L’animalité politique de l’homme peut s’analyser dans 3 directions :
1° L’aspiration au bonheur de l’homme dans la société : l’homme animal social ou civique
2° L’aspiration au bonheur de l’homme dans son opposition aux autres humains individuellement ou collectivement
3° L’aspiration au bonheur dans la confrontation à soi-même et à ses frustrations
I – L’animal sociable
Selon Aristote, l’homme ne peut s’épanouir que dans la cité ; à moins d’être un dieu ou un monstre, l’homme a besoin des autres ; l’intégration à la vie collective est une garantie d’une bonne harmonie sans contradiction ni antagonisme ;
Le bonheur dans la cité ou bonheur collectif est privilégié par rapport au bonheur individuel ( les droits individuels de l’homme ) ; le bien de l’état prime sur le bien de l’individu ;
Dans la conception Aristotélicienne, la notion du bonheur social est assez limité dans son étendue puisqu’il s’agit en fait du bien-être d’un groupe social fait de citoyens libres et égaux à l’exclusion des femmes, des esclaves, des « métèques » (étrangers) ; cette société s’apparente étrangement à une oligarchie ;
En opposition à cette vision antique de sociabilité naturelle, des philosophes anglais comme THOMAS HOBBES (1588-1679) soutiennent la thèse opposée que l’homme n’a aucune prédisposition à la vie en société ; les hommes ne s’assemblant que par égoïsme ;
Marx considère l’individu isolé comme un concept ; l’être humain étant toujours membre d’un groupe et cette existence sociale détermine sa conscience.
En fait les aspirations humaines sont ambivalentes ; les hommes ont tendance naturellement à vivre en collectivité mais leur désir profond est de s’isoler ; par nécessité et par instinct de survie, par égoïsme, l’homme développe sa sociabilité ; c’est ce que E. Kant nomme « L’insociable sociabilité » ;
« Le moyen dont la nature se sert pour mener à bien le développement de toutes ses dispositions est leur antagonisme au sein de la Société,…, j’entends ici par antagonisme l’insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublée d’une répulsion générale à le faire, menaçant constamment de désagréger cette société »
Au-delà de ces visions, l’homme est-il un être sociable ?
La vie en société n’est pas propre à l’espèce humaine ; même dans le règne animal, les êtres vivent en collectivité avec des règles propres à l’espèce ; et l’isolement d’un individu conduit à sa disparition ;
Ce^pendant il existe une distiction entre les sociétés animales et humaines en ce sens où les comportement animaliers en société sont guidés par l’instinct ;
Par définition l’instinct c’est l’ensemble des réactions propre à une espèce, et qui pousse le sujet à exécuter des actes adaptés à un but dont il n’a pas conscience ;
Et ce comportement instinctif transmis génétiquement est immuable et statique.
Le comportement humain social, au contraire, est dynamique ; il est assujetti aux institutions qui sont constamment en évolution par le débat social et la sculpture de l’Histoire.
L’homme accepte des lois collectives et espère un avantage personnel en retour ; Il obéit à une discipline et ce comportement n’est acceptable n’est acceptable que si il s’applique également à tous les membres de la cité sans exception et particulièrement aux gouvernants qui doivent donner l’exemple ;
La société devient la garantie de la protection du plus faible ; elle rétablit une égalité des droits entre le riche et le pauvre, le fort et le faible, le jeune et le vieux, l’homme et la femme ainsi que la solidarité entre tous les membres de la société ;
Le principe de la vie en société a été défini par Rousseau dans le contrat social ;
Nous vivons ensembles parce que nous voulons vivre ensembles par le jeu d’intérêts réciproques ;
L’humanité, en tant que vertu d’humanisme, peut être à la fois le lien social et le but de la vie sociale ;
La politique va être le rempart à la situation naturelle de la loi de la jungle ( la loi du plus fort ) ; donc en devenant animal politique, l’homme s’oppose précisément à cette tendance naturelle de la loi du plus fort ;
Mais il existe un contre sens sur le mot naturel, pour Aristote, il s’agit de la finalité, « entéléchie », alors que dans « tendance naturelle » il s’agit d’une prédisposition spontanée , quasi génétique ;
La vie en société de l’homme ne devient un cadre admissible sans tension que un certains nombres de principes sont admis ; et ces principes consignés dans un pacte social qui va définir le code civil ou les institutions.
Ces principes sont essentiellement réunis dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ;
Certains poins paraissent importants pour être rappelés :
- « Les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements,….) »
Les politiques cherchent le bien-être des citoyens, les malheurs sont liés simplement à une ignorance ou un oubli des principes fondamentaux de ce pacte social ; l’Homme est bon par nature, mais un parfois un peu amnésique ou complètement ignorant.
- « cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs »
les droits sont naturels( vivre, être libre…), universels, et sont inaliénables ; et tout droit appelle en miroir des devoirs vis-à-vis d’autrui
- « Les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »
Cette notion exclut « le droit du plus fort » et inclut, contrairement à Aristote, toute la société humaine dans cette égalité ; l’homme devient un être sociable à la condition qu’il ne se sente pas victime d’injustice ; les mots de liberté et d’égalité restent des mots forts au point d’être énoncés comme valeur emblématique de la France ;
Le droit est l’élément fondamental qui va poser les bases de cette égalité et liberté ;
Et cette liberté est indissociable d’une loi du devoir qui garantit la liberté d’autrui ; cette notion de liberté d’autrui est primordiale, puisque paradoxalement, pour la faire respecter les institutions ont prévus tout un arsenal légal coercitif donc liberticide.
- « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément »
« La nation est un groupe humain, dont les membres sont liés par des affinités tenant à un ensemble d’éléments communs ethniques, sociaux
( langue, religion etc) et subjectifs ( traditions historiques, culturelles,etc ) dont la cohérence repose sur une aspiration à former ou à maintenir une communauté » ( définition de altif.fr )
donc la nation est émanation d’une collectivité qui dispose d’un certains nombres d’éléments en communs et qui choisit de définir une autorité souveraine conçue comme transcendante et d’où émanent les droits et les devoirs des citoyens
Cette notion de nation est volontiers remplacée par la notion d’ETAT ;
C’est un pouvoir doté d’organes politiques et administratifs ainsi que d’un appareil répressif s’exerçant sur l’ensemble d’un peuple ou d’un territoire défini ;
La nation est plutôt définie comme une communauté naturelle ou historique sans structure juridique.
L’état est donc une institution juridique qui a pour vocation de dépasser les clivages claniques ou communautaires en imposant à la fois la paix, la sécurité, la justice, et de plus coordonne les liens de solidarité entre tous les citoyens.
L’APOLITISME
L’état démocratique est vraisemblablement né en Grèce dans la cité-état d’Athènes au V° siècle avant JC ;
Le mot vient du mot demos « peuple » et Kratos « puissance » ; c’est donc un régime politique où le peuple détient le pouvoir ;
L’état démocratique exprime la volonté du peuple et trouve sa légitimité par la participation collective au politique ;
La politique est selon Aristote le souci du « bien publique », une quête du bonheur commun ;
L’apolitisme est souvent associé à la notion de neutralité, le choix de ne pas prendre parti soit par souci d’impartialité, soit par peur de s’engager ou en fait le plus souvent par désintérêt de la politique ;
Ce mot « politique » a perdu de sa puissance méliorative et revêt un caractère négatif ;
La politique politicienne est une redondance doublement péjorative ;
Ce sentiment naît de l’impression qu’ont les citoyens que les hommes politiques ne se sentent pas concernés par les problèmes quotidiens des citoyens ; issus d’un milieu privilégier , ils seraient formatés selon le même moule inadapté de l’ENA ; le seul but serait le carriérisme ; Le langage n’est pas accessible et le discours est emprunté de « langue de bois » ; les réponses inadaptées aux soucis pécuniaires des concitoyens ( chômage, hausse des prix, logement ….) entraînent un désintérêt et un mépris qui s’aggravent à l’occasion de scandale financiers, mensonges et calculs politiciens machiavéliques où des alliances contre natures sont acceptées dans le souci d’une carrière personnelle ;
La réponse populaire devient alors simpliste : les politiciens sont considérés comme corrompus, d’autant que la révélation de la corruption politique est érigée en arme politique électorale.
La société attend de sa classe dirigeante une conduite exemplaire, désintéressée, mobilisée pour le bien de la cité.
La société, en se détournant du politique, devient une cible idéale pour les populistes de tout bord, ouvrant la porte au totalitarisme .
La citoyenneté politique suppose une participation effective à la vie collective avec la conviction que l’action engagée par chacun ait du sens ;
Conscients de ce fossé, de cette fracture qui les sépare de la classe dirigeante, les administrés éprouvent un sentiment de distanciation ;
A l’origine de cette distanciation, on retrouve en parties :
Le manque de crédibilité du politique :
Les politiques sont vendus comme des produits commerciaux ; comme pour n’importe quelle émission de variété, les relais audiovisuels du message politique imposent la loi implacable de l’audimat ;
L’émission politique doit satisfaire à une nécessité d’une bonne audience seule capable de faire vendre du Coca-cola ou des Adidas ; les professionnels de la communication mettent en valeur le produit politique comme un simple produit de consommation ;
A l’origine, la démocratie supposait un débat d’idée sur les différentes alternatives possibles ; cette confrontation des idées ne semble plus faire recette ; Il est préférable pour un homme politique, de se présenter à une émission de divertissement qu’à une émission politique animée par des animateurs professionnels diplômés de l’école de journalisme ;
La connivence entre un monde politique et un milieu journaliste laisse imaginer une mascarade de confrontation ;
La séduction politique repose actuellement d’avantage sur des critères de charisme, de mise en valeur des caractéristiques physiques et passionnelles,
Un envoûtement para verbal proche de l’AURA devient apte à capter l’électeur quel que soit son niveau intellectuel;
La séduction de l’auditeur se fait selon un processus animal, une domination de l’interlocuteur par un regard, un geste, une façon de se poser ;
La citoyenneté ne s’exprime qu’au moment des élections
Le discours politique s’hypertrophie au moment des élections jusqu’à l’overdose ; passées les élection, le citoyen devient l’esclave de celui qu’il a élu ;
L’expression populaire devrait pouvoir être consulté plus souvent, en particulier par le moyen du référendum ;
Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent
Les modèles politiques des différents partis de gouvernement ne sont pas fondamentalement différents ;
La citoyenneté européenne est une notion sans consistance
Enfin avec l’extension de l’EUROPE, l’impression est que la décision politique est prise dans des commissions européennes plutôt que dans les états respectifs ;
On retrouve cette notion que plus le pays est vaste, moins les hommes se sentent concernés par la décision politique ; les intérêts des européens de l’est et de l’ouest ne sont pas confondus ;
et à l’heure de la mondialisation, l’espoir d’un énorme marché commercial unique ne fait rêver que les grandes entreprises ;
alors, plutôt que d’unifier un territoire très vaste, il aurait été préférable de définir des points communs fédérateurs comme la notion de démocratie ou de liberté ;
La tendance naturelle de l’homme politique va être alors de perdre son sens civique ; manifester son abstention aux diverses consultations, ou exprimer un vote aberrant de défiance ;
Les valeurs mises en valeur seront le repli communautaire, les actions caritatives ou humanitaires ;
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