonheur comme « la conscience qu’a l’homme de l’agrément de la vie »
Tous les hommes ont une idée du bonheur car tous les homme pensent que la vie pourrait être plaisante ; et ce plaisir, subjectif, est l’influence qu’exerce les objets sur notre sensibilité ;
Le bonheur revient au principe de l’amour de soi, tourné vers notre seul intérêt sensible.
Le devoir moral n’est pas conditionné par la recherche du bonheur, mais le bonheur a pour condition l’impératif catégorique : le devoir moral

LA VERTU est le mérite de se rendre digne de ce bonheur
Le bonheur sans la vertu ne serait que l’objet de mes inclinations sensibles
Par contre la vertu sans le bonheur serait le bien suprême qui ne peut jamais se réaliser chez l’homme en tant qu’être sensible.
D’où la notion de souverain bien, associant la vertu et le bonheur même si ce dernier est une expression d’un idéal de l’imagination, une fiction non conceptualisable en un idéal de la raison.

6° - LES POSTULATS DE LA RAISON PRATIQUE


- L’immortalité de l’âme
- L’existence de Dieu
L’homme ne peut réaliser la vertu que si on lui laisse la possibilité d’un progrès infini ;
D’où la notion de l’immortalité de l’âme, car seule une âme immortelle peut atteindre une perfection de la vertu.
Mais comme la vertu n’a pas pour conséquence nécessaire le bonheur, cela suppose une cause première suprême : dieu qui garantit l’adéquation du bonheur et de la vertu.
Un Dieu transcendant qui permet le souverain bien dans un monde intelligible.


LA THEORIE DU JUGEMENT

La philosophie esthétique est exposée dans la critique de la faculté de juger ;
C’est la 3° grande œuvre de KANT , publiée en 1790.
Le but n’est pas de dire pourquoi un objet est beau mais en quoi consiste un jugement de goût ;
Kant essaie de déterminer la manière de penser une émotion ;

I – Le jugement déterminant et le jugement réfléchissant

- le jugement déterminant par d’une connaissance universelle pour s’appliquer au particulier ; l’universel, bâtit en concepts et catégories, est donné par l’entendement.
- le jugement réfléchissant : est un jugement qui partant du particulier va vers l’universel
Par exemple : ceci est une anémone est un jugement déterminant car je pars du cas universel des anémones pour y inclure ce que j’observe ;
Dans le jugement déterminant, l’universel est connu, et donné avant le cas particulier ;
Inversement dans la situation où le particulier est donné avant l’universel, on est en présence d’un jugement réfléchissant.
Lorsque l’on porte le jugement c’est beau, cette appréciation paraît subjective ; valable que pour un individu sous l’effet d’un objet ; cela suppose une émotion, un bien-être, un confort transmis par cet objet ; face à cet objet, le spectateur ému attend un assentiment de l’autre, voire de tous les autres ; d’où l’idée de l’universalité de cette sensation et la définition du beau absolu ;
On part bien du particulier vers le général ( jugement réfléchissant ) ;

II – 2 jugements esthétiques : Le beau et le sublime

Esthétique : du grec aisthèsis signifiant « sensation », « perception ». Indéfinissable, insaisissable mais pourtant saisissante ;
2 sortes de jugements esthétiques : Le beau et le sublime.

1 - Le beau est défini par 5 caractéristiques

Le Beau est l’objet d’une satisfaction désintéressée ;
La satisfaction est désintéressée parce qu’elle ne nécessite pas l’existence de l’objet mais seulement sa représentation dans l’imagination ; ce n’est pas l’objet qui est rapporté mais la représentation de l’objet ;
En ce sens, il s’oppose au sentiment de l’agréable qui entraîne un plaisir sensible ; la dégustation d’un bon plat provoque une excitation de mes papilles à l’origine d’un plaisir ; la sensation requiert la présence de l’objet ; il s’oppose aussi au jugement du bien ; je peux éprouver une sensation de satisfaction à visiter un musée pour améliorer ma culture (d’où l’intérêt ).

Le Beau est ce qui plait universellement sans concept
Face à une œuvre belle, l’idée est que n’importe quel être sensible et raisonnable éprouverait une sensation analogue ; c’est beau ne veut pas dire « je trouve cet objet plaisant, mais cet objet est un objet qui plait à tout homme » ; on parle d’universalité subjective ;
Cela s’oppose à l’agréable , sentiment personnel, qui admet la pluralité des jugements ; il ne faut pas dire ce qui est beau pour moi ( NON SENS ) mais ce qui est agréable pour moi ;
Par ailleurs le beau n’est pas un concept car on ne peut prouver que l’objet est beau comme pour un théorème ; on ne peut non plus établir des règles du BEAU.

Le Beau représente une finalité sans fin
L’harmonie de l’objet beau n’est soumise à aucune fin extérieure à l’art ; c’est une finalité sans fin
Un objet a été produit dans un certain but sans qu’on sache de quel but il s’agit ; la beauté n’a pas d’autre fin qu’elle-même ;

Le Beau est reconnu sans concept comme l’objet d’une satisfaction nécessaire
Le beau doit plaire, on ne peut penser qu’il en irait autrement ( universalité ) ;
Cette nécessité est hors concept, il s’agit d’une nécessité subjective.

Le Beau est un jugement réfléchissant
On part du particulier vers l’universel.

2° LE SUBLIME s’oppose au beau

Si le beau est limité, fini, le sublime nous dépasse ; il est associé à l’idée de l’infini ;
L’océan, les montagnes, le désert éveillent un sentiment de sublime ; il donne une approche du supra sensible ; contrairement au beau, associé au plaisir, le sublime apporte du déplaisir lié à la prise de conscience de nos limites ;
Kant définit 2 types de sublime :
- le sublime mathématique avec l’idée de l’infini en grandeur ( les pyramides d’Egypte )
- le sublime dynamique ave l’idée de la puissance ( le tremblement de terre )

L’ANTHROPOLOGIE

Science de l’Homme
DEF : Etude générale de l’homme sous le rapport de sa nature individuelle eo de son existence collective ;

Relève de 3 courants :
1- La référence aux sciences naturelles : ANTHROPOLOGIE PHYSIQUE ou biologie humaine ;
l’angle d’étude est l’analyse des variations morphologiques et physiologiques de l’espèce humaine ainsi que la comparaison avec les autres éléments du règne animal ;
2- La référence aux sciences sociales ; étudie l’homme en société en particulier les mœurs, les cultures ; les sciences en cause sont la sociologie, l’ethnologie, l’histoire, l’archéologie
3- La référence philosophique ou anthropologie philosophique qui globalise l’ensemble des connaissances de l’homme en définissant qu’est-ce que l’homme ;

Pour Kant, la caractéristique de l’homme est d’être un animal raisonnable ; et cette faculté est permise par l’organisation singulière, anatomique de sa main ;
Par usage de sa propre raison, l’homme est capable de se libérer de sa « naturalié » et les 2 éléments fondamentaux de cette antinature sont :
- l’EDUCATION qui prévient le retour à l’état brut par l ‘enseignement de la discipline ( domestication de la sauvagerie ) l’instruction et la culture.
- L’HISTOIRE qui permet la transmission de l’acquis de génération en génération ;
L’anthropologie de Kant est pragmatique car elle étudie « ce que l’homme comme être agissant par liberté, fait ou peut et doit faire de lui-même »

Les 2 caractéristiques de l’espèces humaines sont

- L’homme n’est pas destiné à faire partie d’un troupeau comme un animal domestique mais d’une ruche comme les abeilles
- LA LIBERTE ET LA LOI sont les 2 pivots autour desquelles tourne la législation civile.

Kant définit l’oxymore « INSOCIABLE SOCIABILITE » ;
L’homme a une relation attractive et conflictuelle avec la société ; la répulsion est cette tendance à se séparer des autres en ne considérant que son intérêt propre avant les intérêts de tous. ( égoïsme ).
Les autres constituent une entrave à notre liberté, à notre pouvoir.

Inversement, il existe un penchant à se rapprocher du groupe ; En fait c’est la guerre ou la crainte qu’elle suscite qui va inciter les hommes à établir un pacte social garant de la paix ;
« j’entends ici par antagonisme l’insociable sociabilité des hommes c’est à dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublée par une répulsion générale à le faire, menaçant constamment de désagréger cette société. L’homme a un penchant à s’associer, car dans un tel état, il se sent plus qu’homme par le développement de ses dispositions naturelles .Mais il manifeste aussi une grande propension à se détacher, s’isoler, car il trouve en même temps en lui le caractère d’insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger dans son sens. »

Kant évoque l’image de la colombe qui imagine qu’elle volerait bien plus vite dans le vide ; mais elle ignore que sans l’air, elle ne volerait pas du tout ; ce que l’on ressent comme un obstacle ou une entrave à notre liberté est en fait une condition préalable à cette liberté.

LA LOI et LE DROIT

Ils sont une condition préalable à la liberté
Et la loi exige l’ETAT qui institue et garantit la liberté de chacun ;
D’où la notion de « contrat originaire », pacte par lequel un peuple se constitue comme peuple ; chaque individu abandonne sa liberté individuelle à l’autorité commune pour la retrouver comme liberté garantie par la loi ;
Cette société qui garantit l’état de droit est la REPUBLIQUE

Elle se définit par 3 points
- la liberté de ses membres
- l’égalité comme citoyen devant la législation
- la dépendance ( en qualité de sujets) envers une unique législation

La République s’oppose au despotisme « le despotisme est le principe selon lequel l’état met à exécution de son propre chef les lois qu’il a lui-même faites »
Le despotisme naît lorsque le législateur et l’exécutif sont confondus.
Les 3 formes d’état : L’autocratie ( pouvoir d’un seul le prince) , L’aristocratie ( pouvoir de quelques uns la noblesse ) et la démocratie ( pouvoir de tous : le peuple ) sont soumises à la dérive despotique ;
Kant est pour un système REPRESENTATIF du peuple, mis en place pour et au nom du peuple à l’abris des dérives populistes.

LE FEDERALISME
La solution qui s’impose entre particuliers s’impose également entre état ;
L’idée d’un état cosmopolite à l’échelle de l’univers relève de l’utopie ; mais le modèle de l’alliance sous la forme d’une FEDERATION d’ ETATS qui aurait pour objectif non de légiférer à la place des états qui darderaient leur souveraineté, mais à régler les relations entre les états par l’instauration d’un droit international qui veillerait à la paix ;
Cet institution pourrait est le précurseur de l’ONU ;


Tout se passe comme si l’insociable sociabilité était le moteur de l’histoire ; l’histoire humaine a pour dessein de construire l’état républicain et la confédération des nations ;
A l’échelle individuelle, il apparaît un perfectionnement de l’être humain au cours de l’histoire par le biais de la transmission de l’acquis à travers les générations ; c’est l’accomplissement du plan caché de la nature.

CONCLUSION


On peut définir Kant comme un scientifique de la philosophie ; il a établit les fondements de la pensée qui dominée alors par le scepticisme généré par le siècle des lumières ; la pensée religieuse perd de son influence au profit d’une philosophie rationaliste ;
Kant essaie de définir les pouvoirs et les limites de la raison ; son œuvre basée sur le criticisme est articulée surtout autour de 3 monuments rédigés successivement :
La critique de la raison pure ; la critique de la raison pratique ; la critique du jugement ;
Il entend provoquer une révolution à la manière de Copernic ; ce sont les objets qui règlent notre connaissance d’où la nécessité d’en avoir une connaissance à priori c’est à dire une connaissance qui ne dérive pas de l’expérience et dans laquelle nécessité et universalité sont impératifs. Il introduit le terme de transcendantal caractéristique d’une telle connaissance ;
Kant accorde une large place à la raison pratique, c’est à dire à la morale qui donne un sens à l’existence humaine ; il affirme l’existence d’une liberté humaine et d’une volonté pure ou bonne volonté ; il oppose l’action légale conforme au devoir de l’action morale accomplie par devoir ; le devoir libère l’homme de la détermination naturelle ;
Le respect de la loi morale n’a pas pour objectif le bonheur mais un souverain bien ;
L’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme permettent d’espérer que la conduite morale s’inscrit dans un vaste plan de la nature ; l’espoir est que tous les autres hommes finiront à agir de manière morale sans autre but que la morale ; le bonheur ne signifierait pas toujours le plaisir sensible ni la conviction d’une récompense supra sensible ;
Par opposition à la théologie traditionnelle, le principe divin n’est pas nécessaire à la cration ou au développement de l’univers d’où l’idée d’une morale athée
Le kantisme a donné naissance à l’idéalisme allemand ( Hegel ) qui s’est opposé sur les 2 critères de la détermination des limites et la détermination des dualités ( l’idéal et le réel, le devoir et le bonheur ) ; le romantisme a voulu retrouver l’unité de la matière et de l’esprit, du savoir et de l’action.
Le kantisme est remis à l’honneur par les philosophes allemands Hermann Cohen (1871 ) ou ERNST ou Charles Renouvier en France ;
Plus récemment Sartre s’en inspire dans la critique de la raison dialectique.

La vie de Kant ( 1724 - 1804 )


Emmanuel Kant naît en 1724 à Könisberg en Prusse ; il existe une unité de lieu de son existence sédentaire tournée presque exclusivement vers cette ville maritime .
Kant est issu d’un milieu modeste ( le père est maître sellier ) ; il reçoit une éducation piétiste, mouvement religieux austère qui essaya de rajeunir le luthéranisme protestant ;
Il perd sa mère à l’âge de 13 ans et son père à l’âge de 23 ans ; il est obligé alors d’interrompre ses études universitaires pour s’engager comme précepteur dans des familles nobles dans le village de Judsen, prés de GUMBINNEN ;
En 1755, il retourne à Könisberg, où il commence à enseigner en qualité de PRIVATDOZENT, enseignant payé par les étudiants ;

Après 15 ans, l’université le nomme d’abord sous bibliothécaire puis professeur titulaire de la chaire de logique et de métaphysique ; il écrit alors sa DISSERTATION SUR LA FORME ET LES PRINCIPES DU MONDE SENSIBLE ET DU MONDE INTELLIGIBLE ;

Malgré une publication jusque là intensive, Kant cesse de publier pendant 10 ans, le temps de rédiger une œuvre immense : LA CRITIQUE DE LA RAISON PURE, publiée en 1787 ;
Il y fait la synthèse de l’expérience et l’entendement dans les fondements de la connaissance ;
Il répond à la question « que puis-je savoir ? » « comment la métaphysique est possible entant que science ? »
En 1788, il publie LA CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE ; en effet si la raison est limitée dans domaine de la connaissance, elle a une grande portée dans le domaine pratique c’est à dire dans le domaine de la morale ; à propos de la raison, il répond à la question « que dois-je en faire ? » ; il définit la liberté comme une condition de la loi et de l’acte morale ; la liberté devient une cause sans cause, appartenant au domaine du monde intelligible, objet d’une croyance plus que d’une connaissance ; et l’impératif catégorique, c’est à dire un commandement moral ne trouvant sa légitimité que par lui-même, une nécessité rationnelle, naturelle et universelle.
En 1790, il publie LA CRITIQUE DE LA FACULTE DE JUGER ; il établit un lien entre la nature sensible et la liberté ; il réconcilie le déterminisme de la connaissance évoquée dans la critique de la raison pure et la liberté humaine , en tant que cause sans cause ( noumène ) évoquée dans la critique de la raison pratique ; cet ouvrage s’intéresse à la téléologie c’est à dire la finalité des systèmes dont l’harmonie pourrait faire intervenir une participation divine.

Kant restera professeur à la Faculté de Könisberg jusqu’en 1797, où il enseigna la philosophie, l’anthropologie, la géographie physique, voire les mathématiques. Il avait cependant interdiction de s’occuper de matières religieuses ;
C’est l’époque où on s’arrache la copie de ses cours oraux ;
Sa légendaire vie sédentaire est organisée comme par un métronome ; ses promenades, son travail et ses repas sont d’une rigoureuse régularité ; il recevait chaque jour de nombreux amis à dîner, amateurs de bon tabac et de bons vins.
En 1797 Kant, affaibli par une santé fragile, prend sa retraite et meurt en 1804. à l’âge de
80 ans.

LES ŒUVRES IMPORTANTES

- L’unique fondement possible d’une démonstration de l’existence de Dieu 1763
- Essai pour introduire en philosophie le concept de grandeur négative 1763
- Observations sur le sentiment du beau et du sublime 1764
- Critique de la Raison Pure 1781- 1787 2 éditions
- Prolégomènes à toute métaphysique future qui pourra se présenter comme science 1783
- Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique 1784
- Qu’est-ce que les lumières ? 1784
- Fondements de la métaphysique des mœurs 1785
- Critique de la raison pratique 1788
- Critique de la faculté de juger 1790
- La religion dans les limites de la simple raison 1793
- Projet de paix perpétuelle 1795
- Métaphysique des mœurs 1797
- Anthropologie du point de vue pragmatique 1798
- Traité de pédagogie ou réflexions sur l’éducation
( publication par son disciple RINK en 1803 )

LES STOICIENS

Friday, July 14, 2006

L'HOMME UN ANIMAL POLITIQUE 2

L’animalité politique de l’homme peut s’analyser dans 3 directions :

1° L’aspiration au bonheur de l’homme dans la société : l’homme animal social ou civique
2° L’aspiration au bonheur de l’homme dans son opposition aux autres humains individuellement ou collectivement
3° L’aspiration au bonheur dans la confrontation à soi-même et à ses frustrations


I – L’animal sociable

Selon Aristote, l’homme ne peut s’épanouir que dans la cité ; à moins d’être un dieu ou un monstre, l’homme a besoin des autres ; l’intégration à la vie collective est une garantie d’une bonne harmonie sans contradiction ni antagonisme ;
Le bonheur dans la cité ou bonheur collectif est privilégié par rapport au bonheur individuel ( les droits individuels de l’homme ) ; le bien de l’état prime sur le bien de l’individu ;
Dans la conception Aristotélicienne, la notion du bonheur social est assez limité dans son étendue puisqu’il s’agit en fait du bien-être d’un groupe social fait de citoyens libres et égaux à l’exclusion des femmes, des esclaves, des « métèques » (étrangers) ; cette société s’apparente étrangement à une oligarchie ;

En opposition à cette vision antique de sociabilité naturelle, des philosophes anglais comme THOMAS HOBBES (1588-1679) soutiennent la thèse opposée que l’homme n’a aucune prédisposition à la vie en société ; les hommes ne s’assemblant que par égoïsme ;
Marx considère l’individu isolé comme un concept ; l’être humain étant toujours membre d’un groupe et cette existence sociale détermine sa conscience.
En fait les aspirations humaines sont ambivalentes ; les hommes ont tendance naturellement à vivre en collectivité mais leur désir profond est de s’isoler ; par nécessité et par instinct de survie, par égoïsme, l’homme développe sa sociabilité ; c’est ce que E. Kant nomme « L’insociable sociabilité » ;
« Le moyen dont la nature se sert pour mener à bien le développement de toutes ses dispositions est leur antagonisme au sein de la Société,…, j’entends ici par antagonisme l’insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublée d’une répulsion générale à le faire, menaçant constamment de désagréger cette société »

Au-delà de ces visions, l’homme est-il un être sociable ?

La vie en société n’est pas propre à l’espèce humaine ; même dans le règne animal, les êtres vivent en collectivité avec des règles propres à l’espèce ; et l’isolement d’un individu conduit à sa disparition ;
Ce^pendant il existe une distiction entre les sociétés animales et humaines en ce sens où les comportement animaliers en société sont guidés par l’instinct ;
Par définition l’instinct c’est l’ensemble des réactions propre à une espèce, et qui pousse le sujet à exécuter des actes adaptés à un but dont il n’a pas conscience ;
Et ce comportement instinctif transmis génétiquement est immuable et statique.
Le comportement humain social, au contraire, est dynamique ; il est assujetti aux institutions qui sont constamment en évolution par le débat social et la sculpture de l’Histoire.
L’homme accepte des lois collectives et espère un avantage personnel en retour ; Il obéit à une discipline et ce comportement n’est acceptable n’est acceptable que si il s’applique également à tous les membres de la cité sans exception et particulièrement aux gouvernants qui doivent donner l’exemple ;

La société devient la garantie de la protection du plus faible ; elle rétablit une égalité des droits entre le riche et le pauvre, le fort et le faible, le jeune et le vieux, l’homme et la femme ainsi que la solidarité entre tous les membres de la société ;
Le principe de la vie en société a été défini par Rousseau dans le contrat social ;
Nous vivons ensembles parce que nous voulons vivre ensembles par le jeu d’intérêts réciproques ;
L’humanité, en tant que vertu d’humanisme, peut être à la fois le lien social et le but de la vie sociale ;

La politique va être le rempart à la situation naturelle de la loi de la jungle ( la loi du plus fort ) ; donc en devenant animal politique, l’homme s’oppose précisément à cette tendance naturelle de la loi du plus fort ;
Mais il existe un contre sens sur le mot naturel, pour Aristote, il s’agit de la finalité, « entéléchie », alors que dans « tendance naturelle » il s’agit d’une prédisposition spontanée , quasi génétique ;


La vie en société de l’homme ne devient un cadre admissible sans tension que un certains nombres de principes sont admis ; et ces principes consignés dans un pacte social qui va définir le code civil ou les institutions.

Ces principes sont essentiellement réunis dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ;
Certains poins paraissent importants pour être rappelés :

- « Les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements,….) »
Les politiques cherchent le bien-être des citoyens, les malheurs sont liés simplement à une ignorance ou un oubli des principes fondamentaux de ce pacte social ; l’Homme est bon par nature, mais un parfois un peu amnésique ou complètement ignorant.

- « cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs »
les droits sont naturels( vivre, être libre…), universels, et sont inaliénables ; et tout droit appelle en miroir des devoirs vis-à-vis d’autrui

- « Les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »
Cette notion exclut « le droit du plus fort » et inclut, contrairement à Aristote, toute la société humaine dans cette égalité ; l’homme devient un être sociable à la condition qu’il ne se sente pas victime d’injustice ; les mots de liberté et d’égalité restent des mots forts au point d’être énoncés comme valeur emblématique de la France ;
Le droit est l’élément fondamental qui va poser les bases de cette égalité et liberté ;
Et cette liberté est indissociable d’une loi du devoir qui garantit la liberté d’autrui ; cette notion de liberté d’autrui est primordiale, puisque paradoxalement, pour la faire respecter les institutions ont prévus tout un arsenal légal coercitif donc liberticide.

- « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément »
« La nation est un groupe humain, dont les membres sont liés par des affinités tenant à un ensemble d’éléments communs ethniques, sociaux
( langue, religion etc) et subjectifs ( traditions historiques, culturelles,etc ) dont la cohérence repose sur une aspiration à former ou à maintenir une communauté
» ( définition de altif.fr )
donc la nation est émanation d’une collectivité qui dispose d’un certains nombres d’éléments en communs et qui choisit de définir une autorité souveraine conçue comme transcendante et d’où émanent les droits et les devoirs des citoyens
Cette notion de nation est volontiers remplacée par la notion d’ETAT ;
C’est un pouvoir doté d’organes politiques et administratifs ainsi que d’un appareil répressif s’exerçant sur l’ensemble d’un peuple ou d’un territoire défini ;
La nation est plutôt définie comme une communauté naturelle ou historique sans structure juridique.
L’état est donc une institution juridique qui a pour vocation de dépasser les clivages claniques ou communautaires en imposant à la fois la paix, la sécurité, la justice, et de plus coordonne les liens de solidarité entre tous les citoyens.



L’APOLITISME

L’état démocratique est vraisemblablement né en Grèce dans la cité-état d’Athènes au V° siècle avant JC ;
Le mot vient du mot demos « peuple » et Kratos « puissance » ; c’est donc un régime politique où le peuple détient le pouvoir ;
L’état démocratique exprime la volonté du peuple et trouve sa légitimité par la participation collective au politique ;
La politique est selon Aristote le souci du « bien publique », une quête du bonheur commun ;
L’apolitisme est souvent associé à la notion de neutralité, le choix de ne pas prendre parti soit par souci d’impartialité, soit par peur de s’engager ou en fait le plus souvent par désintérêt de la politique ;


Ce mot « politique » a perdu de sa puissance méliorative et revêt un caractère négatif ;
La politique politicienne est une redondance doublement péjorative ;
Ce sentiment naît de l’impression qu’ont les citoyens que les hommes politiques ne se sentent pas concernés par les problèmes quotidiens des citoyens ; issus d’un milieu privilégier , ils seraient formatés selon le même moule inadapté de l’ENA ; le seul but serait le carriérisme ; Le langage n’est pas accessible et le discours est emprunté de « langue de bois » ; les réponses inadaptées aux soucis pécuniaires des concitoyens ( chômage, hausse des prix, logement ….) entraînent un désintérêt et un mépris qui s’aggravent à l’occasion de scandale financiers, mensonges et calculs politiciens machiavéliques où des alliances contre natures sont acceptées dans le souci d’une carrière personnelle ;
La réponse populaire devient alors simpliste : les politiciens sont considérés comme corrompus, d’autant que la révélation de la corruption politique est érigée en arme politique électorale.

La société attend de sa classe dirigeante une conduite exemplaire, désintéressée, mobilisée pour le bien de la cité.

La société, en se détournant du politique, devient une cible idéale pour les populistes de tout bord, ouvrant la porte au totalitarisme .
La citoyenneté politique suppose une participation effective à la vie collective avec la conviction que l’action engagée par chacun ait du sens ;

Conscients de ce fossé, de cette fracture qui les sépare de la classe dirigeante, les administrés éprouvent un sentiment de distanciation ;

A l’origine de cette distanciation, on retrouve en parties :

Le manque de crédibilité du politique :

Les politiques sont vendus comme des produits commerciaux ; comme pour n’importe quelle émission de variété, les relais audiovisuels du message politique imposent la loi implacable de l’audimat ;
L’émission politique doit satisfaire à une nécessité d’une bonne audience seule capable de faire vendre du Coca-cola ou des Adidas ; les professionnels de la communication mettent en valeur le produit politique comme un simple produit de consommation ;
A l’origine, la démocratie supposait un débat d’idée sur les différentes alternatives possibles ; cette confrontation des idées ne semble plus faire recette ; Il est préférable pour un homme politique, de se présenter à une émission de divertissement qu’à une émission politique animée par des animateurs professionnels diplômés de l’école de journalisme ;
La connivence entre un monde politique et un milieu journaliste laisse imaginer une mascarade de confrontation ;

La séduction politique repose actuellement d’avantage sur des critères de charisme, de mise en valeur des caractéristiques physiques et passionnelles,
Un envoûtement para verbal proche de l’AURA devient apte à capter l’électeur quel que soit son niveau intellectuel;
La séduction de l’auditeur se fait selon un processus animal, une domination de l’interlocuteur par un regard, un geste, une façon de se poser ;

La citoyenneté ne s’exprime qu’au moment des élections

Le discours politique s’hypertrophie au moment des élections jusqu’à l’overdose ; passées les élection, le citoyen devient l’esclave de celui qu’il a élu ;
L’expression populaire devrait pouvoir être consulté plus souvent, en particulier par le moyen du référendum ;

Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent

Les modèles politiques des différents partis de gouvernement ne sont pas fondamentalement différents ;

La citoyenneté européenne est une notion sans consistance

Enfin avec l’extension de l’EUROPE, l’impression est que la décision politique est prise dans des commissions européennes plutôt que dans les états respectifs ;
On retrouve cette notion que plus le pays est vaste, moins les hommes se sentent concernés par la décision politique ; les intérêts des européens de l’est et de l’ouest ne sont pas confondus ;
et à l’heure de la mondialisation, l’espoir d’un énorme marché commercial unique ne fait rêver que les grandes entreprises ;
alors, plutôt que d’unifier un territoire très vaste, il aurait été préférable de définir des points communs fédérateurs comme la notion de démocratie ou de liberté ;

La tendance naturelle de l’homme politique va être alors de perdre son sens civique ; manifester son abstention aux diverses consultations, ou exprimer un vote aberrant de défiance ;
Les valeurs mises en valeur seront le repli communautaire, les actions caritatives ou humanitaires ;